Nos coeur en terre de David Wahl et Olivier de Sagazan © Christophe Raynaud de Lage

Vive le sujet !, des duos d’artistes inventifs et particulièrement savoureux

Comme à chaque édition de Festival, Vive le sujet ! propose des formes théâtrales courtes et multidisciplinaires.

Dans le jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph à Avignon, comme à chaque édition de Festival, Vive le sujet !, programme imaginé en collaboration avec la SACD, des artistes de tous arts qui ne se connaissent pas, ont carte blanche pour créer une œuvre originale d’une quarantaine de minutes. Cette année, Johanny Bert, Violaine Schwartz, Victoria Belén, David Wahl et Olivier de Sagazan ont fait notre bonheur !

Dans une petite cour du Lycée Saint-Joseph, haut lieu de représentation du Festival d’Avignon, une vierge, cachée par des arbres, donne son nom à l’endroit. Sur une scène de bois peinte en gris clair, montée pour l’occasion, quatre programmes, tous originaux, se succèdent. Véritable laboratoire créatif, Vive le Sujet ! du Festival d’Avignon et de la SACD est un endroit de rencontre entre deux artistes d’univers, de disciplines différentes. 

Accueillir l’autre, l’accepter
DE L UNE A L HOTE.  Texte Violaine Schwartz Victoria Belen. © Christophe Raynaud de Lage

Sur le plateau nu, une chaise est posée. Elle est l’unique objet de décor. Deux femmes font leur entrée,l’une très chic, aux faux airs de Valérie Lemercier, de Dominique Valadié, l’autre visage souriant plus petite, plus décontractée. La première, Violaine Schwartz manie les mots comme personne, s’amuse à les détourner de leur sens premier. Il y a du Devos dans sa manière de raconter les histoires, d’explorer la langue. La seconde, l’Argentine Victoria Belén est acrobate. Son corps est un terrain de jeu infini. Malléable, elle le tord dans tous les sens et répond à sa manière, par le geste, au propos de l’autre. Partant de l’initiative du collectif PEROU, tout autour (une œuvre commune), sorte de recueil de témoignages recueillis à Calais, au sein des multiples communautés d’exilés, les deux artistes s’intéressent à notre capacité de plus en plus réduite d’accueillir l’autre, d’offrir généreusement l’hospitalité et invitent à un pas de deux caustique et exquis entre texte et mouvement. Un joli moment plein d’intelligence et de grâce. 

L’argile comme ciment 
Nos coeur en terre de David Wahl et Olivier de Sagazan © Christophe Raynaud de Lage

L’un (David Wahl) a l’art du discours, l’autre (Olivier de Sagazan) est un performateur et plasticien qui utilise tous types de matière dans sa créativité. Leur union ne pouvait faire que des étincelles et accouchait d’une œuvre hybride de toute beauté. Partant de l’histoire singulière de Pierre Borel, un médecin ordinaire, qui était persuadé détenir la preuve irréfutable de la sexualité des pierres, les deux artistes dérivent sur de multiples théories où s’opposent terre et chair, vivant et inerte. À la faconde de David Wahl répond la frugalité de mots d’Olivier de Sagazan, aux gestes artistiques et « argilisés » d’Olivier de Sagazan, l’immobilité de David Wahl. Tout cela pourrait paraitre bien étrange, si dans les interstices de ce joyeux bordel, n’émergeait pas des élans poétiques, des images saisissantes de monstrueuse beauté. Œuvre ovniesque a n’en pas douter, Nos Cœurs en terre est une bulle suspendue qui émerveille et charme par sa délicieuse incongruité. 

De l’éphémère des choses 
Làoùtesyeuxseposent de Johanny Bert © Christophe Raynaud de Lage

Pour finir avec ses premiers programmes courts, Johanny Bert propose un voyage immobile autant que fantastique. Enfermé dans un immense socle gris, avec la comédienne Faustine Lancel, il manipule des d’objets pour donner vie à une surface lisse, inerte. Se laissant porter par la musique jouée en direct par Thomas Quinart, il immerge le spectateur dans une sorte de rêve mystique, de cauchemar éveillé où s’entremêlent les images, les fugaces visions d’un monde qui partirait en sucette. La nature est ici omniprésente, elle semble vouloir envahir le plateau, reprendre sa place. Les racines grandissent explosant tout sur leur passage, de gros rats noirs viennent hanter les lieux. Maître marionnettiste de l’absurde et de l’autodérision, Johanny Bert ne peut s’empêcher de brouiller les pistes, de gentiment provoquer la bien-pensance. Sortant de nulle part, des poupées gonflables, une femme, un homme, apparaissent dans toute leur nudité sexuée avant de disparaître à nouveau. Avec Làoùtesyeuxseposent, l’artiste signe une œuvre hybride à l’onirisme noir, qui comme toujours déplace le public vers un ailleurs imaginaire et foisonnant qui attrape, saisit et ensorcèle.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Vive le sujet ! 
Festival d’Avignon
Le Jardin de la vierge du Lycée Saint-Joseph

De l’une à l’hôte de Violaine Schwartz avec des extraits de Tout autour, Une œuvre commune du collectif PEROU – Pôle d’exploration des ressources urbaines
Avec Victoria Belén et Violaine Schwartz
Collaboration artistique Pierre Baux
Son Emmanuel Baux

Nos cœurs en terre de David Wahl
Conception et réalisation David Wahl et Olivier de Sagazan 
Mise en scène de Gaëlle Hausermann

Làoùtesyeuxseposent
Conception et mise en scène de Johanny Bert
avec Faustine Lancel, Thomas Quinart, Johanny Bert 
Scénographie d’Amandine Livet
Dramaturgie d’Olivia Burton
Equipe de construction en complément des interprètes Guenièvre Lafarge, Pétronille Salomé, Gilles Richard, Christophe Kiss, Anthony Diaz, Fabrice Coudert, Baptiste Klein.
Voix Off Juliette Alain

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

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