Magali Saby © Portrait Madame

Magali Saby, danseuse sans aucun doute

À la Belle Scène Saint-Denis, Magali Saby crée l'émotion dans Danser la faille, une conférence dansée imaginée par Sylvère Lamotte.

Magali Saby © Portrait Madame

Dans le cadre de la programmation de la Belle Scène Saint-Denis, Magali Saby présente Danser la Faille avec le Chorégraphe Sylvère Lamotte, une conférence dansée autour de leur travail sur le handicap qui le plus souvent la cloue dans un fauteuil roulant. Volontaire, lumineuse et déterminée, elle touche au sensible, à l’humain. Danseuse, elle l’est. C’est une certitude.

© Portrait Madame

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Des dimanches automnaux au Jardin du Luxembourg. Un théâtre de marionnettes.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Ma mère m’amenait souvent à voir des spectacles. J’étais très touchée par l’artisanat qui se dégageait des créations. Cela mettait mon imagination créatrice en ébullition et je laissais mon esprit divaguer vers le champ des possibles. Un monde s’ouvrait à moi.

Danser la Faille de Sylvère Lamotte © Caroline Jaubert
Danser la Faille de Sylvère Lamotte © Caroline Jaubert

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne et danseuse ? 
C’est à l’âge de huit ans que je découvre le théâtre. Je me sentais libre dans cet espace. Je me souviens de cette école aux murs colorés rappelant les couleurs des films de Jacques Demy qui ont bercé mon enfance. Entraînée par le collectif, je lâchais prise progressivement et en l’espace de quelques instants, j’incarnais des personnages. Je n’étais plus perçue dans le regard d’autrui comme handicapée, mais comme interprète. Ce fut le déclic : j’allais être artiste. 

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
En 2013, j’ai été retenue dans le projet chorégraphique inclusif et Européen. “Integrance – Inclusive Dance And Creative Movements ” à l’initiative de Micadanses. Je découvre à l’international une nouvelle manière de me mouvoir et d’appréhender le rapport au corps dansant. J’observe à cette occasion le travail de réflexion de ces compagnies internationales qui interrogent des pratiques artistiques nouvelles au service de l’inclusion artistique. Une réflexion que je m’attache à faire perdurer, aujourd’hui, en France, avec la création de ma compagnie et de mon académie artistique inclusive. 

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Volmond de Pina Bausch au Théâtre de la Ville 

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
La rencontre avec la Compagnie Lamento et la pièce Tout ce fracas de Sylvère Lamotte m’ont portée au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. J’ai eu l’impression d’être pleinement légitime par-delà mon handicap, et cela, au même titre que mes deux magnifiques partenaires. Je dirais que les rendez-vous à l’international m’ont également profondément bouleversée. Toutes ces rencontres ont été la source de prises de conscience radicales, de fenêtres ouvertes qui me poussent à questionner chaque instant l’art vivant et sa puissance.

© Omaro Production
© Omaro Production

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Par le biais de la danse, du théâtre ou même du cinéma, j’aime à croire que le regard que la société porte sur ma condition physique s’évanouit pour laisser place pleinement à l’artiste que je suis. Je me sens étrangement très forte et prête à livrer une parole.

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
J’aimerais ne pas arrêter d’avoir cette soif de chercher, d’explorer, de vaciller. Déjouer les lois de la gravité. Aller là où on ne m’attend pas. Bien que la danse reste mon principal vecteur d’expression, je m’intéresse beaucoup à tout ce qui pourrait déplacer le handicap. Aux techniques circassiennes, mais aussi à l’alliance qu’il pourrait y avoir entre la science et les arts vivants avec certaines innovations au service de l’humain transposées sur le plateau. 

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
C’est un souffle vital, une liberté sans nom de se sentir exister pleinement. D’être au bon endroit, au bon moment. Véritablement à sa place. 

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
La présence. Arriver sur un plateau vide, être là, offrir au public la meilleure version de moi-même. 

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
J’aimerais collaborer avec la danseuse et performeuse Jeanne Morel qui expérimente le mouvement dansé aussi bien en apesanteur, que sous l’eau ou sur terre et apporte un nouveau regard. Jean-Paul Gaultier pour sa folie douce. 

Tout ce Fracas de Sylvère Lamotte © Alexis Komenda
Tout ce Fracas de Sylvère Lamotte © Alexis Komenda

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Même si ma compagnie et l’académie artistique inclusive que j’ai fondées existent, j’aimerai aller plus loin et impulser la création d’un centre national inclusif en Ile de France interrogeant des pratiques artistiques nouvelles et innovantes avec au cœur de ce lieu la mise en place d’un laboratoire de recherche et de réflexions collectives autour de plans d’actions concrets permettant la valorisation professionnelle des artistes en situation de handicap.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Une comédie musicale haut en couleurs

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Programme danse #1
Festival OFF d’Avignon
La Belle Scène Saint-Denis
La parenthèse
18 rue des études
84000 – Avignon
du 11 au 15 juillet 2023 à 10h00
Durée : 1h30

Danser la faille de Sylvère Lamotte 
avec Magali Saby et Sylvère Lamotte
Textes de Sylvère Lamotte

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