Sophie Accard © Matthieu Dortomb

Sophie Accard, la joie de vivre en bandoulière

Mise en lumière de la comédienne et metteuse en scène, Sophie Accard qui revient au Festival Off d'Avignon, avec Vole, Eddie, Vole !

Sophie Accard © Matthieu Dortomb

Dès sa sortie du cours Simon, Sophie Accard a su allier mise en scène et jeu avec son compagnon de route Léonard Prain. Vole, Eddie, Vole !, repris au Gémeaux pour le Festival Off d’Avignon, est le cinquième spectacle concocté par leurs bons soins. Mise en lumière d’une lumineuse artiste.

© Matthieu Dortomb

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?

J’étais toute petite. Six ans je dirais… On habitait Vincennes. Et je me souviens être allée avec mes parents assister à un spectacle dans le bois de Vincennes. C’est assez flou… Il y avait une sorcière avec un œil de verre. Je me souviens que c’était du théâtre ! Je ne sais pas si je fais vraiment honneur au projet…

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?

Tout s’est fait par hasard. J’avais seize ans, un CAP d’esthétique en poche qui ne me servait à rien puisque j’étais serveuse. Mon cousin, directeur de casting et plutôt spécialisé dans le casting sauvage, m’a demandé si ça m’amuserait de venir avec ma bande de copains qui bossaient avec moi dans le bar pour faire un essai pour un film. A priori, il n’y avait pas de rôle pour moi parce que j’étais trop jeune pour ce qu’il recherchait mais il m’a demandé de venir : c’était l’occasion de me voir sur des essais. Donc nous voilà tous au casting. Et à l’issue de cette séance de travail, il m’a dit qu’il me trouvait bien ! Il m’a rappelé et j’ai commencé à passer des castings. Ça me plaisait ! Je ne voulais pas rester serveuse toute ma vie. J’étais perdue dans ce que je voulais faire. Je venais de m’inscrire dans une fac pour faire une capacité en droit qui donne un équivalent au bac. Mais cette idée de devenir comédienne me travaillait. J’ai donc également commencé une école de théâtre… J’ai rapidement choisi mon camp : l’école de théâtre, c’était quand même plus marrant !

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?

C’est donc bien le hasard qui s’est mêlé à tout ça. L’école de théâtre me plaisait beaucoup ! Être sur scène est devenu important pour moi. Je n’avais jamais été aussi animée par quelque chose. Après trois ans d’école, moi qui avais eu un parcours chaotique à l’école, j’étais toujours accrochée ! Je me suis dit que j’avais trouvé ma voie ! J’ai eu envie d’en faire mon métier !

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?

J’étais encore en cours de théâtre. C’était La Dispute de Marivaux. On jouait au théâtre de Ménilmontant. Mon rôle était tout petit mais ça m’amusait énormément. Un soir, je devais jouer alors que j’avais une grosse fièvre. Sur scène, avec 39,5° et les projecteurs, j’avais des larmes qui coulaient sans raison alors que c’était une comédie ! J’étais si malade que j’avais demandé à mon père de venir me chercher en voiture… Ça me paraît fou aujourd’hui ! J’étais vraiment jeune !

Vole, EddieVole © Fabienne Rappeneau
Vole, Eddie, Vole © Fabienne Rappeneau

Votre plus grand coup de cœur scénique ?

La Compagnie des Dramaticules dirigée par Jérémie Le Louët. J’aime tous ses spectacles ! Le premier que j’ai vu était son adaptation de Richard III au Théâtre 13. J’ai tout de suite eu un coup de foudre pour son univers. L’adaptation était folle, les comédiens incroyables, la scénographie magnifique. D’ailleurs, quelques semaines après, j’ai contacté sa scénographe, Blandine Vieillot, qui, depuis, travaille aussi avec nous ! Et alors ce qui est étonnant, c’est que je n’ai jamais rencontré Jérémie Le Louët… Je suis une fan secrète !

Quelles sont vos plus belles rencontres ?

