Faire fleurir de Nicolas Fayol © Collectif Hinterland

Nicolas Fayol s’élève à l’horizontale dans Faire fleurir

Pour la Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée, Nicolas Fayol présente "Faire fleurir" au CCN de Montpellier avec Montpellier Danse.

Dans le cadre de la Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée, Nicolas Fayol présente Faire fleurir au CCN de Montpellier, en partenariat avec Montpellier Danse. Dans ce solo, il se confronte à la contrainte de l’horizontalité, avec laquelle il compose un spectacle aussi sensible que puissant.

© Collectif Hinterland

Faire fleurir… Le titre sonne comme une promesse pleine d’optimisme, comme quelque chose qui n’aurait d’autre but que de grandir et s’épanouir, d’où que cette chose vienne et quoi qu’elle ait vécu jusqu’alors. En deux mots qu’il a savamment choisis pour nommer son spectacle, Nicolas Fayol nous plonge déjà dans un état d’esprit complexe. Faire fleurir, est-ce un souhait, un ordre, un désir, une obligation ? Peut-être est-ce tout à la fois. Et peut-être est-ce pour cette raison que, sur ce praticable noir, sous ce plafond de lumière à quelques dizaines de centimètres du sol, l’artiste nous embarque à travers bien des émotions qu’il est parfois difficile de lier les unes aux autres. Pourtant, dans cette disposition tri-frontale qui invite à l’intime, l’homme est bien seul à se confronter à la contrainte de l’horizontalité imposée par sa scénographie.

Le corps est seul, en tout cas – ou presque. Le danseur, lui, trouve sa place dans un objet artistique plus global et alimente ses mouvements de la musique et des lumières, mobiles comme lui, qui sculptent son espace autant que celui des spectateurs qui l’entourent. Immergé dans un cocon sonore panoramique, le public se prend aussi au jeu des ombres et des silhouettes qui détaillent en relief ce corps tantôt tendu, tantôt prostré, qui semble chercher une issue vers la verticalité. L’écriture de Nicolas Fayol n’est pas seulement de l’ordre du sensible, elle suit aussi une dynamique dramaturgique qui joue avec le ressenti. L’interprète et chorégraphe jongle avec les éléments à sa disposition – humain, minéral, technique – pour concevoir une forme hypnotique dont on s’imprègne nécessairement.

Faire fleurir de Nicolas Fayol © Collectif Hinterland
© Collectif Hinterland

Au-delà des émotions qui nous atteignent à la traversée de ce spectacle, Faire fleurir se lit aussi comme un livre de contes, plus ou moins heureux, à la portée variable. Le support musical de Mont Analogue aidant, le danseur nous emmène successivement dans des thématiques diverses qui, si elles ne se répondent pas toujours, contribuent à un récit composite qui trouve irrémédiablement son écho. Des premiers pas d’un être humain à sa confrontation à sa propre animalité, de l’anéantissement de son environnement à la reconstruction d’une certaine nature, le fil rouge se ramifie à mesure d’une quête de verticalité, quasi-dystopique, que l’on redoute autant qu’on l’espère. À force de découvertes, de tentatives, d’échecs et de recherches, l’interprète passe ainsi par la curiosité, l’ambition, la résignation ou le réconfort. Avec pour seul compagnon de route une pierre posée là qu’il chérit comme un ami, il dévoile le portrait abstrait d’un monde qui serait écrasé sous son propre poids, condamné à choisir entre la fuite et la lutte.

Au service de cette dramaturgie complexe, le corps de Nicolas Fayol est surprenant de puissance et d’équilibre. Dans les tableaux les plus apaisés, ses gestes les plus doux et imperceptibles prennent une ampleur considérable qui recentre l’attention sur l’essentiel : la matière. S’inspirant du breakdance dont il est issu, il écrit bel et bien son propre langage personnel, intime, sincère. Et bien que l’optimisme du titre reste finalement en suspens, Faire fleurir tient la promesse d’une parole artistique qui éclot avec un bel éclat.


Faire fleurir de Nicolas Fayol
Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée
Montpellier DanseICI-CCN Montpellier
Les 9 et 10 novembre 2023
Durée 45mn

Le 3 mai 2024 à La Genette Verte
Les 27 et 28 mai 2024 à la Scène nationale d’Albi
Le 30 mai 2024 au Théâtre dans les Vignes

Chorégraphie, interprétation – Nicolas Fayol
Création musicale, interprétation de Mont Analogue / Alex Vanpelt, Ben Lupus
Création vidéo et lumière de Chicane Nocturne / Jeronimo Roé
Regards extérieurs – Rebecca Journo, Christian Rizzo

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