Comment est né le festival ?
Louise Fafa : En 2023, la compagnie Les Mille Printemps, basée à Montlieu-la-Garde (17) depuis 2015, insuffle l’idée de créer un événement autour de la création engagée, sur un territoire culturellement isolé. Poussés par une volonté de participer au dynamisme local, de désenclaver, dépolariser, ouvrir les discussions dans une ambiance conviviale et familiale, nous lançons l’aventure. Une quarantaine de bénévoles nous rejoignent, et le projet a pris vie.
Quelle est son identité ?

Louise Fafa : Le festival met en valeur les artistes qui envisagent leur art comme un outil d’ouverture au débat et un moyen de transmission. Celles et ceux qui croient au pouvoir de la culture dans la construction de réalités futures plus vivables pour toustes, plus inclusives, plus belles.
Spectacles, concerts, rencontres, débats, expos et ateliers composent la programmation de chaque édition. Aujourd’hui portée par une quarantaine de bénévoles, l’association Le Bruit des Printemps propose chaque année, en juin, deux jours de fête et de culture, en ruralité, autour d’une programmation artistique exigeante et accessible !
Le Bruit des Printemps, c’est un événement éco-responsable, cohérent et inclusif, un espace « safe » et bienveillant.
Cette année, c’est la troisième édition. Comment la manifestation s’inscrit-elle dans le territoire ?
Louise Fafa : Le festival réunit environ 500 personnes chaque année. Une majorité vient du territoire, mais pas seulement, : il y a aussi des personnes qui suivent l’aventure depuis Paris, Marseille, Avignon, Lyon, etc. Les bénévoles sont à la fois des habitant·e·s du coin et d’autres régions.
Douze bénévoles du territoire travaillent à l’année, et une quarantaine viennent en plus pour l’événement, certain·e·s depuis l’Île-de-France, la Bourgogne, PACA, etc.

Le festival est aussi l’occasion pour la compagnie Les Mille Printemps de mettre en valeur ses actions artistiques de l’année, sous diverses formes : représentations de spectacles montés avec les volontaires du territoire, exposition d’œuvres réalisées par les élèves du collège de Montlieu, ou encore, cette année, projection du film TRIOMPHE, tourné sur deux saisons, retraçant le parcours artistique mené avec certain·e·s résident·e·s de l’ESAT et du FO de Montlieu-la-Garde.
La restitution du chantier d’action artistique mené avec les habitant·e·s prend place dans la programmation. La conception du festival et l’exploration de sa thématique se font donc en lien étroit avec les publics. Ces temps de transmission, et leur visibilité dans la programmation, permettent à toustes de s’exprimer sur des sujets parfois complexes ou peu abordés, à travers la pratique artistique.
D’où vient son nom ?
Louise Fafa : Pour nous, « Les Printemps », c’est à la fois le foisonnement des projets, des idées, des créations, des vies… mais aussi les révolutions, les volontés de créer un monde nouveau, plus beau, plus juste, où tout le monde pourrait vivre en harmonie. C’est la lutte contre les discriminations, contre la haine, pour la justice, pour un meilleur vivre-ensemble.
Pourquoi l’avoir installé à Montlieu-la-Garde ?

Louise Fafa : Le festival prend place au cœur de notre village. Nous connaissons donc très bien les enjeux d’accès à la culture, pour les vivre au quotidien. Nous connaissons le réel engouement et la forte demande pour davantage de propositions artistiques. Le festival s’inscrit comme une réponse : il présente une programmation exigeante et accessible, sur un territoire encore trop souvent isolé de l’offre culturelle et des débats publics autour de sujets sociétaux d’une actualité brûlante.
C’est important pour vous d’ancrer la culture, l’art, dans la ruralité ?
Louise Fafa : Convaincu·e·s que l’avenir est à construire dans nos campagnes et à penser localement, il nous a semblé indispensable de consacrer du temps à comprendre notre territoire, à côtoyer celles et ceux qui l’occupent, pour proposer des projets cohérents, qui invitent à se rassembler, en impliquant le plus grand nombre dans nos activités de compagnie.
Depuis 2019, nous y vivons à l’année et pensons nos saisons autour de ce désir — et besoin — de dynamisation artistique et culturelle du territoire.
Aussi, la programmation met en lumière des artistes ruraux·ales et des acteurs culturels et militants du territoire (associations, artisan·e·s, etc.). Le festival est un événement estival ponctuel, que nous envisageons comme un projet au long cours, à faire grandir d’année en année.
Comment fonctionne le festival ?

Louise Fafa : Le festival se déroule sur deux jours. Il propose un parcours artistique pluridisciplinaire autour d’une thématique qui change chaque année. Cette année, nous avons choisi HISTOIRES VRAIES : une plongée dans des propositions documentaires, d’auto-fiction, de témoignages sous toutes leurs formes (danse, théâtre, musique, storytelling, jeu).
Les spectateur·ices achètent un pass à la journée ou pour les deux jours. Tout est pensé pour que le public puisse tout voir, tout en bénéficiant de temps de pause pour échanger, se restaurer, boire un verre, et profiter du marché sur la place du village, qui réunit artisan·e·s et associations locales.
Tout au long du festival, une exposition reste ouverte en continu, et nous proposons également des ateliers pour les enfants.
Comment programmez-vous ?
Louise Fafa : Les trois programmateur·ices sont Sarah Coulaud, Gabrielle Chalmont-Cavache et moi-même, artistes associé·e·s de la compagnie Les Mille Printemps. Notre mission est de définir la thématique de chaque édition et proposer des œuvres de grande qualité, accessibles à toustes. Nous nous déplaçons toute l’année en région, à Paris et à Avignon pour découvrir de nouveaux artistes. La programmation est ensuite construite à trois, puis proposée au reste de l’équipe.
Quels sont les temps forts de cette édition ?

Louise Fafa : Nous sommes très fier·e·s des artistes que nous accueillons ! Les musicien·ne·s sont incroyables : Venus VNR, Gildaa, Chelabôm… Nous présentons aussi la nouvelle création des Mille Printemps : GENRE !, une comédie interactive sur le sexisme.
Côté théâtre, nous accueillons des œuvres qui rencontrent un grand succès partout en France, notamment dans des réseaux prestigieux de scènes nationales et de CDN comme La Crèche de François Hien, Parler Pointu de Benjamin Tholozan.
Et cette année, nous sommes aussi très heureux·ses de pouvoir programmer davantage en extérieur, avec du théâtre de rue comme La Création du collectif La Flambée, un spectacle complètement déjanté qui va faire vibrer tout le village !
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Festival Le Bruit des Printemps
7 et 8 juin 2025
Montlieu-la-Garde