Tirée à quatre épingles dans son tailleur très professionnel, Elsa Couvreur ose à peine fouler le plateau. Une chaise côté cour, un téléphone sur une table côté jardin, voilà tout ce qui lui servira à composer Après le bip sonore. Nul besoin de plus, puisque dans ce solo, la jeune femme se retrouve à dialoguer avec un répondeur automatique. À travers une écriture du geste, elle s’adonne alors à une chorégraphie de l’absurde qui pourrait faire écho à de nombreuses situations du quotidien. Participant à un entretien d’embauche ou toute autre forme de candidature dans notre monde moderne, elle glisse ainsi peu à peu d’un humour délicat à l’angoisse de l’anticipation.
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Le ton qui s’adresse à elle est monocorde. C’est le genre de voix robotique et sans nuances qui pullule dans notre société. En miroir, c’est sans exubérance qu’Elsa Couvreur s’exécute dans un premier temps. Suivant les consignes somme toute acceptables qui lui sont données, l’interprète reproduit un certain nombre de gestes simples. La situation est déjà cocasse. Et pour cause, si l’attente téléphonique est une chose connue de tous, lui donner vie de la sorte en fait immédiatement ressortir l’absurdité. C’est d’autant plus vrai que son visage, encore impassible, semble accepter avec résignation ce qui est en train de se produire.
Mais c’était sans compter sur le fait que le répondeur finirait par dérailler. Comme si elle prenait acte de l’obéissance inconditionnelle de son interlocutrice, la machine semble repousser à chaque instant les limites de ses requêtes. Après le bip sonore change de registre, tandis que le visage d’Elsa Couvreur se ferme et doute. Tout dans son interprétation est une question de mesure et de précision. Sans appuyer ses effets, elle provoque une empathie qui mènera, à terme, à une atmosphère bien plus sombre. À priori sans prétention, cette pièce aborde avec justesse et humour les dérives d’un monde déshumanisé sur fond d’injustices.
Après le bip sonore de et avec Elsa Couvreur
Théâtre du Train Bleu – Festival Off Avignon
Du 5 au 24 juillet 2025 (relâche le vendredi)
Durée 1h05
Lumières David Kretonic
Bande son Elsa Couvreur
