Max de Stéphane Olivié Bisson © Giovanni Cittadini Cesi

Jérémy Lopez dans la tête de Max Linder

Au théâtre du Rond-Point, Stéphane Olivié Bisson esquisse le portrait tourmenté de Max Linder et offre à Jérémy Lopez un rôle de cinéma.

Max de Stéphane Olivié Bisson © Giovanni Cittadini Cesi

Au théâtre du Rond-Point, Stéphane Olivié Bisson esquisse le portrait tourmenté de l’une des plus grandes vedettes du cinéma muet français du début du XXe siècle. Portant au plateau d’apocryphes mémoires d’outre-tombe de Max Linder, l’auteur et metteur en scène offre au comédien du Français, un rôle de cinéma tout en virtuosité et sensibilité.  

Nu, offert aux supplices de l’enfer, Max Linder s’extirpe difficilement des ténèbres qui, un soir de novembre 1925, l’on engloutit lui et sa jeune compagne. Habitué aux spotlights, aux feux de la rampe, il cherche par tous les moyens à retrouver la lumière, à communiquer avec Maud, sa fille de seize mois, laissée orpheline, suite à son funeste geste. Il veut tout lui dire, lui raconter sa vie, de sa naissance à côté de Saint-Loubès à sa mort dans un hôtel parisien, de ses grandeurs, des démons qui rongent son cœur, son âme. 

Des nues à la déprime 
Max de Stéphane Olivié Bisson © Giovanni Cittadini Cesi

Pour évoquer cet artiste rare, tombé quasiment dans l’oubli, cette légende du 7e art, ce précurseur qui a inspiré à Chaplin son Charlot, Stéphane Olivié Bisson ne cherche pas tant la réalité que les réminiscences d’une âme ardente, passionnée, en proie aux doutes et à la jalousie. Refusant le biopic littéral, il invite à une balade poétique, une errance très cinématographique au plus près de ce destin flamboyant, fracassé par les déboires professionnels et la maladie. Brillante étoile « frenchie » ayant conquis Hollywood, l’artiste, fragile, sensible et dépressif, comme le sont souvent, les grands comiques, les humoristes, se ternit, s’éteint, se meurt. 

Un comédien habité

En invitant le pensionnaire de la Comédie-Française à incarner le fantôme Linder, Stéphane Olivié Bisson donne à son texte, une dimension sensible et délicate supplémentaire. Se glissant dans ce rôle, comme écrit sur mesure, Jérémy Lopez fait des étincelles. Il irradie la scène de sa fougue, de sa fièvre. S’appuyant sur la très belle scénographie d’Erwann Creff, tout en camaïeu de gris, l’artiste est un Max Linder intime, éblouissant autant que torturé. 

Ressuscitant l’homme, l’auteur et metteur en scène des Carnets d’Albert Camus et d’Anquetil tout seul, confirme son talent de conteur. Quelque peu resserré, on prédit à son Max, une belle et longue carrière.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Max de Stéphane Olivié Bisson
Théâtre du Rond-Point
Salle Topor
2bis av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Jusqu’au 9 octobre 2022
Durée 1h30

mise en scène de Stéphane Olivié Bisson
Avec Jérémy Lopez de la Comédie-Française
Scénographie d’Erwann Creff
Lumières :de Bertrand Couderc
Vidéo :d’Allan Hove & Kristijonas Dirse
Musique originale d’Éric Capone
Régie générale d’Allan Hové

Crédit photos © Giovanni Cittadini Cesi

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