Bandeau du festival à vif

Au Festival à vif de Vire, on ne prend pas les adolescents pour des andouilles

A Vire, le Festival à Vif, fête théâtrale autour de l’adolescence se déroule du 9 au 17 mai.

Bandeau du festival à vif

Le Préau, centre dramatique national de Normandie-Vire, organise depuis quelques années déjà une manifestation originale, le Festival à Vif. Ce concept, qui est « un endroit de rencontre et de fête théâtrale autour de l’adolescence », mériterait de faire bien des émules dans les régions de France.

Sous le ciel changeant des beaux bocages normands, l’imper à porter de mains, nous assistions ce mardi 9 mai à l’ouverture de ce festival « ouvert à tous les âges, où les adultes communiquent avec les plus jeunes au travers du théâtre, de spectacles accueillis ou de sa pratique », qui remplace l’ancien festival ADO. L’adolescence est une période souvent négligée : trop grands pour les spectacles jeune public, parfois encore trop « petits » pour les spectacles de grands, ces jeunes en devenir s’ouvrent à la vie et à la compréhension du monde. Mais quoi de mieux que le théâtre pour leur parler du monde dans lequel ils s’apprêtent à vivre ?

Le temps des métamorphoses
Lucie Berelowitsch à l’ouverture du Festival à vif © DR

Donc après deux averses parsemées de beaux rayons de soleil, le parvis du Préau est à la fête. Une joyeuse horde d’adolescents excités comme des puces se prépare. Ils viennent de Vire, évidemment, mais également, du Havre, d’Alençon et de Caen. Ces derniers passeront tout le festival sur place, assistant aux spectacles, aux tables rondes et participant aux ateliers. À travers des saynètes et des sketches pas toujours bien préparés mais montés avec tout leur cœur, ils ont la charge d’ouvrir les festivités. La musique n’est pas oubliée, et les élèves du conservatoire qui nous donnent un mini-concert rock assez réussi.

Cette édition, conçue et pensée par la directrice du Préau, Lucie Berelowitsch, et son équipe, s’intitule « Métamorphoses ». Un thème qui parle beaucoup lorsque l’on s’apprête à quitter sa peau d’enfant pour muer en futur adulte. Le chemin est souvent chaotique, semé de désillusions et de doutes, mais si riche en découvertes. Les petites scènes présentées par les élèves de première option théâtre montraient bien leurs questionnements sur l’identité. Le défilé final fut un tourbillon de déguisements où tous les genres étaient permis. Après un beau lancé de confettis, tout le monde s’est rendu dans la grande salle du théâtre pour assister à la première représentation du festival. Elle ouvre une progrmmation qui compte six spectacles, présentés au Préau, à la Halle Michel Drucker et dans les établissements scolaires jusqu’au 17 mai.

Du théâtre au lycée
Dans ta peau © DR
Dans ta peau © DR

C’est à l’artiste associée Julie Ménard et sa compagnie La Fugitive de débuter les folies théâtrales. Dans ta peau est un conte musical et fantastique où il est question des « renoncements qu’impose la transformation d’une femme en artiste, puis en star ». Des sujets qui ne peuvent que séduire ces jeunes qui rêvent de devenir artistes. Dans la lignée de Phantom of the Paradise, mené par Ménard elle-même, la comédienne Léopoldine Hummel et Romain Tiriakian aux compositions, le spectacle propose une quête qui ne nous aura pas sauvés de l’ennui. Visiblement, ça n’est pas la même chose pour la majorité des jeunes spectateurs présents dans la salle. Tant mieux, c’est fait pour eux ! Après le spectacle, la fête bat son plein.

Le lendemain, toujours entre deux rayons de soleil, nous nous retrouvons à nouveau sous le parvis du Préau. Les jeunes terminent leur petit-déjeuner dans le restaurant du théâtre. À 9h45 pétantes, tout le monde monte dans les cars, direction le lycée agricole de Vire, pour assister au spectacle de la Cie Das Plateau. Pénélopes est une forme itinérante, basée sur des entretiens menés avec des habitantes de chaque endroit où le spectacle se pose. Il permet ainsi d’entendre et, surtout, d’écouter, sans aucun jugement, ces femmes qui racontent leur fragilité et leur force. S’appuyant sur le dispositif sonore et visuel de la mise en scène de Céleste Germe, la comédienne Maëlys Ricordeau, jouant sur les métamorphoses et les prouesses technique de jeu, réalisent une performance étonnante. C’est remarquable. Lors du bord plateau, les questions fusent.

Retour en car pour Vire, les jeunes partent déjeuner avant d’assister dans l’après-midi à une table ronde, sur « l’art du spectateur ». Un sujet important, souvent passionnant. Après un café avec une Lucie Berelowitsch rendue radieuse par ces premiers moments de festival, il est temps de redescendre à pied à la gare, direction Paris. Une chance, la pluie avait cessé !

Marie-Céline Nivière – Envoyée spéciale à Vire

Festival à Vif 2023
Le Préau
Place Castel
14500 Vire
Du 9 au 17 mai 2023.

Dans ta peau, texte et mise en scène de Julie Ménard.
Composition musicale et texte des chansons Romain Tiriakian.
Collaboration artistique d’Anna Carraud.
Avec Garance Durand-Caminos (comédienne permanente du Préau), Léopoldine Hummel, Baptiste Mayoraz (comédien permanent 2020/ 22 du Préau), Romain Tiriakian, avec les voix de Pauline Bolcatto, Jean-Charles Dumay, Riad Gahmi, Anne Seiller.
Scénographie de Camille Duchemin.
Lumières de Théo Le Menthéour, en collaboration avec Jérémie Papin.
Son de Vincent Hoppe.
Costumes d’Anna Carraud, en collaboration avec Tom Savonet et Marnie Langlois.
Créations sonores de Julien Lafosse.
Durée 1h30.
À partir de 14 ans.

Pénélopes, de Das Plateau.
Collection de formes in situ, d’après l’Odyssée d’Homère et avec des entretiens d’habitantes du territoire.
Mise en scène Céleste Germe.
Collaboration artistique et jeu de Maëlys Ricordeau.
Composition musicale de J. Stambach.
Durée une heure
Dès 15 ans.

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