Pourquoi ne pas s’inspirer d’Hamlet pour aborder la résilience à travers l’histoire d’un jeune homme d’aujourd’hui en proie à ses tourments ? Avec H#mlet, la fin d’une enfance, Christophe Luthringer (Après Coup, Fausse note, Jeanne et Marguerite), signe une œuvre très personnelle et de toute beauté.
Le chagrin plus grand que soi
Hamm (Victor Duez) vient de perdre son père. À 19 ans, on n’est pas encore prêt à affronter la disparition. Mais sa mère a déjà remplacé son époux, deux mois après sa mort. Alors Hamm est en colère. Il s’enferme dans sa chambre. Ce royaume, où traînent encore les vestiges de son enfance heureuse, est devenu son refuge (le décor de David Teysseyre est impressionnant). Sa mère, derrière la porte, cherche à l’en faire sortir pour renouer le dialogue. Hamm s’y refuse tant que son ennemi juré sera dans la place encore chaude de son papa. Perdu, fou de douleur, la folie le guette. Le lien avec Shakespeare est clairement identifiable.
Une belle mise en abyme
Christophe Luthringer a trouvé une astuce pour relier des passages de la pièce à son histoire. Hamm monte avec ses amis du club théâtre pour la fête de fin d’année scolaire, la grande tragédie. Il en est même l’instigateur. Sa colère lui servant de matière, il va répéter son rôle, celui de prince du Danemark. Le metteur en scène met alors en place un processus de jeu théâtral magistral, avec marionnettes et théâtre d’objets. Le gamin se sert de ses vieux jouets pour lui donner la réplique. Dark Vador sera Claudius, la reine Gertrud, une poupée de Sesame street, Guildenstern et Rosencrantz, deux gardes blancs de La Guerre des étoiles. Pour Polonius et Laerte, la trouvaille marionnettique est très efficace. Quant à Ophélie et Horatio, ce sont ses camarades qui l’appellent en visio (Julie Beauquesne et Grégoire Roqueplo).
Une grande interprétation
Ce spectacle est un magnifique hommage au théâtre. Se concentrant sur le personnage d’Hamlet, les passages, très judicieusement choisis, accompagnent le processus de deuil de l’adolescent. Passant par toute une gamme de sentiments, donnant vie à tous les personnages, Victor Duez réalise une impressionnante performance d’acteur. C’est remarquable.
H#mlet, la fin d’une enfance, texte et mise en scène Christophe Luthringer, d’après Shakespeare
Théâtre Le Cabestan – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 18h05, relâche les 8 et 22 juillet
Durée 1h20.
Avec Victor Duez, voix Gwenda Guthwasser, vidéo Julia Beauquesne et Grégoire Roqueplo
Scénographie David Teysseyre
Lumière Jean-Charles Garcia
Création son Aldo Gilbert
Dessin Lucie Gautier
Marionnettes Laurence Kus
Vidéo Mathéo Vian.