Nabila Mekkid © François Passerini
© François Passerini

Nabila Mekkid, bête de scène

Fan de Céline Dion au Théâtre 13 dans J'accuse [France] de Sébastien Bournac, la comédienne et chanteuse, ancienne candidate de The Voice, fait le show.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant? 
J’ai découvert le spectacle vivant tardivement, quand j’ai été prise au Conservatoire d’Art Dramatique de Toulouse. Les premiers spectacles dont je me souviens et qui m’ont particulièrement marquée à l’époque sont ceux de Pippo Delbono et de Rodrigo Garcia. Avec Pippo Delbono, j’ai découvert des interprètes fantastiques, inattendus, qui n’étaient pas nécessairement dans les normes sociales et physiques. Et puis, la beauté des images créées sur un plateau, toujours sublimées par la musique. Chez Rodrigo Garcia, c’est plutôt le texte qui m’a marqué, et le côté performatif, radical et politique du geste artistique. 

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Je pense que c’est quand j’ai découvert le travail de Howard Buten, lorsque j’avais 14 ans. C’est un artiste qui a plusieurs casquettes : auteur de romans, musicien, clown et psychologue spécialisé dans les troubles du spectre autistique. Il a beaucoup travaillé en troupe. J’ai trouvé génial toutes ces potentialités convergentes, ça a probablement été un déclencheur pour moi à ce moment-là. J’aime depuis toujours l’idée du décloisonnement, de la multiplicité des possibles artistiques, qui ouvrent la notion de partage et d’intersectionnalité. 

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne et chanteuse ? 
Je suis comédienne de formation et chanteuse musicienne autodidacte, j’ai depuis longtemps ressenti l’urgence d’exister à travers un plateau, de faire entendre ma voix. Me rendre visible à l’endroit où je me place, en tant que femme, lesbienne, racisée, c’est évidemment politique. Mais c’est aussi un espace intime, de liberté, d’affirmation de soi. Prendre et donner la voix, ouvrir des espaces de prise de conscience, d’écoute, de partage, c’est ce qui me donne du sens. Et toujours avec cette sensation d’urgence. 

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez- vous ? 
C’était en tant que musicienne. J’avais fait la bande originale du spectacle Le Mariage de Gombrovitch par le collectif Mind the gap.
Le souvenir que j’en garde, c’est le stress de chanter faux ou de louper un top. Et aussi, le plaisir d’accompagner en musique les acteur.rices, de sentir leur énergie et de m’y poser, j’ai aimé cette concentration, cette écoute. 

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Mes coups de coeurs sont l’artiste Rébecca Chaillon, notemment son spectacle Carte noire nommé désir, et le spectacle Cécile de Marion Duval avec Cécile Laporte. BRUT, RADICAL. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Mes plus belles rencontres ce sont les équipes qui constituent les projets dans lesquels je joue. J’ai eu la chance de développer des relations de confiance, des amitiés parfois, en tous cas de très beaux liens que se sont tissés avec les actrices, les metteureuses en scène, les équipes techniques dans tous le processus de création. Je n’ai pas envie de citer un nom en particulier, il y a eu beaucoup de « plus belles rencontres » ! 

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Mon métier me permet de trouver un espace hors temporalité, qui m’est nécessaire. Il me permet aussi un espace de libre expression de l’intime, qui m’est libérateur et qui transforme ma fragilité en énergie. 

Qu’est-ce qui vous inspire?
Actuellement, ce qui m’inspire c’est d’écouter le morceau Adrianne Lanker steam boat et de lire Abdellah Taïa, Vivre à ta lumière

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Musicalité, rythme, sonorité, respiration, interprétation… Pour moi, un texte se joue comme une chanson, c’est une partition dans laquelle je me dois d’être précise et libre à la fois, dans le même temps. 

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Gorge, coeur, poumon ! 

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
J’aimerais beaucoup travailler avec Rébecca Chaillon, Pippo Delbono et Christiane Jatahy. 

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Une scène improbable, sauvage, jouer avec des éléments naturels, par exemple dans les calanques, avec un coucher de soleil. Sinon, au Louvre ou autre grand musée, pour m’inscrire dans l’Histoire et dialoguer avec son épaisseur, ses échos, mêler ma voix à tout ça. 

    Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
    Une musique : Kosmic blues de Janis Joplin 
    Un film : Exil der Tony gatlif
    Un livre : Garçon manqué de Nina Bouraoui
 


    J’accuse [France] d’Annick Lefebvre
    création en Mars 2022 au théâtre Sorano à Toulouse
    Théâtre 13 / Bibliothèque
    30 rue du Chevaleret
    75013 Paris
    Du 10 au 20 janvier 2024
    Durée 2h

    Mise en scène de Sébastien BournacCie Tabula Rasa assisté Jean Massé
    Avec Astrid Bayiha, Agathe Molière, Julie Moulier, Jennie-Anne Walker et Clémentine Verdier

    Scénographie de Sébastien Bournac et Pascale Bongiovanni
    Régie générale – Loïc Célestin
    Création lumière de Pascale Bongiovanni
    Création sonore et régie son – Loïc Célestin
    Régie plateau et construction – Gilles Montaudié
    Création costumes – Elsa Bourdin

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