Daniel Martin © DR, photo d'agence
© DR, photo d'agence

Daniel Martin, une vie au service du théâtre

Le monde théâtre est en deuil… Le comédien était un grand serviteur de l’art dramatique. Cet artisan magnifique, aux prestations remarquables, va beaucoup nous manquer.

La triste nouvelle est tombée hier soir, jeudi 7 mars, à l’heure de la sortie des théâtres. Cet instant qu’il aimait tant. Celui où après la représentation, on se pose, on devise, on rigole. Lorsque Christian Benedetti m’a annoncé la nouvelle, alors que je venais d’assister à sa mise en scène de Guerre, ma première réaction fut : Non ! Sur les réseaux sociaux, ses camarades de jeu, ses anciens élèves étaient tout aussi abasourdis. Il est encore difficile, ce matin, d’imaginer que l’on ne croisera plus Daniel Martin, cet homme admirable, au sourire lumineux, à l’éternelle jeunesse d’esprit, sur une scène comme dans la vie.

Cahin Caha © Pascal Gely
Cahin Caha © Pascal Gely

Formé au début des années 1970, à l’ENSATT, École nationale supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, puis au CNSAD, Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, le comédien sera vite remarqué pour ses qualités de jeu et son esprit de troupe. Le premier à l’engager est Antoine Vitez. Sa collaboration avec le grand metteur en scène a duré de 1978 à 1987. Il a ensuite joué sous la direction de nombreux metteurs en scène, dont Stuart Seide, Claude Regy, Jacques Lassalle, Bernard Sobel, Charles Tordjman, Jacques Nichet, Daniel Benoin, Michel Didym, Claire Lasne, Brigitte Jacque, Jean-Pierre Vincent, Claudia Staviski, Laurent Laffargue

L’artiste aimait les auteurs. Durant des années, il a promené sa silhouette et son talent, à la Mousson d’Été. Il n’hésitait pas à les défendre, ce qu’il fit avec David Clavel, avec L’heure bleue à Reims. Il aimait aussi suivre les plus jeunes dans leurs projets. Comme ce fut le cas avec Salomé Broussky pour qui il retrouva Claudel, dans Le Pain dur, aux Déchargeurs. Cette jeunesse à qui il apporta tout son savoir à La Générale, l’école du théâtre et de l’image à Montreuil. Un de ces anciens élèves, Alexis Tollombert, sur Facebook, lui rend un bel hommage et rappelle combien ses « mots et ses regards étaient tellement bienveillants ». Ces partenaires, comme Roland Timsit, louent tous, son talent et le bonheur de jouer avec lui. Il était toujours joyeux et à l’écoute.

À la manière de Perec, les je me souviens envahissent ma mère. Je ris encore en me rappelant ta prestation dans l’épatant spectacle de Frédéric Bélier-Garcia, Le mental de l’équipe. J’ai encore le cœur qui bat, en me rappelant combien tu avais été un père doux et tendre, dans Les femmes savantes de Molière, mis en scène par Marc Paquien. Que dire de l’impressionnant de Guiche que tu as incarné, dans Cyrano de Bergerac de Rostand, mis en scène par Dominique Pitoiset, avec Philippe Torreton dans le rôle-titre.

Daniel aimait rire. Il possédait un sens de l’humour très fin. Il aimait, entre autres, Desproges et Valetti. Tel un grand clown, il avait formé avec Jean-Claude Legay un duo impayable dans Cahin Caha de ce dernier. Un projet qu’il avait porté d’abord aux Déchargeurs puis à la Scala d’Avignon, l’été dernier. Comme pour toute la profession, il m’est impensable, d’imaginer que l’on ne va plus le croiser. Il avait encore tant de beaux rôles à jouer ! Daniel, toi qui nous avais habitués aux grands éclats de rire, aujourd’hui, tu nous fais verser des larmes de tristesse.


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