Songlines de Berrettini - Ballet de Lorraine © Laurent Philippe

Le Ballet de Lorraine dessine des paysages chorégraphiques surprenants

À Nancy, Le Ballet de Lorraine présente son premier programme de saison, qui réunit deux artistes italiens, Michele Di Stefano et Marco Berrettini.

Songlines de Berrettini - Ballet de Lorraine © Laurent Philippe

À Nancy, le Ballet de Lorraine a ouvert sa saison avec les créations de deux chorégraphes italiens : Sierras, danses atmosphériques de Michele Di Stefano et Songlines de Marco Berrettini. Un programme porté par « la quête fascinante des choses nouvelles que l’on peut créer pour la scène ».

Songlines de Marco Berrettini © Laurent Philippe

Instantly Forever, tel est le sous-titre de la saison 2023-2024 du Ballet de Lorraine. Une formule oxymore qui souligne la tentation artistique d’être à la fois dans l’instant et de résister à l’épreuve du temps. Instantly Forever sera aussi le nom de la prochaine pièce de Petter Jacobsson et Thomas Caley présentée en mars 2024.

Avec cinq nouvelles créations, le binôme installé à Nancy depuis 2011 achève son mandat à la tête du Centre chorégraphique national comme il a eu coutume de procéder. En invitant des artistes à venir explorer les thématiques qui définissent sa programmation. Pour le programme qui ouvre cette saison, deux chorégraphes italiens ont été conviés : Michele Di Stefano et Marco Berrettini. Deux écritures contemporaines singulières mais entre lesquelles il est permis de voir émerger des correspondances.

Sierras de Michele Di Stefano - Ballet de Lorraine © Laurent Philippe
Sierras de Michele Di Stefano © Laurent Philippe

Sierras, danses atmosphériques, la pièce de Michele Di Stefano transporte dans un univers inspiré par le climat et les reliefs de la sierra, cette chaîne de montagnes argentine. Dans l’épure du plateau nu habillé uniquement de lumières changeantes, les 22 interprètes investissent l’espace comme les explorateurs d’une terra incognita à conquérir. Ils décrivent des trajectoires dont la construction laisse planer le doute sur la part d’écriture et la part d’improvisation. Chacun déploie une phrase chorégraphique qui se répète, répond à celle du voisin, sans jamais empiéter sur elle. Une occupation de l’espace millimétrée qui donne une impression d’un organisme vivant et mouvant. Tout le monde s’agite dans tous les sens, mais avec une attention singulière à l’autre. Personne ne se lâche du regard, guettant le micro changement qui pourrait influer sur le cours de la pièce.

Les artistes chorégraphiques du Ballet de Lorraine se livrent à cette exploration avec beaucoup d’énergie et une grande maitrise pour ne pas donner une impression de chaos. Au contraire, ils habitent l’espace en semblant anticiper l’imprévu. Un juste équilibre entre ordre et désordre.

Songlines de Marco Berrettini - Ballet de Lorraine © Laurent Philippe
Songlines de Marco Berrettini © Laurent Philippe

Songlines, le titre de la pièce de Marco Berrettini, fait référence au livre de Bruce Chatwin évoquant ces voies invisibles tracées par les ancêtres des Aborigènes d’Australie et transmises de génération en génération. Dans quoi mettons-nous nos pas ? Qu’est-ce qui pousse l’être humain à se mouvoir ou à se sédentariser ? Pour évoquer cela, le chorégraphe place les interprètes sur un dance floor au revêtement de sol réfléchissant la lumière. En pantalon et tuniques couleurs pastel, bleu, vert et orange, chaussés de fascinantes boots dorées ou argentées qui semblent clignoter, les danseurs arpentent la piste sur des rythmes électro. Ils glissent sur le dance floor comme s’ils patinaient, avec fluidité. 

Quatre tableaux rythment l’ensemble. Pour le deuxième, les danseurs traversent de jardin à cour dans un moonwalk qui semble ne jamais s’arrêter. Magnifique moment où chacun se déplace à reculons en donnant l’illusion qu’il est en train d’avancer dans un flow ininterrompu. Plus loin, ils prennent la pose dans un tableau où seuls certains s’éveillent dans une gestuelle saccadée. Les clins d’œil au disco, premières amours et identité artistique du chorégraphe, jaillissent ça et là.

Le tableau final est sans doute le plus onirique. Avec des ballons-nuages au-dessus de leurs têtes, les danseurs se connectent entre eux par des gestes imperceptibles au début, puis de plus en plus appuyés. Une communauté se constitue enfin sous la protection d’un animal totem : une étonnante chenille argentée. Ultime fantaisie de ce chorégraphe, qui n’en a jamais manqué.


Programme 1 du Ballet de Lorraine (saison 2023-2024)
Opéra national de Nancy
1 Rue Sainte-Catherine
54000 Nancy
Le 12 novembre 2023 à 15h
Durée 1h30 (avec entracte)

Sierras. Danses atmosphériques de Michele Di Stefano
Pièce de 33 minutes pour 22 artistes chorégraphiques
Chorégraphie de  Michele Di Stefano
Musique de Lorenzo Bianchi Hoesch
Scénographie et Lumière de Giulia Broggi
Montage vidéo de Biagio Caravano

Costumes de Michele Di Stefano
Réalisation des costumes par l’Atelier costumes du CCN-Ballet de Lorraine
Répétitrice de Valérie Ferrando
Collaboration répétition de Fabrice Mazliah

Songlines de Marco Berrettini
Pièce de 45 minutes pour 22 artistes chorégraphiques
Chorégraphie de Marco Berrettini
Musique de Daniel Brandt, Paul Frick
Scénographie et Lumière de Bruno Faucher

Costumes de Martine Augsbourger sur une idée de Olivier Mulin
Réalisation des costumes par l’Atelier costumes du CCN-Ballet de Lorraine
Conception chenille de Colombe Lauriot
Répétitrice – Valérie Ferrando
Regard extérieur – Sébastien Chatellier

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