Elle est douce, la voix de Mélissa Merlo qui vient se poser sur la poésie envolée de Serge Kribus. Pourtant, son récit n’a rien de fondamentalement réjouissant. Il y est question de La Faille qui vient de s’ouvrir sous nos pieds et qui menace d’engloutir le monde entier. Il faut dire qu’en dialogue avec le piano, la guitare ou le chant de Léo Nivot, tout semble pouvoir s’apaiser. Car malgré la terre qui gronde, la jeune femme à des désirs de liberté, de découvertes et de rencontres.
Sous les pavés, la faille
L’univers dans lequel évolue Solee, cette ado qui veut vivre, tient autant de la dystopie que du réel. Et c’est avec cette ambiguïté permanente que joue le texte, déroulant le fil d’un conte qui alterne les registres et les adresses. Tantôt à sa mère, tantôt aux inconnus d’un jour, Mélissa Merlo développe une impressionnante palette de nuances pour porter seule l’essentiel du récit. Sous la direction de Paul Pascot (La Prochaine Fois que tu mordras la poussière), elle évolue dans un espace d’une belle sobriété signé Christian Geschvindermann, dans lequel les lumières de Dominique Borrini soutiennent une parole à la fois fluide et morcelée.
Dans sa construction, La Faille se révèle comme un récit initiatique, une ode à la curiosité et à la joie de vivre. Si leurs échanges sont rares, les deux interprètes avancent ensemble sur ce sol que l’on sait craquelé. Face à l’apocalypse à venir, la soif d’exister n’en ressort que plus intense. Paul Pascot sait indéniablement comment embarquer le public dans cette traversée sensible très joliment interprétée.
La Faille de Serge Kribus
Théâtre des Halles – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet (relâche le mercredi)
Durée 1h30
Texte – Serge Kribus
Mise en scène – Paul Pascot
Avec Mélissa Merlo et Léo Nivot, en alternance avec Maxime Crescini
Assistanat à la mise en scène – Marguerite de Hillerin
Création lumière – Dominique Borrini
Musique et création sonore – Léo Nivot
Ingénieur du son – Rémi Le Taillandier
Scénographie et régie générale – Christian Geschvindermann
Stagiaire en scénographie – Louis Brondel
Régie lumière – Claire Boynard
Construction décor – Ateliers Contrevent
Texte publié aux éditions Actes Sud
Compagnie bon-qu’à-ça
