© Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Magec / the Desert : L’oasis halluciné de Radouan Mriziga

À Avignon dans le Cloître des Célestins, le chorégraphe bruxellois d'origine marocaine Radouan Mriziga égraine un geste artistique d'une grande poésie. Une transe collective qui mérite bien qu'on lui accorde sa propre temporalité.
9 juillet 2025

Si des bribes de culture amazighe y sont distillées, le désert du chorégraphe, formé à Marrakech, en Tunisie et à P.A.R.T.S à Bruxelles, est d’abord un espace négatif. Pas de son, pas de lumière, peu de mouvement. Dans ce grand dépouillement, le spectacle impose sa propre grammaire, et avec elle sa propre temporalité.

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Dans la pénombre, des silhouettes se dessinent. Solennelles, elles arpentent le Cloître des Célestins et observent un silence religieux. On peine à se figurer l’identité de ces figures encapuchonnées, arborant parfois des tambours pour couvre-chef, parfois de longs masques de tissu.

En surplomb, une lune sur laquelle se reflètent des images, des mirages. Ici, le nuage d’une explosion (qui rappelle les essais nucléaires que la France a menés dans le Sahara de 1960 à 1961). Là, ces mêmes costumes traditionnels, découpés à la manière d’un clip des années 1980 et projetés dans des cieux étoilés. Dans le désert de Radouan Mriziga, ce qu’on croit voir importe autant que ce qui nous apparaît clairement.

© Christophe Raynaud de Lage

Alors que la lumière qui parcourt les arches comme une rumeur, les corps sont habités, un à un, d’une urgence, une transe imprévisible. Des effluves d’encens se frayent un chemin dans le public. Peu à peu, nos respirations s’alignent sur celles de ces performeurs qui font doucement tomber le masque.

Au son des platines de Deena Abdelwaheb, l’emphase l’emporte sur la technique, comme si la fièvre s’emparait des corps. C’est quand le collectif entre en jeu que tout ce qui a été infusé prend sens. Des poèmes aux images qui défilent, des rythmes entraînants aux rituels solennels, le désert devient le carrefour inédit d’une multiplicité d’univers artistiques. Et dans un même élan, c’est la singularité de chaque danseur qui vient s’esquisser. Rarement un désert aura été aussi fécond.


Magec / the Desert, conception, chorégraphie et scénographie Radouan Mriziga
Cloître des CélestinsFestival Avignon
Du 7 au 12 juillet 2025
Durée 1h10.

Tournée
21 au 23 août 2025 à Tanz Im August / HAU2 (Berlin)
3 au 5 octobre 2025 à Dream City (Tunis)
9 et 10 octobre 2025 à Culturscapes (Bâle)
15 au 18 octobre 2025 au Festival d’Automne (Paris)
28 et 29 octobre 2025 au Théâtre de Vidy (Lausanne)
31 octobre 2025 à Kurtheater (Baden ) – À confirmer
27 et 28 novembre 2025 à la Sharjah Art Foundation (Charjah)

Avec Robin Haghi, Bilal El Had, Hichem Chebli, Feteh Khiari, Sofiane El Boukhari, Nathan Félix
Musique Deena Abdelwahed
Vidéo Senda Jebali
Costume Salah Barka
Assistannat costume Rim Abbes
Recherche Maïa Tellit Hawad
Texte Mahmoudan Hawad
Direction technique Zouheir Atbane 
Technique Dries Van de Velde
Production Emna Essoussi, Cees Vossen 

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