Soyons clairs, il faut laisser de côté tout esprit cartésien pour savourer cette histoire improbable. J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort raconte comment Rosalie s’est retrouvée avec une moustache qui lui a permis d’appréhender la vie. Écrit à hauteur d’enfant, ce texte a la saveur du Petit Nicolas de Goscinny et Sempé. Mais elle est également écrite à hauteur d’adulte, et là il faut bien connaître le parcours du comédien décédé en 2017.
« Et je préfère rire de l’absurdité de la vie pour ne pas trop souffrir. »
Rosalie a ses mots, très imagés, pour dire ses maux, très concrets. Cette petite fille passe de la joie à la tristesse, sans trop savoir pourquoi. L’âge de raison étant atteint, sa perception du monde l’angoisse. C’est ce qu’elle nous raconte de toute sa candeur. Puis un matin, quelque chose la titille sur les lèvres. « Je suis montée sur le rehausseur pour voir dans la glace. Et je me suis vu. Avec une moustache. J’ai souri. Je n’avais plus l’air de ce que j’étais. Je me suis dit : Jean, ça te va bien. » Avec le flegme de l’acteur, elle va pouvoir se faire accepter comme elle est, trouver les bons amis, et porter un autre regard sur les adultes.
La mise en scène de Morgan Perez accompagne merveilleusement le petit monde de cette Zazie Bretonne. Thomas Drelon, au physique rondouillet, se glisse très curieusement avec une belle aisance dans l’enfance. Il est Rosalie ! Le comédien confirme, après sa remarquable prestation dans Je m’appelle Bashir Lazhar d’Évelyne de la Chenelière, qu’il est un grand interprète. Bravo.
J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort d’Adèle Fugère (Éditions Buchet-Chastel)
Théâtre des Béliers Avignon – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 12h50, relâche mercredi.
Durée 1h15.
Mis en scène par Morgan Perez
Avec Thomas Drelon
Concepteur lumières Patrick Touzard
Musique originale Théo Glaas
Scénographie Capucine Grou-Radenez
Costumes Bérengère Roland
Vidéos Édouard Granero.
