© Christophe Raynaud de Lage

Prélude de Pan : Clara Hédouin dans la campagne de Giono

Deux ans après y avoir présenté Que ma joie demeure à l’aube, la metteuse en scène refait l’expérience in situ au Festival d’Avignon, en partenariat avec le Festival Villeneuve en Scène.
16 juillet 2025

Accueillant elle-même celles et ceux venus assister à sa proposition, Clara Hédouin veut s’assurer que chaque spectateur sait où il met les pieds. Son discours est rôdé : des textes de Jean Giono viendront se mêler aux paroles d’agriculteurs locaux, au cours d’une balade théâtrale en cinq étapes. Le concept de Prélude de Pan est bien jalonné, il reste peu de place à la découverte une fois cette introduction passée. Alors, dans le grand bruit des cigales qui poussent Loup Balthazar, Pierre Giafferi et Clara Mayer à forcer leurs voix, reste à voir comment les mots du romancier se mêlent aujourd’hui à ceux des travailleurs de la terre.

Un travail de terrain
© Christophe Raynaud de Lage

Dans les enceintes nomades qui accompagnent le parcours autour de la plaine de l’Abbaye de Villeneuve-lez-Avignon, les voix des éleveurs et cultivateurs font le constat d’un monde agricole à bout de souffle. Il y est question des terres dont la surface s’est réduite comme peau de chagrin en quelques dizaines d’années, faisant drastiquement baisser le nombre d’hommes et de femmes en activité. Face à une industrie agro-alimentaire contre laquelle ils ne peuvent pas lutter, leur foi en la nature et leur philosophie du terrain font ressortir une véritable poésie du réel.

Ces paroles, recueillies au plus près de chaque nouveau lieu de représentation, sont l’un des paramètres ajustables de Prélude de Pan. Dans le théâtre qu’elle développe déjà seule (Que ma joie demeure) ou aux côtés du Collectif 49701 (Les Trois Mousquetaires), Clara Hédouin accorde une place centrale à la notion d’adaptation. Dans sa démarche, la création doit se fondre dans le décor qu’elle investit, donnant alors un sens nouveau à chaque occurrence. C’est d’autant plus le cas à travers cette approche documentaire, qui veut faire écho à la plume de Giono à travers l’expérience concrète plutôt qu’avec son fantasme.

Faire le lien
© Christophe Raynaud de Lage

Dans sa nouvelle intitulée Prélude de Pan, l’auteur esquisse dans le chaos de la nature une pensée sensible envers les animaux et l’environnement. En replaçant cette narration au cœur des espaces ruraux, Clara Hédouin cherche ainsi à faire le lien entre les témoignages du présent et la poésie d’hier. La fiction aux accents fantastiques, dans laquelle une créature hybride humain-animal se pose en défenseur du vivant, peine toutefois à entrer en dialogue avec la réalité du terrain.

C’est une fois sortie des trois épisodes de la nouvelle, que la pièce revient effectivement au centre de son sujet initial. Délaissant la fiction éponyme pour des extraits de Que ma joie demeure, la metteuse en scène fait à nouveau entendre les voix des agriculteurs. Là, en miroir d’une paysannerie qui se cherche, une relation nettement plus pertinente s’établit avec le texte de Giono. Pour autant, si le fait de déplacer la dramaturgie en pleine campagne fait sens dans l’approche globale du projet, la théâtralité s’y perd au profit d’une tendance démonstratrice dans laquelle les mots se perdent.


Prélude de Pan d’après Jean Giono
Festival Villeneuve en ScèneFestival d’Avignon
Du 8 au 20 juillet 2025
Durée 2h
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Tournée
6 septembre 2025 au
Festival du Moulin de l’Hydre (Saint-Pierre-d’Entremont)

Avec Hatice Özer en alternance avec Loup Balthazar, Pierre Giafferi, Clara Mayer
Texte Jean Giono.
Adaptation Clara Hédouin, Romain de Becdelièvre
Mise en scène Clara Hédouin.
Régie son Jérémie Tison
Coordination technique André Neri
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