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Jeanne et Marguerite de Valérie Perronet … histoire d’amour, histoire de femmes

En enchevêtrant les histoires d’amour de deux femmes à cent ans d’écart, Valérie Perronet signe une pièce délicate, émouvante, d’une rare intensité. Porté par le jeu tout en nuances de l’exquise et touchante Françoise Cadol, qui révèle avec véracité les sentiments et fait vibrer les mots, ce tourbillon déchainé et passionnel nous entraîne dans les méandres de la carte du tendre. Emporté par l’ivresse de ces deux cœurs enflammés, séduit par le sourire enjôleur de la comédienne, conquis par la sobre et élégante mise en scène de Christophe Luthringer, on se laisse porter avec légèreté par ce monologue simple et

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Jeanne et Marguerite, deux histoires épistolaires qui s’installe pour la durée du festival d’Avignon au théâtre Buffon

En enchevêtrant les histoires d’amour de deux femmes à cent ans d’écart, Valérie Perronet signe une pièce délicate, émouvante, d’une rare intensité. Porté par le jeu tout en nuances de l’exquise et touchante Françoise Cadol, qui révèle avec véracité les sentiments et fait vibrer les mots, ce tourbillon déchainé et passionnel nous entraîne dans les méandres de la carte du tendre. Emporté par l’ivresse de ces deux cœurs enflammés, séduit par le sourire enjôleur de la comédienne, conquis par la sobre et élégante mise en scène de Christophe Luthringer, on se laisse porter avec légèreté par ce monologue simple et charmant …

L’argument : Une comédienne. Deux histoires d’amour à cent ans d’écart. Celle de Jeanne qui rencontre un certain « James » sur Internet, une aventure qu’elle vit entre réalité et fantasme. Et celle de Marguerite, qui, en 1907, rencontre Eugène sur une plage. La première guerre mondiale bouleversera l’amour de Marguerite, et d’autres guerres, celui de Jeanne. Un mystère relie ces deux femmes. Une mémoire plus forte que la conscience.

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Françoise Cadol, bouleversante, incarne tour à tour Jeanne et Marguerite © Chrystel Chabert

La critique : la salle du théâtre Buffon est pleine à craquer. Les corps sont collés les uns aux autres. La chaleur devient écrasante, suffocante. L’air est chargé d’effluves diverses et variées, de parfums lourds. Dans cette ambiance pesante et caniculaire, le noir se fait. Derrière une toile transparente, une femme de noir vêtue trie des livres. C’est Jeanne (fabuleuse et lumineuse Françoise Cadol). La quarantaine flamboyante, elle écrit pour les autres. Cette nègre des temps modernes sublime les histoires banales de ses congénères. Epuisée par cette vie stérile et sans attrait, elle se plonge une dernière fois dans les souvenirs d’une autre.

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De Jeanne en Marguerite, Françoise Cadol illumine le théâtre Buffon d’un éclatante et chaleureuse lumière © Chrystel Chabert

Cette autre, c’est Marguerite, dite « Guitta ». Elle a 16 ans. Elle vit à Marseille. C’est l’été, on est en 1910. Dés le premier regard, elle tombe amoureuse d’Eugène, un garçon un peu plus âgé qu’elle. Il est beau, athlétique. Il va lui apprendre à nager. C’est le coup de foudre. Au delà des premiers émois de l’adolescence, c’est le début d’un amour fou, singulier et unique, d’une correspondance où la passion dévorante, ardente et enflammée, qui unit ses deux êtres, se dévoile lettre après lettre. C’est surtout l’histoire d’une femme qui se donne entière à celui qui a pris son cœur. Les mots sont simples. Le style de Valérie Perronet est direct. L’émotion est palpable. La voix envoûtante de Françoise Cadol leur donne vie. Saisi par la mélodie du phrasé, entraîné sur les rives de la passion amoureuse, on oublie vite l’incommodité du lieu porté par ce texte et le jeu bouleversant de cette fascinante comédienne.

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De lettre e lettre, l’amour de Marguerite se fait plus fort, plus prenant © Chrystel Chabert

En parallèle, on découvre une autre forme d’amour tout aussi profond et fort. Celui de Jeanne pour James, un amant inconnu rencontré sur internet. Secret, ce dernier reste dans l’ombre. Elle le reçoit toujours dans le noir le plus complet. Seuls leurs corps et leurs voix se connaissent et se reconnaissent. Cette relation clandestine, anonyme, intime brûle et consume. Elle instille un souffle de souffre dans le cœur de Jeanne.

Ce monologue à deux voix alterne ces deux histoires d’amour si proches, si similaires et pourtant si différentes. Celle des temps anciens surannée et désuète, celle actuelle moderne et débridée. Mais au fond c’est la même passion qui meut nos deux protagonistes qu’un habile jeu de lumières permet de distinguer. La sobre mise en scène de Christophe Luthringer vient souligner avec douceur les contours de ces deux femmes animées par les tourments de leurs cœurs. Sur scène, Françoise Cadol transcende ces deux personnages et les incarne avec intensité et une véracité troublante. Embarqué sur les routes de la carte du tendre, on est séduit par le charme de la comédienne, par la simplicité du texte et de la scénographie et par la magie de l’amour…

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La simplicité des mots, le jeu chaud et émouvant de Françoise Cadol donne vie à ses deux histoires d’amour © CHrystel Chabert

Festival d’Avignon OFF
Jeanne et Marguerite de Valérie Péronnet
Théâtre Buffon
18, rue Buffon
84000 Avignon
Jusqu’au 26 juillet 2015
tous les jours à 14h50
durée 1h10

adaptation : Françoise Cadol et Christophe Luthringer
mise en scène de Christophe Luthringer
avec Françoise Cadol et les voix d’Emmanuel Jacomy et de Rémi Bichet
son de Franck Gervais
lumières de Thierry Alexandre
costumes de Alice Touvet
musique de Gérald Elliott

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