Avec mon compagnon, on est tombé amoureux et on a tout de suite voulu travailler ensemble. On a créé la compagnie C’est-pas-du-jeu. Tout le monde conseille de séparer travail et amour, nous, on a fait l’inverse ! Et on n’a jamais cessé de fonctionner comme ça ! Après, il y a évidemment tous ceux que j’ai rencontrés et avec qui on a créé des spectacles. Je parlais de Blandine Vieillot un peu plus tôt, j’ai aussi eu une rencontre incroyable avec le chanteur et compositeur Cascadeur : j’étais à son concert au Café de la danse. Peu de temps après, je lui ai envoyé un message sur les réseaux pour lui dire à quel point j’avais aimé son univers, mélange « d’électro-poético-lyrique », et que je rêvais qu’il compose la musique pour nos prochains spectacles. Il venait de remporter une victoire de la musique, je ne pensais même pas qu’il lirait mon message. Il m’a recontacté et il a accepté. Maintenant on est ami. Je trouve ça fabuleux.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?

Si je ne travaille pas, je m’ennuie ! Je suis quelqu’un de passionné, voire un peu monomaniaque. J’aime avoir un projet en tête. Ce métier m’anime, c’est indéniable. Il procure une sorte d’excitation hors norme. C’est assez étonnant comme sensation.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Les gens ! J’adore observer les gens, que ça soit dans le métro ou dans la rue. Je n’aime pas écouter de la musique avec un casque et me couper du monde. J’adore être « connectée » aux autres. Je les observe (peut-être pour mieux les singer ensuite quand je crée des personnages ?). J’aime essayer de m’immiscer dans leur intimité. Par contre je déteste l’inverse, évidemment !

De quel ordre est votre rapport à la scène ?

J’ai un rapport multiple à la scène. Je suis metteuse en scène et aussi comédienne. Et je joue souvent dans mes projets. Je suis donc spectatrice le temps des répétitions puis interprète quand les représentations commencent. Je suis comédienne-metteuse en scène ou metteuse en scène-comédienne, toujours un peu dédoublée !

Le potentiel érotique de ma femme © © Fabienne Rappeneau
Le potentiel érotique de ma femme © Fabienne Rappeneau

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?

Ce métier me procure des émotions folles, galvanisantes. Alors je dirais sans hésiter : le cœur. Et puis je ne pense pas qu’il soit bon de trop intellectualiser les choses. Je travaille beaucoup à l’instinct. Quand l’intention est juste, tout va bien, pourquoi vouloir à tout prix tout décortiquer ?

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?

J’ai déjà réalisé plusieurs rêves quand je me suis mise à travailler avec Cascadeur, mon compositeur, ou avec Blandine, ma scénographe : je ne pensais pas qu’ils répondraient à mes messages et aujourd’hui ils font partie intégrante de l’identité de mes spectacles. Et puis il y a les artistes dont on tombe amoureux sur scène et qui donnent envie de créer des spectacles ensemble. Emmanuelle Bougerol, par exemple ! Je la trouve fantastique. Elle me fait hurler de rire ! Et en plus elle est humble… J’ai très envie qu’on travaille ensemble !

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?

J’adorerais monter un grand cabaret ! Un spectacle pluridisciplinaire qui mélangerait le théâtre, le cirque, la danse, la magie même… Avec beaucoup de monde au plateau, des musiciens en live… Si je pouvais orchestrer quelque chose de cette envergure-là, ça serait vraiment très excitant !

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?

Aucune idée… Je ne me vois pas associée à une œuvre. Je suis plutôt hors de l’œuvre. Donc je vais répondre que si j’étais un hors-d’œuvre, je serais un œuf mayonnaise.

Lisez ici notre critique de Vole, Eddie, Vole !

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Vole, Eddie, Vole ! de Léonard Prain
Festival Off Avignon – Théâtre des Gémeaux
10 rue du Vieux Sextier 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 à 13h35, relâche les mercredis

Durée 1h20

Mise en scène : Sophie Accard
Avec : Benjamin Lhommas, Sophie Accard, Leonard Prain
Musique  : Cascadeur
Scénographie : Blandine Vieillot
Lumières : Simon Cornevin
Costumes : Atossa
Vidéo : Nicolas Rosée
Son : Julien Bassères

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