David Wahl © Sophie Palmier

David Wahl au cœur du récit

En pleine préparation d'Avignon, l'auteur et interprète, David Wahl, reprend dans les jours à venir les tournées de ses causeries.

En pleine préparation, avec le plasticien-performeur Olivier de Sagazan, d’une pièce pour le Festival d’Avignon, qui sera présentée dans le cadre du ViVe le Sujet ! au Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph, David Wahl reprend, dans les prochains jours, les tournées de ses causeries autour des questions de l’environnement. Du MAIF social club, où il a ses habitudes, en passant par le Théâtre de Châtillon ou La Manufacture, cet été, l’auteur et interprète ne ménage pas sa peine, sa plume et son inventivité pour intéresser petits et grands à l’état de la planète.

Histoire de fouilles de David Wahl © Erwan Floch

Quel est votre premier souvenir de théâtre ?
Je devais avoir 6 ou 7 ans. Mon père m’avait emmené au théâtre. C’était la première fois. Nous étions seulement tous les deux. Je ne me souviens plus du nom de la pièce — et je ne veux pas le retrouver — mais de presque tout le reste. Jacques Dufilho y jouait le rôle d’un clochard.
Et ça m’avait bouleversé que des gens bien mis viennent voir et entendre un clochard alors que, dans la rue, on les évitait plutôt. J’avais l’impression (celle-ci est encore très nette dans ma mémoire) de vivre comme une expérience de monde parallèle où tout s’inversait. Je me souviens aussi que j’étais à ce point trompé par le réalisme des acteurs, que je ne pouvais imaginer que l’histoire et le jeu s’arrêtent avec la scène. Je croyais que tout se continuait dans les parties cachées, que les coulisses étaient comme des couloirs spatio-temporels où s’étirait un monde dissimulé. Bref le théâtre m’apparut tout d’abord comme un lieu de sortilèges.

Quel a été l’élément déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Je ne sais pas vraiment. J’ai toujours aimé écrire, alors…ça, c’est fait comme ça, dans un écoulement paisible de soi.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être auteur et interprète de vos récits ?
J’ai toujours aimé raconter des histoires, j’ai donc écrit les miennes. Et puis ce dont je raffole, c’est la recherche en amont de l’écriture. Ne rien savoir au départ, rencontrer toutes sortes de chercheurs, découvrir des endroits étonnants et peu à peu, se poser des questions, laisser naître un émerveillement et armé de sa pensée, escalader …

Le sale discours de David Wahl © Erwan Floch

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Ah la la…Affreux. J’étais en primaire. C’était le bicentenaire de la Révolution française. Avec tous les élèves, on faisait un spectacle pour la kermesse à l’école. On m’avait donné le rôle de Louis XVI. Ma grand-mère, qui était très bonne couturière, avait cousu pour moi le plus beau costume qui soit. J’en étais très fier. Je portais une perruque blanche (en cheveux plastoques, mais bon ça faisait son petit effet). Je n’étais pas monté sur scène qu’on m’allongeait déjà sur le ventre, et plaçait ma tête dans une boite à chaussure (seule partie de la guillotine de carton dont je me souvienne). Une main m’y arrachait ma perruque pour la placer sur une fausse tête en polystyrène peinturluré de rouge sang. Et tous les enfants, habillés en sans-culottes, acclamaient mon exécution y compris mes copains. J’étais trauma ! Mon premier rôle fut une mise à mort. Et pour tout dire, encore aujourd’hui je ne puis voir un bonnet phrygien sans émoi…

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Le Jules César de Castellucci. À l’Odéon.

Vos plus belles rencontres ? 
Mon équipe, et plus particulièrement Mariène Affou, Dorothée Duplan et Gaëlle Haüsermann avec qui nous avons fondé et développé la compagnie.

En quoi votre métier est-il essentiel à votre équilibre ? 
Par ce qu’il m’apprend sans cesse.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
L’étonnement.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
La scène, ou l’espace de jeu (car je ne tiens pas forcément au plateau de théâtre) c’est pour moi un endroit paradoxal : un espace public, d’échange avec un auditoire, et aussi de solitude. Car inviolable : l’espace scénique protège de toute intrusion. Personne n’y vient comme ça. C’est du vide solide. Comme un mur invisible… Je m’y sens en sécurité. Le plus souvent, j’y suis seul. Et j’aime cette conjonction des opposés : Être seul dans un lieu peuplé.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Tête, bouche, voix.

Nos cœurs en terre de David Wahl et Olivier de Sagazan © Anne-Sophie Boulan

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
En amont de l’écriture de mes récits, je rencontre des scientifiques exceptionnels, des chercheurs qui me fascinent et, pour certains, que je rêvais de rencontrer depuis longtemps. Je serai enthousiasmé à l’idée de travailler avec des astronautes, des astrophysiciens, des chercheurs qui étudient la possibilité de s’adapter bio-technologiquement à des environnements extra-terrestres, des concepteurs d’engins spatiaux. De pénétrer les secrets de la conquête spatiale.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Si ce projet est vraiment fou, alors je ne peux l’imaginer avant qu’on me le propose.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
La Divine Comédie de Dante. Parce que dans ce poème, la théorie de l’amour implique une théorie de la connaissance. Tout y est. 

Olivier Fregaville-Gratian d’Amore

Histoire de fouilles de David Wahl
En partenariat avec La Biennale des arts numériques Némo
MAIF SOCIAL CLUB
Du 27 au 29 mai au Théâtre de Châtillon (92)
Les 31 mai et 1er juin au MAIF Social Club – Paris(75)

Le sale discours de David Wahl
Mise en espace de Pierre Guillois

Le 28 mai au Théâtre de Châtillon (92)
Le 3 juin au Théâtre du Champ au Roy – Guingamp (22)
Du 16 au 25 juillet à La Manufacture – Avignon (84)

Nos cœurs en terre de David Wahl et Olivier de Sagazan
création du 7 au 13 juillet à 1h relâche le 10 juillet
Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph
ViVe le Sujet ! Festival d’Avignon

Crédit photos © Sophie Palmier, © Erwan Floch et © Anne-Sophie Boulan

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