En 2009, Mission Florimont, la comédie de l’ineffable duo Sacha Danino et Sébastien Azzopardi débarquait au Tristan Bernard, pour ensuite poursuivre une belle tournée avec plus de mille représentations. C’est une très bonne idée que de reprendre cette pièce loufoque qui fait ainsi une entrée très réussie au répertoire.
Un récit historique complètement farfelu
Il faut rendre honneur à Florimont de La Courneuve, ce grand Héraut. Ce n’est pas une faute d’orthographe puisque ce noble chevalier est un homme dont le rôle est de transmettre des messages, tout comme votre répondeur (!) Et puis pour être un héros, il lui manque quelques atouts. N’allez pas chercher dans les manuels d’histoire de France à la rubrique Renaissance l’existence de cet homme qui aurait sauvé la France sous François 1er, vous en serez pour vos frais !
Les deux auteurs ont créé de toutes pièces ce chevalier plein de peurs et de reproches pour écrire une pièce de cape et d’épée, avec des jeux de mots, du décalage, des anachronismes. Pour être raccord avec l’époque, la nôtre, ces traits d’esprits ont été finement (pas toujours, mais c’est drôle quand même) remis au goût du jour. En revanche, les cascades et les combats d’épée sont toujours aussi enlevés.
Une troupe au diapason de la comédie
Pour que tout cela se marie joyeusement sur la scène, il faut des interprètes hors pair. À la création, ils se nommaient Sébastien Castro, Guillaume Bouchède, Olivier Solivérès, Erwan Creignou (qui est toujours de la partie) et Julie Victor. Ils sont remplacés par d’autres comédiens qui brillent tout autant de leur talent. Comme la mode est aux alternances, cette fois-ci, ils sont un peu plus nombreux à se partager les rôles.
Le soir de notre venue, c’est l’épatant Benoît Cauden (Les producteurs) qui a endossé l’armure de pacotille du chevalier. Droit dans ses bottes, même quand cela dérape, il manie avec panache la « bêtasserie » et la niaiserie attachante de son personnage. C’est un prince charmant qui s’ignore. Dans le rôle de l’agent double, Margot, comtesse de Roissy Charles de Gaulle, sorte de Milady avant l’heure, Déborah Leclerq est une révélation. Cette chanteuse-comédienne (Ma version de l’histoire) nous avait caché ses talents comiques. Elle a le sens de la rupture et du rythme. Dans sa robe à la Blanche Neige, bleu et jaune, elle use de ses charmes et se prend au piège de l’amour.
Depuis longtemps, les grandes distributions ne sont plus à l’ordre du jour des productions. C’est dans cet esprit que Sébastien Azzopardi a demandé à trois comédiens de jouer les Fregoli pour endosser les cinquante autres rôles ! Et là c’est le délire. Pascal Buil (exceptionnel), Mathieu Brunel (extraordinaire) et Azzopardi lui-même (inénarrable) se dédoublent, voire se « détriplent », avec une grande virtuosité.
Un léger et efficace ravalement
Le décor d’Olivier Prost a évolué. Adieu les références aux tréteaux et bouts de chandelle qui ont fait les grandes heures de gloire des cabarets et du café-théâtre. La technologie est passée par là et Azzopardi la maîtrise parfaitement. Les habillages vidéo de Nathalie Cabrol font leur effet. Les costumes de Jackie Tadeoni sont flambants neufs. Les musiques d’Hervé Devolder et les chorégraphies de Linda Faoro et Cathy Arondel donnent un sacré cachet. Les temps sont chauds, alors gentes dames et damoiseaux enfourchez vos destriers, le bon humour, même potache, ça rafraîchit bien.
Mission Florimont de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino
La Gaîté Rive Gauche
Du 7 juin 2025 au 4 janvier 2026.
Durée 1h40
Mise en scène de Sébastien Azzopardi
assisté de Camille Jolivet
Avec Déborah Leclerq ou Camille Favre-Bulle, Benoît Cauden ou Pierre Marazin, et en alternance Sébastien Azzopardi, Erwan Creignou, Pierre Khorsand, Pascal Buil, Matthieu Burnel.
Musique d’Hervé Devolder
Décor d’Olivier Prost
Vidéo de Nathalie Cabrol
Lumières de Philippe Lacombe
Costumes de Jackie Tadeoni
Accessoires de Pauline Gallot
Chorégraphies de Linda faoro et Cathy Arrondel
Coach vocal Camille Favre-Bulle.