Minga de una casa en ruinas du Colectivo Cuerpo Sur © Thomas Lenden
© Thomas Lenden

« Minga de una casa en ruinas », la communauté en question

Dans le cadre de la première édition du Festival Paris Globe, le Paris-Villette accueille une performance documentaire portée à bout de bras par l'artiste chilienne Ébana Garín Coronel.

Dans un faisceau de lumière, une silhouette féminine se dessine. Elle transporte sur chariot des bouts de bois. Usés, ils sont tout ce qui reste d’une maison. Pas n’importe laquelle, celle d’un indigène de l’île de Chiloé. Plongeant dans les traditions des peuples nomades et îliens du centre du Chili, Ébana Garín Coronel, avec la complicité de Luis Guenel Soto, son binôme à la tête du Colectivo Cuerpo Sur, esquisse un portrait de ce pays fracturé par la dictature de Pinochet.

C’est l’histoire d’une maison bleue. Pas adossée à la colline, mais abandonnée en bord de mer. Elle est le stigmate d’une tradition qui tend à se perdre, celle des habitants natifs de l’île Chiloé. Selon cette coutume, lorsque l’un se marie ou change de lieu de vie, toute la communauté l’aide à transporter, par terre ou par mer, son foyer tout entier, tracté sur des rondins de bois. Cette maison-là a été laissée à l’abandon le jour où une ligne électrique a traversé le terrain de son propriétaire. Il y avait un choix à faire : déplacer une nouvelle fois sa maison ou la laisser à l’abandon, remplie d’objets du quotidien gardant la mémoire d’une vie passée. Mais la seconde option l’a emporté. Quand elle découvre cette ruine, le cœur d’Ébana Garín Coronel se serre. Refusant cette fin qui n’a pas de sens, elle décide d’en faire le personnage principal de son spectacle. 

En morceaux mais toujours porteuse de souvenirs, cette maison habite la scène. Les morceaux de bois qui la composaient font scénographie. Elle sert de fil conducteur pour tisser trois histoires humaines : celle du propriétaire, un brin fataliste, celle d’une femme condamnée à l’exil, et celle d’une famille de retour enfin chez elle après des années passées à l’étranger. Entremêlant les médiums (vidéo, théâtre, installation) et les formes, du docu-fiction à la performance, l’artiste habite l’espace avec une belle présence. Si, parfois, le récit se perd et le non-jeu déstabilise, Minga de una casa en ruinas, en relayant une part de l’histoire souvent tue des autochtones du Chili, invite à une réflexion singulière sur le foyer et la communauté.


Minga de una casa en ruinas du Colectivo Cuerpo Sur
Festival Paris-Globe
Théâtre Paris-Villette
211 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris

Les 25 et 26 mai 2024
Durée 50 min

Mise en scène et recherche d’Ébana Garín Coronel et Luis Guenel Soto
Dramaturgie et interprétation-  Ébana Garín Coronel
Conception intégrale – Ricardo Romero Pérez
Composition et conception sonore – Damián Noguera Illanes
Assistant – Nicolás Zapata

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