C’est une histoire vraie racontée comme une épopée. En 1895, le dramaturge Maurice Pottecher et sa compagne, la comédienne à succès Camille de Saint-Maurice, quittent Paris avec fracas. Leur objectif ? Inventer un théâtre ouvert à tous, loin des salles parisiennes et de leur public snob. Le Théâtre du Peuple de Bussang est né. Plus d’un siècle plus tard, l’actuelle directrice des lieux, Julie Delille, met en scène Hériter des brumes. Coécrit par Alix Fournier-Pittaluga et Paul Francesconi, ce feuilleton théâtral en six épisodes ambitionne de retracer près de 130 ans d’histoire de l’établissement bussenais — et de rappeler la genèse d’un projet longtemps jugé utopique.
Archives et bons mots
Présentée dans le bel écrin du théâtre de verdure, la pièce respecte les règles édictées dès 1895 par le couple Pottecher : deux tiers d’amateurs, peu de décors, peu de costumes. Tout repose sur l’excellent jeu des comédiens, et sur un texte mêlant extraits d’archives et traits d’esprit. La mise en scène, elle, s’inscrit habilement dans le paysage vosgien — celui-là même qui inspira les Pottecher. Comme dans cette scène puissante, où le fils de Maurice et Camille, mort à la guerre, s’avance lentement dans la forêt, éclairé par un rai de lumière dorée…
On regrette alors que l’élan s’essouffle peu à peu. Car d’intrigue, il est moins question dans les derniers épisodes. Les personnages si attachants des débuts quittent la scène, changement d’époque oblige. À leur place : les transformations, moins romanesques, du théâtre vosgien pour survivre. Puis, les assemblées de bénévoles, convoquant régulièrement l’esprit pionnier du créateur des lieux. Les Bussenais, venus nombreux à cette première d’Hériter des brumes, semblent ravis de se voir représentés sur scène. Le spectateur profane, lui, peut se sentir un peu lassé par la répétition de ces clins d’œil appuyés.
Hériter des brumes d’Alix Fournier-Pittaluga et Paul Francescon
Théâtre du Peuple de Bussang
Du 20 au 30 août 2025
Durée 6 x 1 heure.
Mise en scène de Julie Delille assistée de Sandrine Pirès
avec Raphaëlle de La Bouillerie, Axel Godard, Antoine Sastre, et 6 comédien·nes amateurices : Monique Cordella, Inaya Didierjean, Quentin Dupetit, Charlotte Gérard, Jennifer Halter, Benjamin Pourchet
Dramaturgie d’Alix Fournier-Pittaluga
Scénographie et costumes de Clémence Delille assistér d’Élise Villatte
Création musicale de Julien Lepreux
Création lumière d’Elsa Revol
Régie générale Fernando Rodrigues-Millos