Le vertige - Hadrien Raccah © Bruno Zaraya
© Bruno Zaraya

Le vertige, l’amitié tenue en équilibre par un formidable quatuor

Au théâtre de la Madeleine, la nouvelle pièce d’Hadrien Raccah, mise en scène par Serge Postigo et interprétée par Andy Cocq, Alexis Moncorgé, Anne-Sophie Germanaz et Arthur Fenwick, rappelle, sous le ton de la comédie douce-amère, que l’existence tient souvent à un fil.

La vie peut donner le vertige. Elle ne tourne pas toujours rond et cela donne parfois le tournis. On a rêvé à ce qu’elle soit meilleure et douce. Mais les tracas, les déceptions, les désillusions font tanguer les bases et pour certains, la chute est inévitable. Hadrien Raccah l’annonce à travers la voix off d’une jeune fille venue de leur futur : l’un de ses personnages va se suicider et bouleverser son existence. Le suspens sera de savoir lequel des quatre… Même si on le subodore assez vite.

Le vertige - Hadrien Raccah © Bruno Zaraya
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C’est jour de fête pour Tom. Il célèbre la naissance de sa fille. Parce qu’il a su montrer ses faiblesses et ses contradictions, Alexis Moncorgé est excellent dans le rôle de ce trentenaire pour qui tout n’est que réussite, couple, boulot, appartement… Situé au dernier étage, ce lieu de vie incroyable possède une terrasse magnifique avec une vue imprenable. Sous les lumières éclatantes de Rouveyrollis, le décor de Stéfanie Jarre est somptueux. Il en impose. De ce fait, le spectateur se retrouve à la place du voisin regardant à son aise tout ce qui se passe en face, de l’autre côté de la rue. Appliquant l’adage bien connu, l’on voit bien mieux la paille dans l’œil du voisin que la poutre dans le sien, ce qui sera dit va nous atteindre et nous émouvoir.

La terrasse étant le lieu propice pour s’échapper et faire bande à part, Marc et Lisa y ont trouvé refuge, vite rejoints par Tom. Ils sont amis depuis l’enfance. Marc est également l’employé de ce dernier. Ça commence à lui peser. Andy Cocq incarne avec toute la sensibilité qu’on lui connaît cet homme caustique que la vie a rendu amer. Lisa est actrice. Enfin, comme le soulignera Tom, « Un métier où il n’y a que des bas, ça s’appelle le chômage ! ». Anne-Sophie Germanaz est formidable dans cette jeune femme qui mystifie ses relations pour combler le vide abyssal qu’est sa carrière. Arrive Benjamin, le petit frère de Tom. Ce gentil garçon a toujours eu de l’admiration pour ces grands qui, on le devine, l’ont toujours traîné avec eux. Arthur Fenwick est bouleversant dans ce personnage de grand adolescent attardé, poète et doux rêveur, qui n’arrive jamais à trouver sa place.

Le vertige - Hadrien Raccah © Bruno Zaraya
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Par le hasard de stores bloqués par un sale garnement, ces quatre vieux potes se retrouvent bloqués à l’extérieur. Le vernis va craquer. Chacun va dire à l’autre ses quatre vérités. Et tous, sauf un, vont tenter de s’accrocher à ce qui reste de leur amitié. Hadrien Raccah sait explorer les sentiments et les dérèglements de l’existence. Nous avions découvert cet auteur prometteur en 2006 pour sa première pièce, Terminus. Son talent s’est confirmé par la suite en 2007 avec Voyage pour Hennoc, puis en 2009 avec La dernière nuit, dans les belles mises en scène d’Anne Bouvier. On le retrouve ici dans une belle maturité. Ses personnages sont attachants même dans leurs défauts. Le Québécois, Serge Postigo, qui fut un si grandiose Producteur(s) chez Michalik, signe une mise en scène délicate et dynamique. Ce qu’il fallait pour ce spectacle tout en nuance.


Le vertige d’Hadrien Raccah
Théâtre de la Madeleine
19, rue de Surène
75008 Paris.
Jusqu’au 24 mars 2024
Durée 1h15

Mise en scène de Serge Postigo.
Avec Andy Cocq, Alexis Moncorgé, Anne-Sophie Germanaz, Arthur Fenwick
Lumières de Jacques Rouveyrollis et Jessica Duclos
Costumes de Marine Lehuédé
Décor de Stéfanie Jarre
Musiques de David Parienti

Bande annonce du Vertige d’Hadrien Raccah © Théâtre de la Madeleine
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