Une Cérémonie du Raoul Collectif. une semaine d'Art en Avignon. © Christophe Raynaud de Lage

Une cérémonie, le joyeux et poétique bordel du Raoul Collectif

A Avignon, à la Semaine d’Art, le Raoul Collectif trinque à la santé de nos révoltes dans une pétillante et foutraque cérémonie.

A Avignon, à la Semaine d’Art, le Raoul Collectif trinque à la santé de nos révoltes. De toasts en chants patriotiques, de citations en relectures de classiques du théâtre, nos gais lurons venus de Bruxelles réveillent nos consciences endormies, allument un feu salvateur au fond de nos cœurs et célèbrent la vie, la joie d’être ensemble. Brillant !

Il y a des spectacles qui ont des saveurs particulières. Une Cérémonie du Raoul Collectif fait partie de cela. Dernière pièce vue à la Semaine d’Art en Avignon avant d’être à nouveau tous confinés, la bande de potes, qui se sont connus sur les bancs du conservatoire de Liège et qui devaient en novembre fouler joyeusement les planches du Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine et du Théâtre de la Bastille, questionne notre capacité à se révolter, à ne pas céder aux injonctions d’une certaine forme de totalitarisme de la pensée, à ne pas céder à la morosité ambiante, à voir la vie du bon côté. Avec un humour mordant, une belle autodérision, ils invitent un public conquis et chauffé à blanc à rejoindre leur bacchanale, leurs luttes contre des moulins à vent. 

Toats à gogo 
Une Cérémonie du Raoul Collectif. une semaine d'Art en Avignon. © Christophe Raynaud de Lage

Tout est prêt pour la fête. Sur la scène du théâtre Benoit XII, des chaises de jardin vertes ont été installées, ainsi que des instruments de musique, des verres, des bouteilles, ne manquent plus que les convives pour que commence cette détonante Cérémonie. C’est de l’arrière de la salle, du haut des gradins, que nos joyeux drilles débarquent. Costumes sombres, chemises bariolées, ils investissent le plateau, invectivent les spectateurs, puis l’un après l’autre, portent un toast à la vie, à la révolte, à tout et n’importe quoi. Décalant vers l’absurde leur propos, ils s’amusent pour ne pas sombrer dans la mélancolie, la neurasthénie.

Une sacrée bande

Romain DavidJérôme de FalloiseDavid MurgiaBenoît Piret et Jean-Baptiste Szézot, noyau dur du collectif, sévissent ensemble depuis plus de dix ans. Après leur première création, Signal du Promeneur, en 2012, ils cherchent leur inspiration dans des voyages, des randonnées, que ce soit au Mexique ou dans les Fagnes (région belge). Cette fois, c’est au Bénin, qu’ils sont allés nourrir leur dernière création, réfléchir à nos sociétés en perdition. S’emparant de l’actualité particulièrement décourageante et mortifère en cette période de crise économique, sociale et sanitaire, ils questionnent avec une douce ironie le monde, son inertie, son manque de détermination, de combativité. L’abattement n’étant pas leur fort, nos gaillards, tous épatants, décident de célébrer l’instant présent, celui qui permet encore d’être ensemble. 

Un bazar drôle et poétique

Dans un décor entre fête de village et songe onirique – un énorme ptérodactyle de métal surplombe la scène, une immense chouette silencieuse erre sur le plateau, un cheval fou rue dans les gradins – , les neuf artistes chantent, dansent, flirtent et s’affrontent. L’alcool – faux bien sûr – aidant, leurs esprits s’échauffent, leur rêve d’une société plus vibrante, moins docile, s’évapore quelque peu. Mais, et c’est leur force de clowns modernes, d’amuseurs, ils gardent un je-ne-ne-sais-quoi de l’enfance, un espoir fou que tout est encore possible. Dans leur univers foutraque, Antigone envoie balader Créon, le peuple se révolte et refuse la dictature du tyran. 

Brocardant les décisions de nos gouvernants et notre impossibilité, faute de courage, d’union à les remettre en cause, le Raoul Collectif convie les spectateurs a une dernière fête étourdissante et cocasse, une nouba d’enfer mélancolique et poétique qui sort de léthargie notre libre arbitre.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore -Envoyé spécial à Avignon

Une Cérémonie du Raoul Collectif. une semaine d'Art en Avignon. © Christophe Raynaud de Lage

Une cérémonie du Raoul Collectif
Semaine d’Art en Avignon – Festival d’Avignon
Théâtre Benoît XII
12 rue des teinturiers
84000 Avignon

Jusqu’au 29 octobre 2020
Durée 1h30

Tournée
Du 13 au 15 novembre 2020 au Théâtre Jean-Vilar – Vitry-sur-Seine – Annulé
Les 17 et 18 novembre à La Maison de la culture de Tournai – Annulé
Du 26 novembre au 19 décembre 2020 au Théâtre de la Bastille – Paris annulé jusqu’au 1er décembre 2020
Le 4 mars 2021 au Nebia – Bienne 
Le 9 mars 2021 au Théâtre Le Rayon vert – Saint-Valéry en Caux 
Les 18 et 19 mars 2021 au Théâtre de Châtillon
Du 24 au 27 mars 2021 au Théâtre de Namur 
Du 30 mars au 2 avril 2021 au Théâtre de la Croix Rousse – Lyon 
Le 8 avril 2021 au Manège – Maubeuge 
Les 14 et 16 avril 2021 au CDN d’Orléans 
Du 4 au 6 mai 2021 au Mars – Mons Arts de la Scène 

Mise en scène du Raoul collectif assisté de Rita Belova et Yaël Stenmann
Avec Julien Courroye, Romain David, Clément Demaria, Anne-Marie Loop, David Murgia, Jérôme de Falloise, Philippe Orivel, Benoît Piret, Jean-Baptiste Szézot
Lumière de Nicolas Marty, Philippe Orivel 
Scénographie de Juul Dekker 
Son de Julien Courroye, Benoît Pelé 
Coaching musical – Laurent Blondiau, Philippe Orivel 
Costumes de Natacha Belova 

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

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