Après avoir gravi les nombreuses marches qui mènent au Paradis, le spectateur se retrouve plongé au milieu du XIXe siècle. Sur la scène, on aperçoit la statue du fameux Penseur, un poêle et tout un bric-à-brac. Vêtu d’une blouse, Auguste Rodin parachève le buste de Camille Claudel.
Toute la force de ce spectacle réside avant tout dans sa conception. Avec sa silhouette imposante, portant la longue barbe, Jean-Baptiste Seckler est Rodin. Ce « bouc sacré » qui a désorganisé l’Académisme pompeux pour révolutionner la Sculpture. Il est vraiment à l’ouvrage, croquant les courbes de son modèle, achevant la tête imposante de Victor Hugo. S’appuyant sur les clairs-obscurs des lumières de Martin Protais et Solange Milhaud, les vidéos de Merlin Pardo, sa scénographie est impressionnante.
C’est comme si Rodin était revenu de la Porte de l’enfer pour converser avec notre époque. Seckler a puisé dans les écrits, lettres, correspondances de l’artiste, des « pensées ». Quand il aborde l’intime, sa maîtresse Camille et son épouse Rose, il nous les livre avec un peu d’emphase. En revanche, il se fait plus juste, quand ces réflexions abordent la création, la vision de son art, la perception de la nature, et surtout les réactions de la critique déstabilisée par ce qu’elle ne comprenait pas. Et puis, il y a tous ces silences, où les doigts de l’artiste pétrissent l’argile, donnant matière à l’art et à sa beauté.
Le Penseur, au cœur l’atelier de Rodin, spectacle conçu et interprété par Jean-Baptiste Seckler
Lucernaire
Jusqu’au 27 juillet 2025.
Durée 1h.
Assistant mise en scène Mathieu Durand
Création vidéo Merlin Pardo
Lumières Martin Protais et Solange Milhaud
Costumes, décor, scénographie Jean-Baptiste Seckler.
