© Jeremy Kergoulay

Una Bestia, le rythme ou la vie

Dans ce concert en solo, le pianiste Romain Dubois excelle avec une partition qui semble repousser à chaque minute un peu plus les limites de son instrument. Jusqu’à créer une transe collective, dont lui-même ne sort pas indemne.
17 juillet 2025

Il s’avance dans le noir, grimaçant et grognant. Sa silhouette voûtée est éclairée d’une lumière inquiétante. On dirait une bête, Una Bestia. Lui, c’est le pianiste Romain Dubois. Ses compositions ont accompagné aussi bien les publicités de grandes enseignes que des spectacles de danse. Mais cette fois-ci, elles n’accompagnent que lui. L’homme-animal s’approche du piano et, ronronnant, esquisse quelques notes. Sur l’instrument, un miroir dans lequel se reflètent les lueurs d’une ville miniature. 

Un rituel envoûtant

Une drôle d’entrée, venue donner le « top départ » de cette composition incandescente, rapide et habitée comme une transe. Au début, ce ne sont que quelques notes qui se répètent. Puis, plus vite, la symphonie devient ritournelle. Avant de se répéter encore, avec des ajouts, des mains qui s’appuient plus fort sur les touches du piano, quelques modifications grâce à une machine… jusqu’à ce que l’instrument produise une même mélodie, si puissante et rapide qu’on la croirait sortie des basses d’une soirée techno.

Le rituel est mystérieux, envoûtant. Il ensorcelle jusqu’au musicien lui-même, qui s’échine et s’acharne sur le piano, s’agitant d’avant en arrière jusqu’à faire tomber le tabouret qui le soutenait et continuer à jouer debout. Expérience mystique ou concert, on ne sait plus bien. En tous cas, du grand spectacle.


Una Bestia de Romain Dubois
La ManufactureFestival Off Avignon
Du 11 au 15 juillet 2025

Piano, jeu et composition Romain Dubois
Création lumière Vincent Haffemayer
Création son Olivier Arnaud
Regard extérieur Olivier de Sagazan

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