© Guillaume Bosson

La nuit la plus chaude, un festival qui enchante les dernières soirées de juillet de La Puissaye

Aux confins de l'Orléanais, du Nivernais et de la Bourgogne, loin de la grande ville, dans un jardin enchanteur, Jean Bechetoille et Hélène Marchand ont imaginé un festival d’été, festif et chaleureux.

 Héléne Marchand et Jean Bechetoille © Guillaume Bosson

Aux confins de l’Orléanais, du Nivernais et de la Bourgogne, loin de la grande ville, dans un jardin enchanteur, Jean Bechetoille et Hélène Marchand ont imaginé un festival d’été, festif et chaleureux. Au cœur d’un petit village rural, les deux artistes ont implanté leur compagnie et une offre culturelle qui réchauffe les dernières soirées étoilées de juillet. Rencontrer avec la co-directrice de La nuit la plus chaude.

Comment est née l’idée de créer un festival au cœur de la Puissaye ? 

Hélène Marchand : Cette manifestation est née suite à notre exode rural. Mon compagnon – Jean Bechetoille – et moi (tous deux co-directeur.rice du festival) avons quitté Paris en 2019 pour vivre à la campagne. Du même coup, nous avons déménagé le siège de notre compagnie dans l’Yonne. Très vite, nous nous sommes demandés quelle serait la meilleure manière de nous implanter, de rencontrer nos voisins, de nous faire connaître. L’idée de créer un festival, de faire une fête autour de l’art vivant s’est imposée. Nous avons convié les habitants de la région. C’était aussi une manière pour nous de créer un outil alternatif de création en nous débarrassant des obligations de diffusion et de production. En effet, les spectacles ici sont créés en 10 jours maximum et n’ont pas pour objectif d’être diffusés. Nous souhaitions aussi mettre en place en circuit court et – en priorité – pour une population locale et donc rurale qui bénéficie d’une offre culturelle nettement moins riche qu’en ville et qui est d’autant plus curieuse. Le festival, tel que nous l’avons pensé, se déroule principalement dans un tout petit hameau de la commune de Treigny-Perreuse-Sainte Colombe. 

Quel en est son ADN ? 
la cerisaie m.e.s Árpád Schilling édtion 2021 © Adrien Selbert

Hélène Marchand : C’est difficile à décrire car son ADN nous échappe certainement un peu… Notre festival a quelque chose de très familial. La compagnie est composée de personnes d’âges très différents ayant des enfants. Et tout ce petit monde vit et travaille ensemble pendant dix jours (14 jours avec les représentations) dans un jardin et une maison privée.  Cela crée une ambiance très chaleureuse, très intime. 
De même, le public est accueilli comme s’il était convié à une fête, il rentre dans un jardin privé… il y a un apéro, des concerts et de quoi manger… Ainsi l’échange entre les artistes et le public – très éclectique- a vraiment lieu. Avant les spectacles mais après aussi, en chantant parfois ensemble (karaoké club) ou en dansant à l’occasion du grand « dance floor » de fin de festival ! 
Par ailleurs, l’identité du festival se construit chaque année, au gré des rencontres avec les artistes qui viennent travailler avec nous. 

Qu’est ce qui en fait sa spécificité ? 

Hélène Marchand : Notre festival invite chaque année un nouveau metteur en scène à créer dans notre jardin avec les acteurs de la troupe éphémère du festival. L’an passé, Árpád Schilling a monté La Cerisaie. Cette année nous avons demandé au groupe O d’investir les lieux avec Lara Marcou et Marc Vittecoq. Pour nous, cette invitation est une manière de rencontrer des artistes, des visions différentes tout en proposant un cadre de création commun à tous nos invités « le jardin » comme décor qui offre de nombreux points de vue : un verger, une cour, des prairies, un petit bois.
nous imposons à tous de de créer en dix jours, ce qui permet un geste très spontané et généreux. Le spectacle se jouera ensuite 4 fois en tout et pour tout ! 
Notre programmation est complétée par un spectacle jeune public – qui se joue dans un petit moulin au-dessus d’une colline, des performances in situ dans des lieux différents chaque année. Pour ces derniers spectacles nous avons à cœur de faire découvrir au public des paysages insoupçonnés de notre campagne d’adoption. 

D’où vient son nom, La nuit la plus chaude ? 
 la cerisaie m.e.s Árpád Schilling édtion 2021 © Adrien Selbert

Hélène Marchand : Son nom a une double signification pour créer le trouble car nous aimons l’instiller ! Tout d’abord ces dates – fin juillet -sont souvent synonymes des pics de chaleur. En 2019, quand nous avons créé la première édition du festival, la sécheresse était d’actualité. Ce titre était aussi une manière d’accepter, d’assumer le réchauffement climatique et d’en faire quelque chose de joyeux malgré tout. On a toujours besoin de joie même en temps d’apocalypse. C’est un titre résilient.
Quant au trouble…nous sommes nombreux à travailler en couple sur ce festival et parfois de nouveaux couples se forment … Pour la première édition du festival, Élodie Ségui et Mathieu Dufourg (l’Organisation) ont mis en scène Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, pièce qui traite du désir et de la nature … le désir est vraiment au cœur de notre processus de création.   
Enfin, La Nuit la plus chaude c’est un festival qui se déroule sur quatre soirées, ce titre est donc aussi une manière de convoquer l’exceptionnel, le superlatif chaque soir du festival. 

Vous faites partie de la Fédération des festivals de théâtre de proximité (FFTP). Qu’est-ce que cela signifie ? 

Hélène Marchand : Cela signifie que de nombreux festivals se retrouvent dans une nouvelle dynamique nationale de décentralisation. Tous les festivals qui adhérents à FFTP ont un ADN différent, mais ils ont tous en commun de créer leurs propres outils de création et de faire du théâtre dans des territoires à l’écart des grosses machines culturelles. Cette année les artistes que nous invitons ont d’ailleurs créé un festival (SITU) qui fait également partie de la FFTP. Cette fédération est le moyen, je crois, de revendiquer un mouvement national et de souligner l’importance de ces évènements qui participent à la vitalité des campagnes et à l’égalité d’accès à la culture.  

Quelle est la programmation de cet été ?  

Hélène Marchand : Cette année le groupe O (Lara Marcou et Marc Vittecoq) adapte Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht. Le spectacle jeune public sera Polar Grenadine mis en scène par Didier Ruiz/ La compagnie des Hommes. Jean Bechetoille mettra en scène une série noire théâtrale en trois épisodes, que j’ai coécrit. Enfin, Aline Reviriaud / Idem Collectif dirgera le jeune circassien Léonardo Ferrera dans les ruines d’une grange. Et toujours en parallèle, des concerts, un Karaoké, une école du spectateur, un « dance floor » et des surprises.

Que pouvons-nous vous souhaiter ? 

Hélène Marchand : Vous pouvez nous souhaiter une météo clémente comme pour tous les festivals de l’été et d’obtenir toutes les subventions demandées !

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore 

La nuit la plus chaude
4e édition
Treigny-Perreuse-Sainte Colombe
Du 28 au 31 juillet 2022

Crédit photos © Guillaume Bosson et © Adrien Selbert

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com