La guerre, c’est celle que vivent et subissent des fillettes, des adolescentes, des jeunes filles en fleurs qui deviendront des femmes blessées. Après chaque guerre, il y a la reconstruction, celle du corps, de l’âme et de l’esprit. Et tant que les violence faites aux femmes continueront, il n’y aura pas de paix possible.
La comédienne Julie Duval en sait quelque chose. Jouant sur le registre du mentir vrai, elle nous raconte l’histoire de Jeanne. Une gamine née dans une famille où l’on ne se parle pas, où l’on ne sait pas dire je t’aime. Rêveuse et solitaire, elle ne trouve sa place ni à l’école, ni dans le quotidien. Un soir en boîte, un ancien camarade de classe, retrouvé par hasard, se méprend sur le plaisir qu’elle éprouve de passer la soirée avec lui et la viole. À 18 ans, elle quitte son sud natal, monte à Paris, enchaîne les petits boulots. Son colocataire l’entraîne dans un cours de théâtre. Elle apprendra à mettre les mots sur sa colère. Se souvenant que son père lui avait offert des gants de boxe pour ses huit ans, elle s’inscrit à un club de boxe Thaï. elle libère ainsi la rage de son corps.
Accompagnée par la mise en scène de Juliette Bayi et Élodie Menant, dynamique, presque chorégraphique, que souligne un jeu de lumières subtil, Julie Duval fait remarquablement vibrer sa poignante histoire. Dans un style caubérien des plus maîtrisés, elle fait évoluer les divers personnages, famille, ami(e) s, professeurs, adversaires qui croisent la route et la destinée de Jeanne. À la fin du spectacle, touché par la prestation de la comédienne et par la force de son propos, le public se lève d’un seul bond pour lui faire une belle ovation.
Marie-Céline Nivière
L’odeur de la guerre, écrit et interprété par Julie Duval.
La Scala de Paris (salle Piccola)
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris.
Jusqu’au 30 mars 2024
Durée 1h15.
Collaboration dramaturgie et mise en scène de Juliette Bayi et Élodie Menant.
Création lumière de Nolwenn Annic.
Composition musicale de Rodolphe Dubreuil et Rob Adans.
Aide chorégraphies de Fauve Hautot et Julia Cash.
Texte édité par L’Avant-Scène Théâtre
