Et pourtant, il gardait sa tête parfaitement immobile, Franck Manzoni ©Pierre Planchenault

Au TnBA, le labyrinthe mental de Franck Manzoni

Pensé comme un "one shot" pour le TnBA, «Et pourtant, il gardait sa tête parfaitement immobile» est une plongée intime et ludique dans les tréfonds d'un cerveau tourmenté.

Et pourtant, il gardait sa tête parfaitement immobile, Franck Manzoni ©Pierre Planchenault
©Pierre Planchenault

Franck Manzoni commence dans le public, harrangue quelques spectateurs attrapés au hasard. Son discours est indéchiffrable, labile. C’est le début d’une plongée dans les tréfonds d’un cerveau tourmenté. Écrit avec l’aide de Simon Delgrange à partir d’un matériau autobiographique, sa propre épreuve de père confronté à l’épilepsie aggravée de sa fille Garance, Et pourtant, il gardait sa tête parfaitement immobile se déploie à partir de là comme un objet à entrées multiples, par vignettes.

L’acteur évolue comme à l’intérieur d’un espace mental, parmi des formes abstraites et massives sculptées dans le bois. Le personnage de quasi-fou perdu dans son monologue intérieur est l’un des quatre avatars du comédien aux côtés d’un détective, d’un médecin et d’un méditant. Le coauteur, metteur en scène et interprète approche son sujet à la manière d’un pointilliste, faisant converger quatre régimes de parole autour des ténèbres du cerveau révélées par la maladie de Garance. Sont mis dos à dos les paroles fatalement pragmatiques d’un neurologue mettant une famille face au dilemme de l’intervention chirurgicale, avec sa cruelle balance bénéfice-risque, et le témoignage d’un homme qui, face à ces angoisses, trouve l’apaisement dans la méditation, à l’instar de Manzoni lui-même.

Physique et terrien, le comédien de la bande de Catherine Marnas saisit son spectateur dès les premières minutes et tient la scène avec une puissance indéniable et presque autant d’humour. Solitaire, cette composition est néanmoins peuplée par la composition du jeune musicien Balthazar Monge, intégré au dispositif scénique, et les sculptures à caractère du plasticien spiritualiste Jean-Jacques Enjalbert. Et si l’on peut s’égarer dans les limbes de ce labyrinthe mental, où sont mis en regard le cerveau tourmenté d’un père et celui, souffrant, d’une fille, cette création, pensée pour le studio du TnBA, n’en offre pas moins un terreau fertile à de multiples interprétations.

Samuel Gleyze-Esteban – Envoyé spécial à Bordeaux

Et pourtant, il gardait sa tête parfaitement immobile de Franck Manzoni
Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine
Place Renaudel 
33000 Bordeaux

Du 2 au 11 mars 2023
Durée 1h30

Direction d’acteur Faustine Tournan
Création sonore Balthazar Monge
Création lumière Anna Tubiana
Œuvres Jean-Jacques Enjalbert
Avec Franck Manzoni et Balthazar Monge, musicien

Crédit photos ©Pierre Planchenault

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