Le papier peint jaune - Charlotte Perkins Gilman - Lætitia Poulalion - Mathilde Levesque © Luca Lomazzi
© Luca Lomazzi

Lætitia Poulalion fait magistralement face au Papier peint jaune

Au théâtre de la Reine Blanche, puis au Festival Off d’Avignon au Transversal, dans un spectacle de toute beauté, la comédienne donne vie au texte bouleversant de Charlotte Perkins Gilman.

Après la naissance de son cher bébé, Charlotte Perkins Gilman a traversé ce qu’aujourd’hui on appelle une dépression post-partum. Dans un récit édifiant, l’autrice américaine raconte le combat intérieur d’une jeune femme séquestrée dans une chambre, qui divague sur le papier peint jaune de la chambre.

Il n’était pas toujours bon d’être une femme sensible et indépendante à la fin du XIXe siècle… Au moindre coup de blues, on disait que vous aviez les nerfs fragiles, où pire, que vous étiez hystérique. Merci Freud ! À travers ce cri d’une femme que l’on enferme pour la faire sortir de sa folie, ce magnifique texte dénonce les méthodes psychiatriques de l’époque. Celles du docteur S.W. Mitchel, qu’elle cache sous les traits de son mari, qui ne conduisaient qu’à une destruction mentale. En féministe éclairée, elle met également en évidence l’enfermement sociétal de l’époque, qui empêchait aux femmes d’atteindre une autonomie intellectuelle, financière, d’être autre chose qu’une mère et une épouse dévouée. Quant à ce papier peint jaune, il sacralise toutes ses peurs, ses tourments, ses angoisses que son inconscient a besoin d’exprimer.

Lætitia Poulalion et Mathilde Levesque se sont emparées de ce texte avec une grande intelligence. Puisque l’autrice utilise le genre fantastique dans la lignée d’Edgar Poe, la scénographie s’en sert également. L’espace de jeu est réduit au sommier d’un lit, à la tête ornée d’un branchage. L’actrice est accrochée par sa robe à ses draps blancs. Cette camisole virginale la fait apparaître comme une madone entravée où une sorcière, selon les degrés de la lumière et de ses propos. Dans une interprétation au cordeau, la comédienne fait entendre les méandres de la pensée, les douleurs traversées de cette femme qui ne nous est jamais étrangère. C’est bouleversant.


Le papier peint jaune de Charlotte Perkins Gilman.
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris.
Du 13 mars au 14 avril 2024.
Durée 1h10.

29 juin au 21 juillet 2024 au Théâtre Transversal / Festival d’Avignon Off, à 14h20 (relâche le mardi).

Traduction de Marine Boutroue et Florian Targa
Mise en scène de Lætitia Poulalion et Mathilde Lévesque
Avec Lætitia Poulalion
Scénographie de Sandrine Lamblin
Création sonore d’Émilie Tramier
Musiques d’Alexandre Saada
Guitare Martial Bort
Lumières de Richard Arselin
Travail corporel de Leïla Gaudin
Costumes de Mariannick Poulhes

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