Couv_Douce_amere_Fau_bouffes parisiens°1740_©Marcel Hartmann_@loeildoliv

Douce-Amère, l’amour Fau en anémie cynique

Aux Bouffes Parisiens, Michel Fau tente de donner vie à Douce-Amère, la première comédie noire de Jean Poiret.

Passion délétère, désir impossible à assouvir, la femme en obscur objet de désir auquel aucun amour ne peut suffire à lui rendre un digne hommage, toute l’âme tourmentée de Jean Poiret vibre dans ce texte noir qui a bien du mal à passer les âges. Malgré une mise en scène seventies, inventive et fort colorée, Michel Fau achoppe, tout comme son auteur, à nous convaincre de sa cynique beauté.

Dans un salon post-futuriste et ultra-coloré, dont les années 1970 étaient si friandes, un couple en perdition, que le quotidien a usé, dérive à vue. Lui (extravagant Michel Fau) est un brillant cynique, qui, voyant sa femme lui échapper, construit autour d’elle une sorte de cage émotionnelle empêchant toute émancipation. Elle (éblouissante Mélanie Doutey), est une femme éprise de liberté, qui ne supporte plus l’emprise que son mari a sur sa vie, ses sentiments.

Couv_Douce_amere_Fau_bouffes parisiens_1127_©Marcel Hartmann_@loeildoliv

Réglant leur compte à coups de répliques assassines au goût de fiel, Elisabeth et Philippe se déchirent et invitent dans cette ronde mortifère les amants potentiels qui vont tenter de remplacer, dans le cœur de la belle, cet époux omniprésent à l’esprit ciselé, caustique. L’un après l’autre, les différents prétendants vont venir combler la triste et angoissante solitude qui gagne cette femme cérébrale, sensuelle et vibrante, incapable de vivre seule. Tous vont s’y casser les dents, du bellâtre italien (ténébreux David Kammenos), au  » toy-boy  » à peine sortie de l’adolescence (emprunté Rémy Laquittant), en passant par un double falot et misogyne (étonnant Christophe Paou) de son mari.

S’emparant de la première pièce écrite par Jean Poiret, tombée dans l’oubli à peine créée, Michel Fau patine à lui donner lustre et éclat. Il faut dire à sa décharge que malgré la plume ciselée du cynique et drolatique du dramaturge, le texte particulièrement mélancolique, presque neurasthénique se perd dans des volutes philosophiques un brin alambiquées. Loin de la Cage aux folles ou de Joyeuses Pâques, ses gros succès comiques, Douce-Amère est un reflet de son état d’âme, de son regard sur l’amour, sur la femme adorée, une immersion dans les méandres de ses pensées.

Malgré la scénographie inventive de Bernard Fau et de Natacha Markoff, les costumes psychédéliques de David Belogou, l’interprétation burlesque et comique de Michel Fau, la présence radieuse, intense de Mélanie Doutey, le sourire ravageur de Christophe Paou et le charme mystérieux de David Kammenos, rien n’y fait la sauce ne prend pas. Totalement englués dans une prose noire et très datée, les comédiens ont bien du mal à jouer leur partition nonobstant une bonne volonté palpable et une envie prégnante de défendre leur rôle.

