PIC, Cirque Inextrémiste © Jean-Pierre Estournet

Le Cirque Inextrémiste tombe à PIC

Sur la pelouse de Reuilly, dans le XIIe arrondissement de Paris, la dix-huitième édition de Village de Cirque, festival organisé par la coopérative De Rue et de Cirque Village de Cirque, bat son plein.

PIC, Cirque Inextrémiste © Jean-Pierre Estournet

Sur la pelouse de Reuilly, dans le XIIe arrondissement de Paris, la dix-huitième édition de Village de Cirque, festival organisé par la coopérative De Rue et de Cirque Village de Cirque, bat son plein. Le week-end dernier, pour le lancement de cette quinzaine dédiée aux arts circassiens, le Cirque Inextrémiste aura offert un moment festif et enthousiasmant. Un augure alléchant pour la suite du programme.

À peine entre-t-on sous le chapiteau que la musique puissante du Surnatural Orchestra, fanfare à la grammaire jazz, donne l’impression de baigner dans un univers à part, hors du temps, déjà en mouvement à l’arrivée du public. À hauteur de vue, un équilibriste est assis en haut d’une échelle, chapeau melon et manteau léopard. En levant les yeux, on observe deux acrobates faisant des tours de piste, la tête à l’envers. Puis, au sol, on devine un corps qui s’agite sous le filet d’un trampoline renversé.

PIC, Cirque Inextrémiste © Jean-Pierre Estournet
Surprises

C’est Madame Loyal (Delphine Dupin, présence rayonnante) qui se trouve ainsi emprisonnée. Pour la libérer, les bras musclés de volontaires cueillis dans le public sont requis. Ensemble, ils soulèvent l’imposant agrés. Le spectacle peut commencer. Très vite, une impression étonnante et bien surprenante s’empare du public. Et tout cela faisait partie du show. Toujours tendu dans la préparation et l’attente de la surprise à venir, dans un jeu d’équilibre rythmique qui fait tenir bon son heure et demie de durée, la partition imaginée par le Cirque Inextrémiste s’amuse de faux départs, de numéros avortés.

Alors, les musiciens massés sur un balcon face à l’entrée du chapiteau glissent, un à un, vers la piste où ils se mélangent aux autres artistes. La vision d’une acrobate (Viivi Roiha) suspendue à sa corde lisse prend forme sous les belles lumières de Jacques-Benoît Dardant et Anne Palomeres, sans qu’on la voit venir. Mi-clown, mi-jongleur, Fabrice Dominici fait pleuvoir des petits avions en papier, avant que Rémi Bezacier entame une longue série de rebonds sur l’immense trampoline.

PIC, Cirque Inextrémiste © Jean-Pierre Estournet
Un geste singulier

En 2016, la troupe collaborait déjà avec le Surnatural Orchestra sur Esquif, dans lequel dix-huit musiciens jouaient de leurs instruments en même temps qu’ils prenaient des risques acrobatiques. Si le compagnie partageait alors déjà une idée commune avec One Song de Miet Warlop, coup d’éclat du 76e Festival d’Avignon, cette nouvelle création épouse dans une certaine mesure la manière qu’a l’artiste flamande d’appréhender la performance et la scène comme une matière totale. C’est par un geste dramaturgique vigoureux que Yann Ecauvre, metteur en scène du Cirque Inéxtremiste, arrive à faire feu de tous les éléments qui composent le spectacle : glissements du public vers la scène ; mobilisation des forces collectives pour déplacer l’immense trampoline ou faire remonter jusqu’au plafond un acrobate suspendu à sa corde ; porosité, dans le déroulé, entre la préparation des tours et les tours eux-mêmes.

Tout en se tenant à l’écart de toute narration, cette grande fête de cirque fournit de belles variations autour de l’exploit et sa recherche, de la mise en commun des forces, de la persévérance et du collectif, dans un ensemble hédoniste. Autour d’une partition circassienne quelque peu conventionnelle, PIC déploie une qualité supérieure, plus diffuse, tributaire d’une écriture et d’une mise en scène qui s’attachent à rendre chaque chose malléable, des corps aux lumières. Sans jamais tomber dans la surcharge d’effets, les artistes du Cirque Inextrémiste imposent ainsi une singularité esthétique réjouissante.

Samuel Gleyze-Esteban

PIC de Surnatural Orchestra et Cirque Inextrémiste
Village de Cirque

Festival du 9 au 25 septembre 2022
Pelouse de Reuilly
75012 Paris

Tournée :
Du 27 septembre au 2 octobre 2022, Théâtre Forum Meyrin, Genève
Du 11 au 13 octobre 2022, Tarbes
Du 21 au 23 octobre 2022, festival CIRCA à Auch
Du 4 au 6 novembre 2022, Mende, Festival Temps de Cirques, avec La Verrerie d’Alès – Pôle national cirque Occitanie
Du 12 au 17 novembre 2022, Odyssud, Blagnac
Du 2 au 11 décembre 2022, L’Azimut – Espace cirque d’Antony 
Du 13 au 18 janvier 2023, Brest
Du 31 janvier au 2 février 2023, Quimper
Du 25 au 29 avril 2023, La Rochelle
Du 1er au 4 juin 2023, Cirque théâtre d’Elbeuf

Mise en scène : Yann Ecauvre
Coordination artistique / regard extérieur : Camille Secheppet et Delphine Dupin.
Surnatural Orchestra : Léa Ciechelski (flûtes, sax alto), Clea Torales (flûte, sax alto), Basile Naudet (sax sopranino et alto), Jeannot Salvatori (sax baryton), Guillaume Christophel (sax ténor, clarinette), Nicolas Stephan (sax ténor), Fabrice Theuillon (sax baryton et alto), Pierre Millet et Antoine Berjeaut (trompette, bugle), Julien Rousseau (euphonium, trombone soprano), François Roche-Juarez (trombone, guitare), Hanno Baumfelder (trombone), Judith Wekstein (trombone basse, claviers), Boris Boublil (claviers, guitare), Fabien Debellefontaine (sousaphone), Ianik Tallet (batterie), Sven Clerx (percussions).

Cirque : Yann Ecauvre ou Delphine Dupin (acrobatie), Rémi Bezacier (trampoline), Viivi Rohia ou Julie Delhomme (corde), Fabrice Dominici (objets volants ultralégers, jonglage), Julien Favreuille et Hervé Banache (manipulation cordes).

Crédit photos © Jean-Pierre Estournet

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