Max Fossati © Feral Errol
© Feral Erkol

Max Fossati sur les chemins de l’identité

Au KLAP – Maison pour la danse de Marseille, le danseur et chorégraphe présente son tout premier solo, une balade au cœur d’une inaccessible vallée, terreau de l’homme et de l’artiste qu’il est aujourd’hui.

Max Fossati : Tout simplement, quand j’étais enfant, des amies qui suivaient des cours de danse classique et de jazz et m’ont proposé de les rejoindre. Cela m’a plu. Je les ai donc suivies. Puis à l’adolescence, j’ai arrêté. À l’âge où tu te construis, où tu doutes, c’était compliqué de continuer. Mais à dix- sept ans, l’année du bac, quand la société te demande de choisir ton orientation professionnelle, l’envie de reprendre des cours et de diriger mes pas vers cette discipline m’a pris. Je me suis inscrit en danse contemporaine et en jazz. Je dirais aussi que c’était concomitant avec des choix personnels de vie, la découverte de mon homosexualité, du désir de liberté, de créativité. Il y avait en moi un bouillonnement d’idées, de sensations qui m’agitaient et utiliser mon corps pour les exprimer allait dans ce sens. 

Max Fossati : Il y a une petite dizaine d’années. En fait, j’ai laissé venir ce désir tranquillement, à son rythme. Je n’ai rien forcé. Disons que tout d’abord est né en moi l’envie d’intervenir plus largement dans le champ chorégraphique, de dépasser la place de l’interprète dont je sentais les limites. Au fur et à mesure de mes collaborations, ce désir s’est amplifié. J’ai commencé à prendre du temps pour moi, à aller en studio pour tester des choses, pour tenter un geste, pour en appréhender le sens, l’intérêt. Puis petit à petit, j’ai creusé des pistes, pris des temps plus longs de recherche. En 2018, je dirais que l’aventure a vraiment commencé. Et maintenant que mon premier projet a vu le jour, cela me donne envie déjà de continuer. 

Max Fossati : Tout comme mon désir de chorégraphier, il est en moi depuis longtemps, quasiment dès mes premiers essais de travail solo. Tout est parti de cette question assez fondamentale qui touche tout le monde, comment nous construisons nos identités ? C’était une nécessité dans mon parcours d’interprète d’être plus indépendant, plus autonome, de m’affranchir finalement des lignes que d’autres avaient tracées pour moi. Comme beaucoup de mes confrères et de mes consœurs qui sont passés par là, il y a ce besoin de réinterroger les fondamentaux, le pourquoi du comment. Et puis d’un point de vue plus personnel, il y avait l’envie de revisiter au plateau des questions liées à l’adolescence, au genre et à la quête de soi. Forcément, est venue rapidement la manière dont je me suis construit en tant que « pédé », quel a été mon cheminement. Tout cela est aussi lié à mon rapport à la musique. J’étais fan de Mylène Farmer, il y a donc une identification assez forte à une culture très queer, très gay. C’est aussi à cette période que mon grand-père paternel est décédé. C’était un personnage important de ma vie, il représentait la figure masculine. J’ai donc aussi ressenti le besoin de l’invoquer et de comprendre comment ma relation avec lui avait aussi joué dans l’homme et l’artiste que je suis aujourd’hui. 

Max Fossati : J’ai tout d’abord beaucoup exprimé mon émotion face au deuil par la parole, re-convoquant mon grand-père dans un dialogue fictif entre l’enfant et l’adulte, le vivant et le mort. Je me suis servi de tous ces matériaux pour esquisser une trame, nourrir mon écriture. Je voulais que cette charge émotionnelle, qui m’appartient, inonde mon processus créatif. En-tout-cas, je ne souhaitais pas quelque chose de trop net, de trop défini. Il y a dans la pièce un certain nombre de glissements d’un récit à l’autre, d’une émotion à l’autre. J’ai donc travaillé ce solo comme un champ en perpétuelle construction, à la manière d’un chantier que l’on traverse et qui se module à chaque représentation. 

Max Fossati : D’une lecture dont j’ai malheureusement perdu la référence. La seule chose dont je me souviens, c’est que cela parlait d’écologie sonore. En bref, je trouvais cela très beau, car cela évoque la notion de paysage, d’intimité, de secret. Il y a aussi dans ce titre comme l’idée d’une recherche ou d’une quête inassouvie, comme s’il y avait dans ma proposition encore des zones à explorer, des endroits qui resteront à jamais inexploités. C’est une sorte de voyage intérieur, où le rêve qui nous porte, les spectateurs et moi, reste à la lisière de terres inconnues. 

Max Fossati : oui, bien sûr, mais c’est très récent. La réflexion en est à ses balbutiements. Je ne sais pas encore trop l’axe que je souhaite prendre. Mais ce sera certainement un solo encore assez intime autour de l’écologie sonore et d’une situation particulière qui m’est très chère, le polyhandicap de mon frère. J’aimerais questionner le mouvement dans un corps entravé que ce soit physiquement, socialement ou humainement parlant. J’envisage la pièce cette fois-ci sans scénographie et sans texte. J’aimerais quelque chose d’extrêmement simple et d’excessivement sensible. 


Inaccessible vallée de Max Fossati
Création novembre 2023 à La Nef – Pantin

Tournée
Festival + de genres
KLAP – Maison pour la danse
Marseille
le 16 mars 2024
Durée 50 min environ

Conception et interprétation – Max Fossati
Accompagnement artistique – Claire Malchrowicz
Musique- Johann Loiseau
Lumières – Valérie Sigward
Costume et conseil en scénographie – Hélène Lauth

Compagnon d’écriture – Stéphane Servant
Recherche en scénographie – Yannick Hugron  
Regard extérieur – Eve Petermann

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com