Hugo Givort © DR

Hugo Givort, un enfant de la balle inspiré

Pour la première fois en tant que metteur en scène, Hugo Givort investit le Off d'Avignon avec «Dissident, il va s'en dire», à l'affiche du Théâtre du Petit chien.

Hugo Givort © DR

Avec sa première mise en scène du texte de Vinaver, Dissident, il va s’en dire, Hugo Givort a signé une belle entrée dans le théâtre. Descendant d’une grande lignée théâtrale, attachée à l’Artistic Théâtre, ce jeune metteur en scène méritait d’être mis en lumière.

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Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Un spectacle de Guignol au jardin du Luxembourg. J’étais comme un fou, je voulais enchaîner les représentations, ne plus sortir du théâtre de marionnettes.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Il n’y a pas vraiment de déclencheur, plutôt une méfiance, au contraire. Mais paradoxalement, plus le temps passait, plus l’envie lancinante de création grandissait. Même à la fac de droit, je ne rêvais que de spectacles ou de films.

Dissident, il va s'en dire © Marion Duhamel
Dissident, il va s’en dire © Marion Duhamel

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être metteur en scène ?
Très vite, j’ai imaginé des mondes théâtraux et cinématographiques, des images obsédantes mais désorganisées. Puis est venu le besoin de les classer, les organiser et, enfin, de leur donner une ligne pour qu’elles servent une réflexion.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
J’étais un enfant comédien de onze ans. On jouait La Vie de Galilée de Brecht. J’ai des impressions très nettes qui me reviennent, une expérience d’identification forte et de vérité dans la fiction. Et je me souviens aussi de la jubilation et du réconfort du travail en troupe.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je pense à Sopro de Tiago Rodrigues pour sa mise en abîme subtile sur l’art du théâtre, Les Damnés d’Ivo Van Hove pour son hommage à Visconti et l’utilisation spectaculaire et saisissante de la vidéo. Et enfin, tout le travail et l’univers poétique d’Emma Dante qui me bouleversent.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Une rencontre avec un acteur du Campagnol, Michel Toty, un vrai artisan du théâtre avec qui j’avais joué tout petit et qui s’adressait à moi avec beaucoup d’attention et de bienveillance. Puis ma rencontre, dans le travail, avec Judith d’Aleazzo et Pablo Cherray-Iturralde, qui a confirmé mon entrée dans la profession.

Répétition de la Mégère apprivoisée © Zoé Bizeur
Photo de répétition, La Mégère apprivoisée © Zoé Bizeur

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Quand le quotidien et le monde deviennent trop amers, mon métier devient un refuge, il console et ouvre les horizons.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Il y a des thèmes souvent issus des tragédies antiques, la famille, la fatalité, la vengeance, les contradictions de la nature humaine. Mais aussi, une considération plus globale sur notre société et l’envie ou le besoin de la questionner.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Le théâtre et la salle de théâtre sont des endroits sacrés pour moi. Surtout quand le lieu plein de vie se fait silencieux. Quoi de plus mystérieux qu’un plateau vide éclairé par la servante ?

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans la tête, il y a trop de choses. Dans le cœur, il y a l’amour aussi. Je dirais dans les tripes, ce besoin qui les serre en tenailles.

Un visiteur inattendu Répétition © Guillaume Rolland
Photo répétition, Un visiteur inattendu © Guillaume Rolland

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
J’aime l’idée du collectif tous azimuts, et c’est à plusieurs que l’on peut mener une réflexion. Le théâtre est toujours au cœur d’un débat.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Un projet de théâtre absolument total avec de la musique, de la vidéo et des acteurs du monde entier.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Le Théâtre d’Eduardo De Filippo : ses personnages à la fois comiques et tragiques, comédiens de troupe, artisans du Théâtre qui évoluent toujours entre illusions et réalités et dont le destin enchâsse, pour le meilleur et pour le pire, vie amoureuse et travail sur la scène.

Lire ici notre critique de Dissident, il va s’en dire.

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Dissident, il va s’en dire de Michel Vinaver.
Festival Off Avignon
Théâtre du Petit Chien
76 rue Guillaume Puy, 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 à 17h40, relâche le mardi

Durée 1h

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