Au-delà d’une impression d’enlisement dû à des monologues interminables, des assertions teintées d’un sexisme sous-jacent lié à l’époque – on est en 1970, en pleine révolution sexuelle -, la question se pose de l’intérêt de remonter en 2018 cette pièce surannée, déjà boudée par ses contemporains sans en apporter autre chose qu’une redite, un éclairage novateur. Quel dommage !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Passion délétère, désir impossible à assouvir, la femme en obscur objet de désir auquel aucun amour ne peut suffire à lui rendre un digne hommage, toute l'âme tourmentée de Jean Poiret vibre dans ce texte noir qui a bien du mal à passer les âges. Malgré une mise en scène seventies, inventive et fort colorée, Michel Fau achoppe, tout comme son auteur, à nous convaincre de sa cynique beauté.    Dans un salon post-futuriste et ultra-coloré, dont les années 1970 étaient si friandes, un couple en perdition, que le quotidien a usé, dérive à vue. Lui (extravagant Michel Fau) est un brillant cynique, qui, voyant sa femme lui échapper, construit autour d'elle une sorte de cage émotionnelle empêchant toute émancipation. Elle (éblouissante Mélanie Doutey), est une femme éprise de liberté, qui ne supporte plus l'emprise que son mari a sur sa vie, ses sentiments.    Réglant leur compte à coups de répliques assassines au goût de fiel, Elisabeth et Philippe se déchirent et invitent dans cette ronde mortifère les amants potentiels qui remplacent dans le cœur de la belle cet époux omniprésent à l'esprit ciselé, caustique. L'un après l'autre, les différents prétendants vont venir combler la triste et angoissante solitude qui gagne cette femme cérébrale, sensuelle et vibrante, incapable de vivre seule. Tous vont s'y casser les dents, du bellâtre italien (ténébreux David Kammenos), au " toy-boy " à peine sortie de l'adolescence (emprunté Rémy Laquittant), en passant par un double falot et misogyne (étonnant Christophe Paou) de son mari.   S'emparant de la première pièce écrite par Jean Poiret, tombée dans l'oubli à peine créée, Michel Fau patine à lui donner lustre et éclat. Il faut dire à sa décharge que malgré la plume ciselée du cynique et drolatique du dramaturge, le texte particulièrement mélancolique, presque neurasthénique se perd dans des volutes philosophiques un brin alambiquées. Loin de la Cage aux folles ou de Joyeuses Pâques, ses gros succès comiques, Douce-Amère est un reflet de son état d'âme, de son regard sur l'amour, sur la femme adorée, une immersion dans les méandres de ses pensées.   Malgré la scénographie inventive de Bernard Fau et de Natacha Markoff, les costumes psychédéliques de David Belogou, l'interprétation burlesque et comique de Michel Fau, la présence radieuse, intense de Mélanie Doutey, le sourire ravageur de Christophe Paou et le charme mystérieux de David Kammenos, rien n'y fait la sauce ne prend pas. Totalement englués dans une prose noire et très datée, les comédiens ont bien du mal à jouer les partitions nonobstant une bonne volonté palpable et une envie prégnante de défendre leur rôle.   Au-delà d'une impression d'enlisement dû à des monologues interminables, des assertions teintées d'un sexisme sous-jacent lié à l'époque - on est en 1970, en pleine révolution sexuelle -, la question se pose de l'intérêt de remonter en 2018 cette pièce surannée, déjà boudée par ses contemporains sans en apporter autre chose qu'une redite, un éclairage novateur. Quel dommage !  Douce-Amère de Jean Poiret Théâtre des Bouffes parisiens 4 Rue Monsigny 75002 Paris Jusqu'au 22 avril 2018 de mardi au samedi à 21h, en matinées le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h Durée 1h50 environ   Mise en scène de Michel Fau Avec Mélanie Doutey, Michel Fau, David Kammenos, Christophe Paou & Rémy Laquittant Décors de Bernard Fau Et Natacha Markoff Lumières de Joël Fabing Costumes de David Belugou

Douce-Amère de Jean Poiret
Théâtre des Bouffes parisiens
4 Rue Monsigny
75002 Paris
Jusqu’au 22 avril 2018
de mardi au samedi à 21h, en matinées le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h
Durée 1h50 environ

Mise en scène de Michel Fau
Avec Mélanie Doutey, Michel Fau, David Kammenos, Christophe Paou & Rémy Laquittant
Décors de Bernard Fau Et Natacha Markoff
Lumières de Joël Fabing
Costumes de David Belugou

Crédit photos © Marcel Hartmann

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