Au temps des Courtisanes

Au petit chien, Cerise Guy invite à un voyage dans le temps, une plongée dans l'effervescence de la Renaissance italienne.

Plongeant dans l’histoire de ces femmes qui vendaient leurs charmes, leurs esprits pour une vie meilleure, Cerise Guy signe un joli moment de théâtre féministe et touchant. 

Rome dans les années 1530, dans un décor de péplum fait de faux marbre vert, Véronica (épatante Julie Arnold) s’inquiète pour l’avenir de sa fille, Olympia (émouvante Marie Clément), née de ses amours tarifaires. Faute de savoir qui est le père, elle a placé cette enfant chérie au couvent pour racheter ses fautes autant que pour lui offrir un autre avenir. Confiant ses angoisses à Anthéa (étonnante Cerise Guy), la commère du quartier, elle s’interroge sur ce qu’est la vie de femme mariée. 

N’étant pas bien née, Olympia n’a d’autres choix que de devenir nonne, d’épouser un bourgeois ou en dernier recours de suivre les traces de sa mère. Ayant connu le plaisir de la chair, dépucelée par un charmant séminariste, la jeune femme semble attirer par cette existence de stupre, de débauche qui la fascine autant qu’il l’effraie. Une fois, la décision prise, plus de retour possible. Embrassant la courtisanerie avec gourmandise, sous le regard vigilant des deux femmes qui l’ont élevée, la charmante damoiselle fait son entrée dans ce monde de luxure et d’esprit. Son étoile brille, mais saura-t-elle éviter le piège de l’amour qui entraînerait son déclin ? 

Riche de ses lectures, de ses recherches sur le sujet, Cerise Guy dresse le portrait sensible de trois femmes au temps du Cinquecento. Son écriture légère, fine colle parfaitement à l’époque. Sans complaisance mais avec beaucoup de tendresse, elle fait de ces trois héroïnes, trois visages du féminisme : le doux, le virulent et le finaud. 

Si le propos pourrait être resserré quelque peu, le jeu des trois comédiennes fait mouche. En jeune évanescente, fausse prude, Marie Clément est à croquer. En curieuse patentée, bonimenteuse et guérisseuse aux onguents magiques autant que vénéneux, Cerise Guy est tonitruante et espiègle. Enfin, en courtisane sur le déclin, qui brûle avec intelligence ses derniers feux, Julie Arnold est bouleversante. 

Porté par ce sympathique casting, la pièce de Cerise Guy est un bien joli moment de théâtre dont le charme suranné est fort plaisant. 

Olivier Fregaville-Gratian d’Amore – envoyé spécial à Avignon


Courtisanes de Cerise Guy
Festival d’Avignon Le OFF
Théâtre du Petit Chien 
76, rue Guillaume Puy 
84000 Avignon
Jusqu’au 28 juillet 2019 à 19h00 (relâches les 10, 17 et 24 juillet 2019)
Durée 1h25


Mise en scène de Cerise Guy
avec Cerise Guy, Julie Arnold, Marie Clément
Costume de Catherine Gorne
Musique de Patrice Peyrieras
Décor de Nils Zachariasen
Création lumières d’Elias Attig
Régie de Manu Giraud

Crédit photo © Deyan

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