Marc Tournebœuf © Gilles Erard

Marc Tourneboeuf, un poète amoureux à Avignon

Du Théâtre des Brunes au Théâtre Transversal, Marc Tourneboeuf révèle, avec humour et tendresse, une belle maîtrise du plateau et un style tout en sensibilité.

Marc Tournebœuf © Gilles Erard

Du Théâtre des Brunes, où il présente son seul-en-scène, Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage, au Théâtre Transversal, où il met en scène Notre dernier voyage, évocation de la vie de Bernard Giraudeau, le ténébreux comédien révèle, avec humour et tendresse, une belle maîtrise du plateau et un style tout en sensibilité. Rencontre.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Je crois que c’est Henry Dès au Zénith de Caen ! Tout le monde criait « une autre, une autre » et moi, je hurlais « Non, stop, on arrête, stop ! » Ma mère peut témoigner, elle en a eu vraiment honte ! Mais peut-êtrre que c’était un spectacle de marionnettes à l’école et les comédiennes qui le faisaient confondaient spiderman et superman… Je me souviens de fulminer ! Je devais avoir 3 ou 4 ans ! 

Le récit poétique mais pas chiant d'un amoureux en voyage de Marc tourneboeuf © Philippe Escalier

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Attention… La bombe ! Ce qui m’a donné envie d’aller vers le rire, l’humour etc… C’est Brice de Nice ! Je sais ! Et les films de ma jeunesse entre Jim Carrey et de Funès ! (« Elle ment ! Elle ment en allemand !!! »). Ensuite il y a eu d’autres grands tournants comme la découverte de Molière, Racine, Hugo, Feydeau, Raymond Devos. Les auteurs quoi, mais particulièrement les classiques en vers (Cyrano de BergeracRuy Blas, Le Misanthrope !!!) 

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien et metteur en scène ? 
En 1re, j’avais de bons résultats et pour me récompenser, ma mère, qui n’était pas Crésus, m’a offert un stage aux Cours Florent. il était, sans que nous n’en sachions rien, un stage d’entrée. J’ai été accepté, l’aventure a commencé en juillet 2012. J’ai passé mon bac en 2013. En septembre de la même année, je montais sur Paris pour vivre l’aventure. (et faire une fac de maths à côté qui sera bientôt délaissée…)

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Un ange pour une étoile. Parodie de la Star Academy en 6ème ! Écrit par notre prof de français. Sacrée expérience. Je me souviens m’être fait virer parce que je faisais un peu trop le zouave. Revenir en m’excusant, proposer d’intégrer une vidéo au spectacle. J’en ai retenu de belles leçons. Une exclusion n’est jamais définitive si on plie un peu l’échine et qu’on use de diplomatie, mais surtout les propositions artistiques peuvent être acceptées. Hyper important ! En 6ème, je faisais ce qu’on me demandait sans aller plus loin. Dans la vie du comédien, personne ne demande rien, il faut tout proposer par soi-même.

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Plusieurs me viennent. Ce soir je crois que c’est à La Loi des prodiges de François de Brauer, que je pense. Que dire. Pourquoi ce spectacle n’est-il pas plus connu ? Enseigné partout ! TOUT Y EST ! C’est une merveille d’intelligence tant dans le sujet que dans le texte et l’interprétation ! C’est presque magique d’assister à ça. Pas une fausse note. 

Le récit poétique mais pas chiant d'un amoureux en voyage de Marc tourneboeuf © Philippe Escalier

