Zachary Fall © DR

Zachary Fall, archange au cœur de la tourmente

Dans Dans La Foule de Mauvignier, mise en scène par Bouffier au Printemps des Comédiens, Zachary Fall se glisse dans la peau d'un supporter.

Enfant de la balle, silhouette angélique, Zachary Fall suit le chemin tracé par ses parents. A l’affiche du dernier spectacle de Julien Bouffier, Dans la Foule, d’après le roman de Mauvignier, qui se jouera du 18 au 20 Juin 2021 au Printemps des Comédiens, l’acteur franco-américain se glisse dans la peau d’un supporter de Liverpool happé par le drame du stade du Heysel aux portes de Bruxelles, le 29 mai 1985. Une rencontre humaine aux portes de l’enfer.

Zachary Fall dans Dans la Foule de Laurent Mauvignier. Mise en scène Julien Bouffier © OFGDA

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Ma mère étant danseuse / chorégraphe, et mon père metteur en scène / comédien, j’ai grandi en allant voir beaucoup de spectacles et de répétitions – que je le veuille ou non ! Enfant, lorsque je n’avais pas encore appris les bases du convenable, il m’arrivait d’être trop vocal lorsqu’un spectacle m’ennuyait, au grand dam de mes parents. Mais mon premier souvenir reste celui des spectacles de guignol dans les parcs parisiens que ma sœur et moi tentions ensuite de reproduire chez nous, où nous avions un petit théâtre en carton, avec des peluches, chaussettes et quelques marionnettes.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
J’ai toujours été attiré par le récit, les histoires, les personnages et leurs périples. Grand consommateur de mangas et de BD, j’ai d’abord cherché à poursuivre une carrière dans l’illustration et l’animation, mais je me suis vite senti frustré, car je n’arrivais pas à animer mes personnages aussi bien que je ne les jouais. En parallèle, j’avais aussi commencé à travailler en tant qu’ouvreur au CDN de Montpellier, le Théâtre des Treize Vents, voyant ainsi beaucoup de spectacles et développant un nouvel intérêt pour les arts vivants. J’allais également plus au cinéma, et je me souviens avoir beaucoup envié les acteurs du film Cloverfield de J.J. Abrams, ce qui m’a mené à suivre un stage d’été avec la New York Film Academy à La Fémis. Je me suis tout de suite senti dans mon élément. Et enfin, mon père avait besoin d’un jeune acteur pour une production de Richard III et m’a demandé si cela m’intéresserait. J’ai dit oui, l’expérience fut magnifique et l’année suivante, je quittais mes études d’animation et auditionnais pour les grandes écoles londoniennes.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
Probablement le désir de vivre autant de vies que possible et de regarder le monde avec empathie. Je suis très introverti, je ne suis pas toujours très bien dans ma peau, j’ai parfois du mal à m’exprimer… Je pense que ce travail m’a d’abord donné une échappatoire et l’opportunité d’explorer les parts de moi qui sont sûres d’elles et parlent avec assurance, mais il m’a aussi permis de faire la paix avec moi-même – mes vulnérabilités, mes colères, mes excentricités. Cela dit, la plus belle chose pour moi dans ce métier sont les rapports humains, la confiance et l’intimité qui se crée d’abord avec toute l’équipe puis avec le public. Ce sont des moments réellement magiques.

Zachary Fall dans Dans la Foule de Laurent Mauvignier. Mise en scène Julien Bouffier © DR

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Quand j’avais environ 11 ans, j’ai joué dans Pollicino (Le Petit Poucet) avec l’Opéra Junior de Montpellier. Il y avait une très belle scène durant laquelle les enfants font la rencontre des animaux de la forêt et dont je garde un souvenir envoûtant. Vers la fin du spectacle, les garçons chantaient avec les filles de l’ogre, mais il manquait une actrice pour compléter les paires. On m’a demandé si j’accepterais de jouer une des filles pour cette scène, ce que j’étais très heureux de faire. Plus tard, j’ai appris par mes parents que les organisateurs étaient nerveux de demander à un jeune garçon de jouer une fille. Je n’en avais aucune idée. C’était ma partie préférée du spectacle, j’étais tout fier dans ma perruque et ma robe.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Probablement Les Vivants et les Morts de Julien Bouffier au Théâtre des Treize Vents. De tous les spectacles que j’ai vus dans ce théâtre, je pense que c’est celui qui m’a le plus inspiré à poursuivre cette carrière. La musique jouée en live sur le plateau par le groupe Absinthe (provisoire), l’utilisation de caméras et vidéos, l’ambiance électrique et l’énergie des acteurs… Je n’avais encore jamais rien vu de pareil.

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Je pense que l’on fait de belles rencontres sur tous nos projets. Pour moi, ce sont souvent de simples actes de gentillesse dont je me rappelle. Une star de la série m’invitant à dîner après mon tout premier jour sur un plateau de tournage, un livre offert, une soirée au cinéma, des mots d’encouragement. Il y a tant de personnes généreuses et aimantes dans notre métier. Un beau moment était lorsqu’une amie nous a invités ma femme et moi au pot de première de la production de King Lear dans laquelle elle jouait. Ian McKellen tenait le rôle titulaire et nous sommes allés le saluer et le féliciter en personne. Il était très humble, ouvert et curieux, nous donnant toute son attention au cours de notre discussion. Il y avait beaucoup de bruit et peu de chaises, alors je me suis accroupi à côté de son fauteuil et nous avons passé quelques minutes ainsi à parler durant lesquelles il n’a pas lâché la main que je lui avais offerte.

Zachary fall © DR

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
C’est cathartique. C’est comme si ce métier était le seul moyen d’expulser une énergie qui s’accumule constamment en moi.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout. La musique, les sons, le silence ; la nature, la science-fiction ; la vie, la fantaisie ; les sensations – le goût, les odeurs, le toucher. Mais forcément, ce sont souvent les autres artistes, les peintres, sculpteurs/ices, cinéastes, danseurs/euses, écrivains/es ; mes amis, ma famille ; ma femme.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
C’est un lieu d’expression et d’existence autre. Un endroit réel et faux à la fois. C’est un lieu unique et magique.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le plexus solaire, mais aussi les poumons – pouvant à la fois me donner souffle et m’étouffer.

Zachary Fall © DR

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Un film fantastique ou de science-fiction avec J.J. Abrams, un drame avec Saoirse Ronan, un film d’horreur avec James Wan, une comédie avec Pierre Niney, et je ferais n’importe quoi avec Donald Glover.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
J’adorerais être dans un projet Marvel ou une grande production médiévale-fantastique. Jouer à combattre des êtres extraordinaires ou des créatures fantastiques, ou bien même en être une, ce serait comme réaliser un rêve d’enfant !

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Toy Story ou Paterson.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Dans la foule d’après le roman de Laurent Mauvignier
Mise en scène de Julien Bouffier
Résidence et répétitions au théâtre Jean Vilar
Printemps des Comédiens

Théâtre Jean-Claude Carrière
Domaine D’O
Montpellier
Du 18 au 20 juin 2021

Crédit photos © DR et © OFGDA

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