© Anne Dessertine
© Anne Dessertine

La Petite Soldate : danse avec le Diable

Avec audace et extravagance, Gaëlle Bourges revisite L’Histoire du soldat de Stravinsky dans une pièce jeune public qui interroge la place de l’art dans nos vies.

Le propre du conte est de se prêter à toutes les réinterprétations. Dans sa dernière pièce destinée au jeune public, créée dans le cadre de la 23e Biennale du Val-de-Marne, la chorégraphe Gaëlle Bourges a choisi de s’emparer de L’Histoire du soldat, composée par Igor Stravinsky en 1917 à partir d’un texte de l’écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz.

La petite soldate de Gaëlle Bourges © Danielle Voirin
© Danielle Voirin

Sa relecture est radicale : changement d’époque, féminisation des personnages. Elle décide de situer cette histoire de pacte avec le diable dans les années 1960, sur fond de guerre d’Algérie. Une soldate déserte et décide de rentrer chez elle. En chemin, elle croise une diablesse à qui elle accepte de céder son tourne-disque (un violon dans le texte originel) contre un livre qui lit l’avenir. Elle devient riche. Mais que vaut l’argent quand les personnes que l’on aime ne vous reconnaissent plus ? Et surtout, la vie vaut-elle d’être vécue quand la musique s’est tue ?

Gaëlle Bourges s’éloigne du mimodrame originel pour livrer une proposition pleine de trouvailles, où elle donne de sa personne et s’autorise toutes les fantaisies. Elle navigue entre son rôle de narratrice, puis future fiancée de l’héroïne principale, et celui de manipulatrice des poupées-marionnettes à taille humaine incarnant le diable et la soldate. Les réflexions sur la guerre, l’amour, la quête du bonheur, la relation à l’art émaillent cette création, déroutante par moments, mais ludique et jubilatoire. En costume blanc pattes d’eph et perruque noire, la chorégraphe se plaît à détourner les codes virils de La Fièvre du samedi soir. Cela peut sembler incongru, mais cela se révèle très efficace.

L’originalité de cette pièce réside aussi dans la présence de la langue des signes française. La chorégraphe partage le plateau avec une seconde narratrice, dont la présence offre des pistes complémentaires. En robe à sequins éblouissante, Lucie Lataste ressemble à ces fées des contes à la personnalité ambivalente. Personnage à part entière, elle permet une étonnante lecture parallèle de l’intrigue. Cette Petite Soldate a plus d’un tour dans sa musette.


La petite soldate de Gaëlle Bourges
Vu le 29 mars 2025 à Atelier de Paris / CDCN dans le cadre du festival Pulse avec la 23e Biennale de Danse du Val-de-Marne
Durée: 50 mn

Tournée
22 au 24 mai 2025 au Grand Bleu à Lille (59)
3 octobre 2025 au Théâtre Eurydice – ESAT, Plaisir (78)

Conception de Gaëlle Bourges
Assistante danse – Agnès Butet
Avec Gaëlle Bourges, Lucie Lataste, comédienne en Langue des Signes Française (LSF)
Récit en voix off – Gaëlle Bourges, d’après le texte de Charles-Ferdinand Ramuz
Accessoires et costumes – Gaëlle Bourges, Anne Dessertine
Poupées – Anne Dessertine
Lumière et régie lumière de Morgane Viroli
Musique d’Igor Stravinsky, The Bee Gees, KrYstian, Stéphane Monteiro aka XtroniK
Régisseuse générale T- atiana Carret
Régisseur son – Stéphane Monteiro

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