Le Soldat et la Ballerine, Robert Sandoz © Fox Kijango

Le Soldat et la Ballerine de Robert Sandoz, du Jura à Avignon

Le 22 juillet prochain, la Chapelle des Pénitents blancs accueillera Le Soldat et la Ballerine, une pièce jeune public de Roland Schimmelpfennig traduite pour l'occasion par le metteur en scène, Robert Sandoz. Nous avons vu la troupe au travail, chez eux, en Suisse, n en pleine effervescence pré-avignonnaise.

Le Soldat et la Ballerine, Robert Sandoz © Fox Kijango

Le 22 juillet prochain, la Chapelle des Pénitents blancs accueillera Le Soldat et la Ballerine, une pièce jeune public de Roland Schimmelpfennig traduite pour l’occasion par le metteur en scène, Robert Sandoz. Nous avons vu la troupe au travail chez elle, en Suisse, en pleine effervescence pré-avignonnaise.

Il faut s’aventurer dans les montagnes et traverser les magnifiques paysages du nord de la Suisse pour atterrir à Delémont, chef-lieu du canton jurassien, proche de Bâle. C’est ici, à l’automne 2021, que l’auteur et metteur en scène Robert Sandoz a inauguré le Théâtre du Jura. Une ouverture plus qu’attendue dans ce canton, qui fut longtemps le seul à ne pas être doté d’une structure professionnelle dédiée aux arts de la scène. L’édifice tout neuf comporte deux scènes, plus une annexe à quelques encablures de là, au Forum Saint-Georges. C’est là que nous retrouvons le metteur en scène et sa troupe.

Le Soldat et la Ballerine, Robert Sandoz © Fox Kijango
Première avignonnaise

Robert Sandoz est un enfant du massif, né du côté de Neuchâtel. Lui et sa compagnie au beau nom, L’outil de la ressemblance, préparent ce jour-là leur première au Festival d’Avignon. Quelques mois plus tôt, Olivier Py l’appelle pour lui commander un spectacle jeune public. Le Suisse vient alors de se voir confiée par les éditions de l’Arche la traduction en français du Soldat et la ballerine de Roland Schimmelpfennig, dont il a déjà monté les textes. Tout s’enclenche ainsi.

Adapté librement de L’Inébranlable soldat de plomb d’Andersen, Le Soldat et la Ballerine est une fable d’aliénation et d’errance autour de deux personnages damnés par leur différence. Une histoire où les jouets, dotés d’âmes, prennent vie dans une chambre d’enfant. Au soldat, il manque une jambe. Et la ballerine en papier ne plaît pas au petit garçon. Alors, un soir, on les délaisse sur le rebord d’une fenêtre, et un coup de vent les emporte, le premier dans le caniveau, la seconde dans les airs.

Andersen-machine

La pièce est comme une boîte à jouets, Schimmelpfennig l’a écrite ainsi. Le récit est imbriqué, raconté par les protagonistes à l’intérieur de la pièce dans un temps antérieur. Sandoz l’a montée en conséquence, dans une boîte noire comme une maquette pleine de mécanismes apparents — tuyaux, échelles, machine à fumée… Un lieu de fabrication pure, où la construction théâtrale est assumée comme telle.

Le Soldat et la Ballerine, Robert Sandoz © Fox Kijango

Du nid d’un papa pie au ventre d’un gros poisson, le récit rocambolesque de ces deux jouets amusera les plus jeunes. Il leur arrachera aussi quelques cris de peur, mais on ne peut insister assez sur le pouvoir de fascination que peuvent apporter ces frayeurs dans les yeux des enfants — d’ailleurs, la pièce a, dans une moindre mesure, cette part inquiétante en commun avec Le petit chaperon rouge de Das Plateau, autre spectacle jeune public du In, nous aurons l’occasion d’y revenir.

Mais la pièce est aussi une évocation archétypale de tous les parcours d’exil et d’errance, rattrapée par le fait que les protagonistes soient là, survivants, en train de raconter leur propre histoire. Il y a de la poésie dans cette construction toute en effets de distanciation et de réflexivité. Tenant sur le contraste entre ses deux interprètes, la fluette et lumineuse Lucie Rausis et le ténébreux Adrien Gygax, ce Toy Story originel fera briller une obscure clarté dans la Chapelle des Pénitents Blancs. En attendant, ce jour-là à Delémont, on écoute encore les retours des enfants, histoire de bien peaufiner ce premier envoi avignonnais.

Samuel Gleyze-Esteban – Envoyé spécial à Delémont (Suisse)

Le soldat et la ballerine de Roland Schimmelpfennig, d’après L’inébranlable Soldat de plomb d’Andersen
Festival d’Avignon
Chapelle des Pénitents blancs
Place de la Principale
84000 Avignon

Du 22 au 25 juillet 2022
Durée 1h

Traduction et mise en scène Robert Sandoz
Musique et environnement sonore Olivier Gabus
Scénographie, accessoires Kristelle Paré
Lumière Jérôme Bueche
Son Karim Dubugnon 
Costumes, accessoires Anne-Laure Futin assistée de Verena Dubach et Judith Dubois
Assistanat à la mise en scène Fanny Krähenbühl
Régie générale Karim Dubugnon
Avec Adrien Gygax, Lucie Rausis

Crédit photos © Fox Kijango

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