Adrien Béal © V. Arbelet

Adrien Béal, maître d’orchestre d’une œuvre chorale

Après avoir joué au puzzle théâtral à l'automne dernier, Adrien Béal prépare au T2G sa prochaine création, Toute la vérité.

Après avoir joué au puzzle théâtral à l’automne dernier à la Tempête, Adrien Béal prépare sa prochaine création, Toute la vérité, une pièce qui questionne les normes et la morale au sein du noyau familiale. Comédien et metteur en scène, fondateur du Théâtre Déplié, il continue, avec sa troupe, à explorer l’âme humaine grâce à un travail collectif d’improvisation et d’expérimentation.

Les pièces manquantes (puzzle théâtral), une création collective. Cie Théâtre déplié
Mise en scène d'Adrien Béal © Matthieu Edet

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Un spectacle à l’école maternelle : L’arbre roux. Ensuite on a eu le livre chez nous, ce qui a sans doute aidé à entretenir et à fixer le souvenir.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Je n’ai pas le souvenir d’avoir pensé à l’idée de carrière. J’ai commencé à faire du théâtre vers 10 ans dans des ateliers de Match d’improvisation et c’est vite devenu important pour moi, et j’ai tout fait pour en faire le plus possible. C’est vite devenu un centre, et ça l’est resté. Mon envie d’étudier le théâtre, puis d’en faire un métier, était peut-être articulée à mon envie forte de me débarrasser de l’école. J’ai tout fait pour que le temps consacré au théâtre remplace petit à petit le temps consacré à l’école. Et j’ai fini par y arriver.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien – metteur en scène ? 
Sans doute plein de raisons, dont certaines que j’ignore, mais il y a en tout cas la question du regard. Ça me va cette place de celui qui regarde. 

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Mes premiers souvenirs sont les matchs d’improvisation vers 10/11 ans dans un hall d’école primaire dans les Yvelines, où j’habitais. C’était une salle polyvalente en forme d’amphithéâtre. J’ai le souvenir de beaucoup d’excitation. C’était pour moi le jeu parfait. J’ai tout de suite voulu y participer à nouveau, et j’ai fait ça pendant toute mon adolescence. Des ateliers de théâtre et des matchs d’improvisation dans ce hall d’école primaire, avec tout un groupe très étonnant et formidable.  

Toute la vérité – Création collective. Cie Théâtre déplié
Mise en scène d'Adrien Béal
T2G – Théâtre de Gennevilliers © martin Argyroglo

Votre plus grand coup de cœur scénique – une pièce, une équipe, une personne, plusieurs personnes ? 
Le Père tralalère du collectif D’Ores et déjà est un spectacle qui m’a vraiment marqué au moment où je l’ai vu, en 2007 à Alfortville. Je l’ai revu plusieurs fois ensuite. C’était fait par des gens d’à peu près mon âge, que je ne connaissais pas. C’est la première fois que j’ai été frappé par le travail de gens de ma génération, ça a beaucoup compté pour moi. Ils s’inventaient un endroit de travail, avec beaucoup de sérieux et d’intelligence, j’étais très admiratif, et en même temps pas écrasé. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Il y a trop de rencontres importantes. Si je choisis d’en nommer certaines, je vais en exclure d’autres. Je n’ai pas envie.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Mon métier m’oblige à sortir de moi. C’est pour l’exercice de mon métier que je suis obligé de lire certaines choses plusieurs fois, de travailler mon regard, d’aiguiser ma curiosité, de parler avec des gens que je ne connais pas, de mettre au clair mes idées, d’écrire, de me poser sincèrement des questions de justice, d’équité, de changer d’avis… Sinon je serais sans doute plus paresseux.  

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Souvent des formes artistiques qui suscitent chez moi une sensation en équilibre entre la familiarité et l’étrangeté. J’y trouve une place, mais ça m’échappe toujours un peu. 

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
J’aime me dire que la scène n’est pas du tout un endroit où tout est possible. C’est très limité, contraint, il y a un tas de choses qu’on n’a pas le droit d’y faire. C’est un espace qui a ses lois. Et ces lois sont évidentes pour tous les membres de l’assemblée théâtrale. Et tout l’enjeu est de savoir, à partir de toutes ces contraintes, ces attendus, ces tabous, ces limites matérielles, ce qui va se passer. 

Perdu connaissance du collectif Théâtre déplié. Mise en scène Adrien Béal
Théâtre de Gennevilliers © Vincent Arbelet

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Comme Michel Foucault, je préfère parler de plaisir que de désir, et en ce qui concerne le théâtre, pour moi ça a à voir beaucoup avec la tête, si on considère que c’est là que se logent pensées et émotions. 

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
J’aime beaucoup voir travailler des artistes d’autres disciplines. Il y a quelques années j’ai fait un spectacle avec seulement des musiciens, en l’occurrence des batteurs. J’ai adoré les voir travailler leur langage, parler entre eux, s’exercer. J’ai adoré les voir se rencontrer en jouant ensemble, j’aurais pu les écouter et les observer très longtemps. J’aimerais bien me retrouver à nouveau dans ce type de situation. 

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Ça me plairait de participer à un très grand exercice, ou laboratoire à plusieurs metteurs en scène, ou l’idée de faire une expérience prime sur l’idée de faire une œuvre, et où néanmoins, l’exigence est haute. 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Ce serait un puzzle de Pérec.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Les pièces manquantes (puzzle théâtral), une création collective. Cie Théâtre déplié
Mise en scène d’Adrien Béal

Théâtre de la Tempête

Toute la vérité – Création collective. Cie Théâtre déplié
Mise en scène d’Adrien Béal

T2G – Théâtre de Gennevilliers

Crédit photos © V. Arbelet, © Matthieu Edet, © Martin Argyroglo

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