Tout commence par un souffle. Depuis les gradins qui plongent vers la mer, une voix s’élève, portée par le vent et les embruns. Silhouette blanche, presque irréelle, Walid Ben Salim descend lentement vers la scène et traverse un public silencieux. Il murmure les vers du poète palestinien Mahmoud Darwich, sans solennité, comme s’il les confiait à la mer, tels des messages en bouteille. Mélopées, chants d’exil, les poèmes s’envolent vers un horizon infini.
Le chant des corps
Sur scène, Agathe Di Piro, capeline sur la tête, entame une partition délicate qui épouse les pas, les souffles et les frémissements des chevaux. La musique épouse la rythmique organique du mouvement équin sans jamais la contraindre. L’écriture est au plus près du vivant, attentive, précise, magnétique.
Puis Camille entre à cheval. Vêtue de noir, en écho à la robe de sa monture, elle se détache sur fond de mer et de ciel. Sa posture est fluide, son équilibre souple et ondulant. Elle ne monte pas, elle partage l’élan, fait corps avec son destrier, un magnifique frison. À travers elle, le centaure surgit naturellement. Rien de spectaculaire, tout réside dans l’accord subtil des gestes.
Une poésie habitée, parfois expressionniste
Manolo la rejoint. Une relation prend forme, sans paroles. C’est une histoire de rapprochement, de tension, de fusion contrariée. Il n’y a pas de narration linéaire, mais des états à traverser. Entre chiens et loups raconte une possibilité d’être ensemble malgré les différences, les instincts contraires, les élans mêlés. Entre homme et femme, humain et animal, sauvage et apprivoisé.
La mise en scène, tout en épure — le ciel et la mer suffisent — laisse parfois affleurer une forme d’expressionnisme. Un geste ralenti, une posture appuyée, une émotion stylisée. Ce maniérisme s’inscrit dans une volonté de rendre sacré le profane, de dépasser ce qui pourrait sembler contre-nature. Il y a une sincérité du corps, un engagement total qui équilibre l’ensemble.
Des chevaux, des hommes, des centaures
Les quatre chevaux noirs — deux frisons, un lusitanien, un espagnol — traversent le plateau avec calme, délicatesse et noblesse. Ils dansent, imposent leur présence hypnotique. Ils sont de véritables partenaires de jeu et donnent au geste toute sa puissance. Un instant, la technologie paraît s’effacer pour laisser place à un partage brut entre l’homme, l’animal, le chant et la musique.
À la fin, deux centaures habitent la scène. Silhouettes presque oniriques, avalées par l’horizon. La mer et le ciel se confondent. Dans cette lumière de fin de jour, un instant, quelque chose fait monde.
Entre chiens et loups du Théâtre du Centaure
Création le 13 et 14 juin 2025 au Théâtre de la mer, avec le Théâtre Molière Sète, scène nationale archipel de Thau
Durée 1h
Tournée
7 au 19 juillet au Festival Villeneuve en Scène, Villeneuve-lez-Avignon
22 au 27 juillet 2025 à Equestria, Tarbes avec Le Parvis, scène nationale
25 au 27 septembre 2025 au Quartz, scène nationale de Brest
6 au 12 octobre 2025 àl’Espace Malraux, scène nationale de Chambéry
2 et 3 octobre 2025 à la Scène nationale d’Albi-Tarn
15 et 16 octobre 2025 à Château Rouge, scène conventionnée d’Annemasse
12 décembre 2025 au Domaine de Bayssan – Scène de Bayssan Hérault, Béziers
16 au 18 janvier 2026 au Cirque Théâtre d’Elbeuf, Pôle national Cirque Normandie
6 au 8 mars 2026 au Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire
Juin 2026 à La Baie du Mont Saint-Michel
Juin 2026 au Festival Oerol, Terschelling, Pays-Bas
8 au 11 juillet 2026 à l’Agora Boulazac, Pôle national Cirque
Septembre 2026 au Théâtre Antique d’Arles, Les Théâtres
Chorégraphies de Camille et Manolo
Composition musicale au piano d’ Agathe Di Piro
Chant et musique additionnelle de Walid Ben Selim
Sons organiques de Martin Dutasta
Création lumière de Bertrand Blayo
Costumes de Clarisse Guichard
Régisseur lumière – Bertrand Blayo
Régisseur général et son – Philippe Boinon
Assistant·e·s de scène : Romance Nicoletti, Stéphane Alleno
Avec deux centaures composés des quatre chevaux (Sombre, West, Indra, Sahadeva) et deux humains (Camille, Manolo)
Piano – Agathe Di Piro
Chant – Walid Ben Selim
