Depuis 2018, Mickaël Délis s’est donné un objectif, explorer à travers trois seuls en scène auto fictionnels le vaste sujet de la masculinité. Qu’est-ce qui fait le mâle sans faire de mal ? Après avoir abordé le genre dans le premier volet, Le premier sexe ou la grosse arnaque de la virilité, le sexe biologique dans La fête du slip ou le pipo de la puissance, il clôt ce cycle avec la thématique de la paternité dans Les paillettes de leur vie ou la paix déménage.
Tu deviendras un père mon fils, ou pas…

Le parcours pour un homosexuel dans son désir de paternité étant très sinueux, Mickaël, la quarantaine rugissante, a fini par abandonner l’idée d’être un jour père. Mais, il n’y a pas que cette raison. Il y a cette histoire de transmission. Et là, il est perdu. Son paternel en quittant la maison pour une autre, est devenu le grand absent. Sa mère s’est perdue dans une grande dépression. L’enfant qui demeure en lui en garde les séquelles. À la mort du père, l’adulte désespère de ne pouvoir réparer ses failles. Se reproduire impliquerait-il de répéter ses manques ? Serait-il capable d’accompagner un petit être sur les chemins de la vie sans trop lui faire de mal ?
Le don de soi
Lorsqu’une amie en PMA lui explique qu’il y a une pénurie de donneurs de sperme, Mickaël pense qu’il tient la solution. Il fera don de ses spermatozoïdes pour permettre à des couples, quels qu’ils soient, de devenir parents. Comme le souligne une connaissance, avoir l’avantage de la procréation sans les inconvénients de l’éducation ! La loi ayant changé, l’anonymat n’est plus obligatoire. Alors, quand le médecin du Centre de Conservations des Œufs et du Sperme humain lui demande d’écrire une lettre aux enfants à naître de son don, le vertige de la page blanche le saisit.
Partant en quête d’arguments auprès de sa mère, de son frère jumeau, de ses ami.e.s, des médecins, d’inconnus, Mickaël va trouver un nouveau sens à sa vie. Finalement, pas besoin d’être géniteur à temps complet ou partiel, il y a mille et une façons d’accompagner un enfant dans l’existence.
Une belle maturité
Tous les personnages de cette galerie de portraits finement exposés sont croqués remarquablement. La mère, point central de sa vie (et des deux précédents opus) prend ici une dimension bouleversante. Ses qualités d’interprète ont bien grandi depuis le premier opus. Cette maturité se ressent aussi dans la conception du spectacle. La mise en scène est de toute beauté. Un espace vide, avec en son centre un tas de petits rectangles de papier blanc, qui fait songer à un nid. Ces bouts de papier lui permettent de dessiner les lieux, mais aussi les actions, comme ce bain donné à son filleul. Ce spectacle ouvert sur la vie est magnifique.
Marie-Céline Nivière
Les paillettes de leur vie ou la paix déménage, de et par Mickaël Délis
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris.
Du 23 mai au 14 juin 2025
durée 1h15.
Possibilité de voir la trilogie complète les 7 et 8 juin.
Du 5 au 23 juillet 2025 à 21h30 (sf jeudi) au Festival Off Avignon au théâtre Avignon-Reine Blanche.
Co-mise en scène de Clément le Disquay et Mickaël Délis
assistés d’Anne-Charlotte Mesnier
Collaboration artistique de David Délis
à l’écriture de Romain Compingt
Lumières de Jérôme Baudouin.