Léviathan - Destremau © Julie Cotinaud
© Julie Cotinaud

« Léviathan », l’objet poétique de Gwendoline Destremau

À l’Artéphile, la jeune autrice et metteuse en scène interroge sur ce mal étrange qu’est la violence faite aux femmes depuis la nuit des temps. Mais qui dit victime, dit bourreau.

Le titre, Léviathan, porte le nom de ce monstre aquatique effrayant et difficile à contrôler. Pourtant, on ne le verra jamais, même s’il demeure là, tapi dans l’ombre. Car il est le symbole de la violence faite aux femmes et c’est Cassandre, ressurgie des enfers, qui vient en dire les maux.

Sortie de sa mythologie, cette créature sublime vient, sous la plume brillante de Gwendoline Destemeau, exhorter le monde d’aujourd’hui à prendre conscience des dangers. Cassandre a croisé Apollon, qui en promesse d’amour lui a offert le don de lire l’avenir. Elle s’est refusé à lui. Il l’a punie. Personne ne croira ses prédictions. Comme le rappelle l’autrice, cette héroïne de la guerre de Troie est un mythe « pensés par des grands hommes aux cerveaux très agiles ». Cassandre va se raconter mais aussi sortir du cadre en évoquant d’autres drames, plus contemporains mais au fond aussi intemporels que les siens.

Dans une mise en scène très esthétique mêlant jeu, danse et musique, Clara Koskas (Les Aveugles) fait jaillir avec une belle adresse ce flot de mots, souvent rageurs, mais qui frappent juste. Et lorsqu’ils ne trouvent plus leur place pour nommer l’indicible, le corps se met en mouvement, au son du violoncelle d’Ariane Issartel, remplissant avec force l’espace. C’est saisissant.


Le léviathan, texte et mise en scène de Gwendoline Destremau.
Festival Off Avignon

L’artéphile
5 BIS – 7, rue du Bourg Neuf
84000 Avignon
Du 3 au 21 juillet 2024, relâche mardi.
Durée 1h.


Avec Clara Koskas, et Ariane Issartel (violoncelle).
Création lumières de Titiane Barthel.
Costume de Claire Fayel.
Régie d’Audric Reynaud.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com