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Grétel Delattre ! Une de mes professeurs du cours Florent qui est devenue une amie et ma metteuse en scène. Elle m’a offert un lancement de la vie de comédien et m’a prouvé que j’étais capable. 
Philippe Aris, un ange gardien qui veille sur moi, j’ai beaucoup de chance.
Puis mes amis de la pièce Astrid, une troupe merveilleuse de 16 comédiens bourrés de tous les talents, une famille pour moi.
Christophe Segura qui m’a permis de vivre une aventure folle en montant un spectacle démesuré. 
Lise Anne Mallet ! Rencontrée sur une rivière en faisant du kayak sur la Dordogne ! Une fille brillante qui est devenue une de mes meilleures amies.
Sarah Treille ! 
Je vais m’arrêter là en m’excusant auprès de ceux que je ne cite pas… J’ai rencontré de bien belles personnes.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Certaines personnes me disent « tu travailles tout le temps, tu devrais profiter ». Je n’ai pas la sensation que cela soit juste. Je n’ai pas la sensation de travailler, pour moi ce métier est un tout, une routine qu’il faut réinventer, de l’écriture, de la lecture, de l’inspiration… Tout cela remplit mes journées au point que je ne le dissocie plus vraiment de moi-même. Donc, ce métier ce n’est pas mon équilibre, mon métier, c’est moi (« bruits d’éclairs, drop the mic ») … Un peu pédant comme formulation (confus) ! 

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Essentiellement les beaux textes. Les textes intelligents cités plus hauts. J’aime les trucs travaillés au dernier degré, les choses recherchées où rien n’a été laissé au hasard. J’aime l’impro bien sûr, mais je suis en admiration devant une œuvre bien ficelée qui nous embarque et nous conduit exactement là où elle le veut. Cyrano de Bergerac ou Ruy Blas nous font voyager avec une écriture merveilleuse. L’histoire est géniale, les dialogues, la poésie, l’action, l’humour, les sentiments, le panache ! Le naturel m’ennuie, je veux qu’on m’emmène au-delà !  

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Je ne comprends pas cette question. Premier ordre ? … Disons premier ordre ! 

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Le métier est divers en vérité. J’écris, mets en scène et joue. J’aime les premières dates d’une pièce ! Ces moments si rares où l’on dévoile le tout, où l’on se jette dans le vide, dans la gueule du public qui va pouvoir juger en quelques minutes le travail de plusieurs semaines, mois ou années ! Le désir le plus intense est là, le frémissement dans le ventre et les tambours dans la tête avant que le rideau ne s’ouvre.

Notre Dernier Voyage d’après Bernard Giraudeau, Avec les textes de Laure Renaud

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Ohlalaaa tant ! Tant ! Tant ! J’ai vu des mises en scène incroyables ! Des décors fabuleux ! J’adorerais un jour avoir la chance de participer à de grands projets comme les Shakespeare de Thomas Jolly pour ne
J’aimerais aussi beaucoup faire du cinéma un de ces jours ! Le rêve serait de tourner pour Hazanavicius ! Ou Denis Villeneuve ! Ou Nolan ! Dolan ? … Tarantino ne me répond pas sur Instagram, je suis un peu frustré. 
En vérité, tant que je suis avec des passionnés, je veux bosser avec eux !

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Voilà ! Le seigneur des anneaux ! Ou le premier tournage dans l’espace ! Mais l’un est déjà tourné et l’autre apparemment, c’est Tom Cruise qui s’y colle ! Alors disons OSS 117 4 « origines » ?! 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
La vie de Marc Tourneboeuf. Un titre, me semble-t-il, plutôt fidèle à l’histoire ! 
S’il faut une œuvre qui existe déjà, je n’en ai pas. 

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage de Marc tourneboeuf
Festival OFF d’Avignon
Théâtre des Brunes
32 rue Thiers
84000 – Avignon
du 7 au 30 juillet 2022 à 19h05 – Relâches : 12, 19, 26 juillet 2022
Durée 1h15

Notre Dernier Voyage d’après Bernard Giraudeau, Avec les textes de Laure Renaud
Festival Avignon Off
Théâtre Transversal
10, rue d’Amphoux

84000 Avignon
du 7 au 26 juillet 2022 à 18h15, relâches 13, 20 juillet 2021
Durée 1h10

Crédit photos © Gilles Erard, © Philippe Escalier et © Marc Tourneboeuf

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