Cent mètres papillon, les rêves brisés d’un ado fonceur

Charmeuse, enchanteresse, l’eau de la piscine attire le jeune homme. Telle une maîtresse exigeante, elle l’engloutit, lui pompe, à son corps défendant toute son énergie et le laisse exsangue à côté du bassin. Plongeant dans ses souvenirs d’enfance, le jeune et talentueux Maxime Taffanel conte l’histoire d’une passion et d’un désamour, le récit d’un succès, d’un échec qui par touches construit l’homme en devenir.

Dans la pénombre, une silhouette apparaît. Droite, carrée, elle vacille dans les flots projetés en arrière-plan. La passion est trop forte, dévorante. Les eaux bleues captivent le jeune homme, le font chavirer. Il plonge, se love au creux de cet amour d’adolescent. Rien d’autre ne compte que la natation, la compétition. Obnubilé, obsédé, il se voit déjà sur le podium, remportant la médaille d’or. Sa carrière est déjà toute tracée. Il sera un sportif de haut-niveau.

Cent metres papillon_La Manufacture_Visuel 2 © Ludo Leleu_@loeildoliv

Athlétique, épaules larges, il est fait pour être nageur. S’entraînant sans relâche, ne comptant pas les heures, il s’épuise. Le succès est au rendez-vous contre toute attente, malgré les quolibets de ses camarades, il décroche la première place. Galvanisé par cette victoire, il se voit déjà comme le nouveau Michael Phelps, son modèle. La vie n’est malheureusement pas aussi simple. À force d’efforts, nageant après une chimère, la « niaque » l’abandonne. Devant son coach dépité par ses résultats de plus en plus médiocres, terriblement lucide, un choix s’offre à lui continuer ou renoncer ?

Avec beaucoup de justesse, Maxime Taffanel s’empare de ce sujet particulier et universel : les ambitions contrariées. Ancien athlète de haut niveau, sa musculature en témoigne, il connaît le sujet. Entre espoir et désillusion, entre joie et amertume, il signe un portrait touchant d’un adolescent qui se cherche, tente, tombe et se relève. Même si on aurait aimé qu’il creuse un peu plus les failles, les doutes de ce jeune homme à l’avenir à réinventer, le comédien captive par sa performance tout en délicatesse et énergie. Porté par la sobre mise en scène de Nelly Pulicani, il se donne à fond et évoque par quelques pas de danse frénétiques, acharnés les sensations de « glisse » qui l’ont toujours poussé à aller toujours plus loin en vain.

Véritable plongée dans le journal intime de cet ado de 16 ans, ses interrogations, ses questionnements, Cent mètres papillon séduit par la fraîcheur candide de son interprète.

par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Avignon


Aff_centmetrespapillonLa Manufacture_@loeildoliv
A la manufacture, Maxime Taffanel plonge dans le grand bain pour un Cent mètres papillon

Cent mètres papillon de Maxime Taffanel
Festival d’Avignon le OFF
La manufacture
Rue des écoles
84000 Avignon
jusqu’au 26 juillet 2018
Tous les jours à 16H25 relâches le 12 et 19 juillet 2018
Durée 1h05

Mise en scène de Nelly Pulicani
Sur une idée originale de Maxime Taffanel
Adaptation de Nelly Pulicani
Avec Maxime Taffanel
Création musicale de Maxence Vandevelde
Création lumières de Pascal Noel Conseils
Costumes d’Elsa Bourdin
Production Collectif Colette
Co-production Comédie de Picardie, Amiens
Ce spectacle est accueilli en résidence à la Corpus Fabrique, au Clos Sauvage, au Théâtre de L’Opprimé et au Théâtre de Vanves.
Avec le soutien de la Spedidam Administration Léa Fort Diffusion Scène 2, Séverine André Liebaut

Crédit Photos © Ludo Leleu

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