Sans Famille d’Hector Malot. Mise en scène de Léna Bréban © Christophe Raynaud De Lage

Sans Famille, le conte d’hiver du Français

Au Vieux-Colombier, Léna Bréban et son complice, Alexandre Zambeaux, adaptent avec ingéniosité et malice le roman initiatique d’Hector Malot.

Au Vieux-Colombier, Léna Bréban et son complice, Alexandre Zambeaux, adaptent avec ingéniosité et malice le roman initiatique d’Hector Malot et invitent à suivre les aventures rocambolesques du jeune Rémi. Porté par la troupe virtuose de la Comédie-Française, Sans Famille est une belle et lumineuse épopée à déguster sans modération de 6 à 106 ans. 

Cheveux blond platine, en pétard, Rémi (extraordinaire Véronique Vella) coule des jours heureux depuis plus de huit ans auprès de Mère Barberin (aimante Clotilde de Bayser), qui l’élève comme son fils, avec amour et tendresse. Il ne sait rien de ses origines, de son histoire. Le retour après une longue absence du mari (épatant Alexandre Zambeaux) va tout changer. Refusant de continuer à nourrir un enfant qu’il n’est pas le sien, il s’en débarrasse, le loue à un saltimbanque de passage, Maître Vitalis (détonant Thierry Hancisse). Commence alors pour le jeune garçon, une existence hors norme faite d’errance, d’aventures, d’expériences en tout genre. 

Une vie de saltimbanque 

Sans Famille d’Hector Malot. Mise en scène de Léna Bréban © Christophe Raynaud De Lage

Accompagnés du singe Joli-cœur (fantomatique Jean Chevalier) et du chien Capi (étonnant Bakary Sangaré), Vitalis et son apprenti vont de ville en ville, chantent, se débrouillent avec les moyens du bord pour manger, dormir. Certains jours la viande est tellement maigre, qu’il faut continuer coûte que coûte, ne pas s’arrêter, dormir dehors dans le froid, dans la neige. Mais le petit Rémi a une belle étoile qui veille sur lui. Malgré les coups durs, les doutes, les moments de peine, de tristesse, la joie l’emporte, la vie toujours plus vive, l’emporte. 

Une adaptation qui fait la part belle à l’imaginaire 

Sans Famille d’Hector Malot. Mise en scène de Léna Bréban © Christophe Raynaud De Lage

En s’attaquant à Sans Famille, œuvre la plus célèbre d’Hector Malot, paru en 1878, Léna Bréban continue à explorer le monde de l’enfance, le délicat passage vers une vie d’adulte. Lorsqu’elle lit à l’âge de huit ans, l‘histoire de ce petit garçon abandonné, son imaginaire s’emballe. Un monde bohème fait de roulottes, de vêtements rapiécées, d’animaux savants, de méchants à la mine patibulaire et de garnements au cœur d’or, défile devant ses yeux. Il n’en fallait pas plus pour titiller son imagination de metteuse en scène. Alors quand Éric Ruf, lui a proposée d’investir pour les fêtes, le Vieux-Colombier en 2020, l’idée d’adapter avec Alexandre Zambeaux, déjà dans Cabaret sous les Balcons, créé à L’Espace des Arts de Chalon-sur Saône, pendant le premier confinement, et destiné à sortir les EPHAD de leur isolement, et monter les aventures du petit Rémi s’est imposée comme une évidence. 

Un voyage initiatique 

Sans Famille d’Hector Malot. Mise en scène de Léna Bréban © Christophe Raynaud De Lage

Avec beaucoup d’inventivité, Léna Bréban fait de la scène un terrain de jeu pour les comédiens du Français. S’appuyant sur la scénographie ingénieuse d’Emmanuelle Roy, qui permet, aux spectateurs, des voyages immobiles sur les routes de France et d’Angleterre, elle signe un spectacle certes plutôt formel et assez classique mais, qui par la vitalité des comédiens et une adaptation très enlevée, devient au fil du temps follement extraordinaire. Il y a clairement de la magie dans l’air. Les enfants dans la salle ne s’y trompent pas. Ils rient, pleurent, s’identifient au petit garçon et se laissent emporter dans ses palpitantes aventures. 

Une distribution fabuleuse

Sans Famille d’Hector Malot. Mise en scène de Léna Bréban © Christophe Raynaud De Lage

En Rémi, Véronique Vella est tout simplement géniale. On n’oublie très vite qu’elle n’est pas un petit garçon de huit ans. En père de substitution, Thierry Hancisse est un parfait géant au grand cœur. En ami fidèle, Jean Chevalier séduit par ses facéties. Aux côtés de la troupe chevronnée du Français, deux comédiens et une comédienne (lumineuse Camille Seitz) ont rejoint l’aventure. Et ils sont épatants, tout particulièrement le jeune Antoine Prud’homme de la Boussinière, qui endosse à lui seul pas moins de six personnages tout plus délirants les uns que les autres. 

S’amusant de la farce pour aborder des sujets plus sombres, tel que l’exploitation des enfants, le deuil, la cupidité, Léna Bréban enchante petits et grands tout en rendant un magnifique hommage au théâtre.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Sans Famille d’Hector Malot
Théâtre du Vieux-Colombier

La Comédie-Française
21, rue du Vieux-Colombier
75006 Paris
Jusqu’au 9 janvier 2022
Durée 1h40

Adaptation de Léna Bréban et Alexandre Zambeaux
Mise en scène de Léna Bréban assistée d’Axelle Masliah
Dramaturgie d’Alexandre Zambeaux
Avec Véronique Vella, Thierry Hancisse, Clotilde de Bayser, Bakary Sangaré, Jean Chevalier Antoine Prud’homme de la Boussinière Alexandre Zambeaux Camille Seitz
Scénographie d’Emmanuelle Roy assistée de Chloé Bellemère
Costumes d’Alice Touvet
Lumières d’Arnaud Jung
Musique originale de Raphaël Aucler et Victor Belin
Marionnette de Carole Allemand
Maquillages et coiffures de Julie Poulain

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage, avec son aimable autorisation

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