FMTM Moby Dick. Cie Plexus Solaire. Yngvild Aspeli. © Christophe Raynaud de Lage

Les Marionnettes font un beau festival à Charleville-Mézières

Du 17 au 26 septembre 2021 a eu lieu la 21e édition à Charleville-Mézières du Festival mondial du Théâtre de la Marionnette, événement incontournable où l’on voyage d’un spectacle à un autre, d’une forme à une autre, avec émerveillement, curiosité, enchantement. Compte rendu d’un week-end enrichissant. Charleville-Mézières n’est pas uniquement la ville qui vit naître Rimbaud, elle est la cité des arts de la marionnette, avec son Institut International, lieu d’enseignement, d’expérimentation et de réflexion et surtout son festival, créé il y a 60 ans par Jacques Félix. Passé en 2011, sous la direction d’Anne–Françoise Cabanis à une fréquence bisannuelle, cet événement est devenu

Du 17 au 26 septembre 2021 a eu lieu la 21e édition à Charleville-Mézières du Festival mondial du Théâtre de la Marionnette, événement incontournable où l’on voyage d’un spectacle à un autre, d’une forme à une autre, avec émerveillement, curiosité, enchantement. Compte rendu d’un week-end enrichissant.

Charleville-Mézières n’est pas uniquement la ville qui vit naître Rimbaud, elle est la cité des arts de la marionnette, avec son Institut International, lieu d’enseignement, d’expérimentation et de réflexion et surtout son festival, créé il y a 60 ans par Jacques Félix. Passé en 2011, sous la direction d’AnneFrançoise Cabanis à une fréquence bisannuelle, cet événement est devenu plus que jamais incontournable. Il se déroule sur une dizaine de jours, avec son programme In et Off comme à Avignon. Cette 21e édition, préparée par le nouveau directeur Pierre-Yves Charlois, présentait 104 spectacles venus de 16 pays différents.

Un festival vibrant au cœur de la cité

FMTM Ubu Alfred Jerry  © Neville Tranter

Ce qui fait que ce festival se vit complètement dans la ville, ce  sont les bénévoles. Ces habitants de la ville et des environs, 500 en tout, se mettent à la disposition de la manifestation, accueillant les spectateurs dans les salles, se chargeant de la boutique, des réservations et du bar de la buvette du Village FMTM où l’ambiance est joyeuse. Et cette année avec les exigences sanitaires, ils n’ont pas chômé ! Et si les spectacles dans la rue étaient plutôt rares, la ville s’était parée d’habits de fête et toutes les boutiques présentaient en vitrine des marionnettes de tous les styles et les genres. La place Ducale et ses environs, avec ses stands et ses drôles de manèges, grouillaient de monde. C’était amusant de voir ces enfants se promenant avec une marionnette à la main et de songer que parmi eux se trouvait peut-être un artiste de demain !

Un programme bien ficelé

Le service de presse Myra m’ayant concocté un planning qui me permettait de voir les nombreux aspects des arts de la marionnette, en trois jours, j’ai assisté à neuf spectacles, traversant la ville de part en part, de salles de sport en théâtres. Il faisait beau, ce qui rendait ces déambulations bien agréables. 

Les coups de cœur 

FMTM Le Gonze de Lophilile Cie Placement libre  © David Séchaud

Moby Dick de la Compagnie PlexusSolaire, est un petit chef-d’œuvre adapté du roman d’Herman Melville, par Yngvild Aspeli. Sept acteurs, une cinquantaine de marionnettes, de toutes tailles, des projections vidéo, un orchestre forment l’univers presque en cinémascope de cette chasse à la baleine ! C’est un pur enchantement. 

Ubu, d’après Alfred Jarry, monté par un grand artiste, véritable pionner du genre, Neville Tranter, est un spectacle qui nous a arraché des larmes de rire ! Dans un ton très shakespearien et très Muppet show, Neville Tranter souligne le grotesque dangereux des dictateurs qu’ils soient de pacotilles ou autres !


L’imposture de Lucie Hanoy. Cette artiste présente un seul en scène où elle se raconte. La dramaturgie est basée sur les trois thèmes de sa vie : Je suis Lesbienne, je suis grosse et je suis marionnettiste ! Si, le spectacle est encore un peu vert, la prestation de cette jeune artiste à l’avenir prometteur nous a séduit par sa sincérité, sa malice et ses trouvailles scéniques. Et puis elle nous permet de nous réconcilier avec nous-même, notre corps et notre enfance. Ce qui n’est pas rien !

Les belles découvertes

FMT À poils de la Cie S’appelle Reviens © Jean Louis Fernandez

Pescator de la compagnie chilien Silencio Blanco, raconte les déboires d’un pauvre marin. S’attachant à montrer comme un ballet, le travail des artistes manipulateurs, (proche de celui Philippe Genty. Si l’histoire était un peu faible, la réalisation était magnifique. 

Le Gonze de Lopiphile par la Cie Placement libre nous a entraîné dans un univers plus proche du cirque, avec des numéros assez originaux. On y parle de chaos, de ruines, de déconstruction, d’archéologie à l’aide d’objets allant des colonnes antiques à des rouages en acier. C’est déjanté et fort bien ficelé !

À poils de la Cie S’appelle Reviens est un ovni destiné aux petits comme aux grands. Cela démarre par une scène vide qu’il va nous falloir mettre en place avec des techniciens bien barrés et cela se termine sous un chapiteau de poils multicolores. C’est surprenant et très drôle ! 

Un artiste de la faim, de Josh Luxenberg, d’après Kafka, mis en scène par Joshua William Gelb, interprété par Jon Levin, est une performance très visuelle où les gags n’empêchent pas l’émotion. Mélangent le théâtre, les marionnettes sur tables, les ombres et même les numéros de cabaret, dans un humour très new-yorkais, ils rendent un hommage aux artistes, à ceux qui finissent oubliés parce que leur prestation n’est plus au goût du jour. Et c’est beau !

Les découvertes

FMTM L’artiste de la faim de Josh Luxenberg  © Adam Kissick

Women’s land de la Cie Méandres est un spectacle en devenir sur un sujet important, le vagin ! A travers cette petite forme « sulfureuse », non dénuée d’humour, les artistes se questionnent sur la féminité. Il y a de belles trouvailles et des choses moins convaincantes, mais il est certain que ce spectacle ne laisse pas de marbre !

The Nights par la Katkatha Puppet Arts Trust. Ce spectacle, venu d’Inde, s’inspire des Contes des Mille et une nuits.Visuellement, cela marche très bien, malheureusement, l’absence de surtitre et mon mauvais anglais, m’ont empêché d’en savourer le texte pour apprécier pleinement ce spectacle riche et dense.

Marie-Céline Nivière

Festival Mondial du Théâtre de la Marionnette

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage, © Neville Tranter, © David Séchaud, © Jean Louis Fernandez, © Adam Kissick

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