© Raoul Gilbert

Quatre mains : La douce musique des souvenirs

Au Festival Off Avignon, Jean Boillot met en scène une histoire de trente ans dans la musique de Schubert, à découvrir aux espaces Mistral du 11 • Avignon.
23 juillet 2025

Trente ans après s’être vus pour la dernière fois, Aline et Élios se retrouvent autour du piano en libre service de la gare de Troyes. Ils ont tous deux répondu à l’appel de Jean, leur ami commun du conservatoire qui a souhaité les réunir. Lui n’est pas là. Cet instant, comme toute la mise en scène qu’il a orchestrée pour eux, leur est dédié. À eux, désormais, de s’emparer de ces retrouvailles. Autour de l’instrument, témoin de leur histoire, surgissent souvenirs, sentiments et regrets. Entre eux, en eux, il reste un goût d’inachevé, à l’image de la Fantaisie en fa mineur de Schubert à quatre mains, au bout de laquelle ils ne sont jamais arrivés.

Quatre mains sur un piano

Avec une scénographie épurée en tri-frontal, qui place au centre un piano comme élément essentiel à la dramaturgie, la mise en scène de Jean Boillot se joue dans une certaine intimité. L’espace, habité par Aline Le Berre et Élios Noël, est aussi celui de l’absence quand plus aucun des interprètes ne l’occupe. D’une scène à l’autre, Quatre mains recompose ainsi peu à peu un passé morcelé, incomplet, celui d’une rencontre à jamais laissée en suspens.

Ponctuée de la musique jouée en direct par les comédiens-pianistes, cette création est d’une belle sensibilité. La poésie des mots et des notes trouve notamment son écho dans la complicité et les regards qui s’échangent au plateau. Les souvenirs convoqués y sont sans amertume, révélateurs d’une belle tendresse autour d’un passé commun. Le texte ne passe pas pour autant sous silence l’intransigeance – la violence, parfois – de l’enseignement musical en conservatoire. Mais c’est bel et bien la relation entre Aline et Élios qui ressort en définitive, au terme d’une douce parenthèse musicale.


Quatre mains d’Alexandre Koutchevsky
11 • AvignonFestival Off Avignon
Du 7 au 24 juillet à 10h45 (relâche le vendredi)
Durée 1h35, trajet compris.

Texte : Alexandre Koutchevsky
Mise en scène : Jean Boillot
Assistanat : Stéphanie Schwartzbrod
Jeu et piano : Aline Le Berre et Elios Noël
Composition musicale : Franz Schubert
Lumières : Ivan Mathis
Régie générale : Perceval Sanchez

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