Florence Bourgeois © Jonathan Liense
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Florence Bourgeois : « Le but de Paris Photo est de faire découvrir le plus et le mieux possible »

L’édition 2023 de Paris Photo aura lieu du 9 au 12 novembre au Grand Palais éphémère. Rencontre avec sa directrice, Florence Bourgeois.

Florence Bourgeois © Jonathan Liense

L’édition 2023 du Salon international de la photographie s’installe au Grand Palais éphémère, à Paris, du 9 au 12 novembre. Rencontre avec Florence Bourgeois, à la tête de Paris Photo depuis 2015. 

© Jonathan Llense

La France est reconnue comme le pays de la photographie : non seulement elle peut se targuer d’avoir inventé le médium, mais elle concentre quelques-uns de ses rendez-vous internationaux les plus en vue. Les Rencontres de la photographie à Arles, le Salon de la Photo et, enfin, la foire Paris Photo placent notre pays à la pointe des événements professionnels et publics. Cette année encore, Paris Photo s’apprête à attirer des milliers de visiteurs dans le Grand Palais éphémère. Plusieurs pistes pour visiter cet immense ensemble : dans le secteur principal, les galeries, 133 pour 21 pays, les éditeurs au nombre de 35 ; le secteur Curiosa présente 17 artistes pour la première fois à la foire, soit ce que l’on désigne sous le terme d’émergence. Un nouveau secteur sera inauguré, dédié à l’art digital. Autre parcours passionnant, celui consacré aux photographes femmes, « Elles x Paris Photo » (un ouvrage édité par Textuel retrace la présence de ces artistes depuis la création du parcours il y a cinq ans). À ne pas rater, non plus : la présentation d’une partie de l’extraordinaire collection de JP Morgan ainsi que celle des travaux du duo lauréat de BMW, Eva Nielsen et Marianne Derrien… Et bien sûr, pour éclairer encore davantage les chemins de la photographie, des conversations publiques entre professionnels et des rencontres avec les artistes. Sa directrice, Florence Bourgeois, précise les contours et détaille les contenus de cet événement phare.

Comment définiriez-vous la ligne de Paris Photo ?

Florence Bourgeois : La foire est une plateforme pour que le grand public et les professionnels puissent découvrir un panorama de la photographie le plus largement possible. C’est notre but : faire découvrir le plus et le mieux possible, tout en élargissant nos propositions, comme avec le secteur digital créé cette année, qui met en avant les œuvres d’artistes repoussant les frontières du médium.

Paris Photo est reconnue comme la première foire de photo internationale. Sur quels critères reposent cette affirmation ?
LARGE GLASS, Casemurate, 1986 © Guido Guidi,
LARGE GLASS, Casemurate, 1986 © Guido Guidi,

Florence Bourgeois : Par son ancienneté tout d’abord. Paris Photo a été créée il y a vingt-six ans. C’était la première foire photo regroupant galeries et éditeurs qui font partie intégrante de l’ADN de la foire. Ensuite, par sa taille car c’est la plus importante en nombre d’exposants. Il y en a 191 cette année. Depuis 2011 et notre passage au Grand Palais, nous avons également une programmation importante dédiée aux partenaires comme JP Morgan qui présente une partie de sa collection ou BMW qui expose le duo artiste-curateur d’Eva Nielsen et Marianne Derrien. Notre programmation est aussi riche de conversations, de talks autour du livre d’artiste… 
Enfin Paris Photo attire un nombre de visiteurs toujours croissant, 62000 en cinq jours l’an dernier.  

Paris- Photo attire chaque année des nouveaux publics mais est aussi un point de rencontre pour des « fidèles », c’est un rendez-vous incontournable.

Florence Bourgeois : Chaque année, on constate qu’il y a beaucoup de groupes de musées : cette année 157 musées viennent, dont les deux tiers de l’international, avec les trustees, les curateurs, les directeurs de département qui visitent aussi la foire pour acheter. Le Tate ou le Centre Pompidou viennent avec leur comité d’acquisition. Paris Photo est un rendez-vous où se retrouvent d’une année sur l’autre les professionnels du monde entier mais également les artistes, les amateurs, les collectionneurs bien sûr, heureux de se retrouver et contribuant à créer une effervescence particulière.

Quelles sont les conditions requises pour être sélectionné comme participant et pouvoir louer un stand ?
Lily, 1987, Tirage argentique, Image : 58,5 x 48 cm, Encadrement : 78 x 67 cm, Exemplaire N° 5, courtesy baudoin lebon © Robert Mapplethorpe
Lily, 1987, Tirage argentique, Image : 58,5 x 48 cm, Encadrement : 78 x 67 cm, Exemplaire N° 5, courtesy baudoin lebon © Robert Mapplethorpe

Florence Bourgeois : Tous les candidats doivent présenter un projet et une scénographie puis passent par les fourches caudines du comité de sélection qui se réunit fin avril. Nous recevons environ 300 propositions et nous ne pouvons en garder que la moitié. Nous sommes vigilants à ce que la photographie soit représentée le plus largement possible, depuis ses origines jusqu’à nos jours : nous veillons à la diversité géographique et historique, et à ce que, d’un stand à un autre, les propositions soient complémentaires.

Vous parlez de diversité géographique, c’est-à-dire ?

Florence Bourgeois : Nous recevons entre vingt-cinq et trente pays. Cette année nous avons voulu faire venir plus de projets d’Amérique du sud, galeries et éditeurs. Trois viennent d’Argentine, une du Chili, une du Mexique, une du Brésil. À cause de la pandémie, des coûts de transport, les pays asiatiques venaient moins mais pour cette édition plusieurs galeries japonaises seront à nouveau présentes. 

À quelles règles doit obéir la scénographie dans chaque projet ?

Florence Bourgeois : Nous avons une approche quasi-muséale, d’où notre très grande exigence pour l’accrochage. Celui-ci doit être clair et compréhensible, pas de stickers partout ni d’effet de « sur-accrochage ». 

À côté du secteur principal (les galeries, les éditeurs), vous avez aussi créé le département Curiosa, confié cette année à Anna Planas qui est la directrice artistique de la foire. Que représente Curiosa ?

Florence Bourgeois : C’est un secteur dédié à l’émergence créé il y a six ans car notre public, les collectionneurs et les professionnels ont le désir de découvrir cette scène émergente.  Et nous voulions donner un accès à des galeries plus jeunes qui n’ont pas toujours la possibilité de prendre un stand dans le secteur principal d’une surface minimale de vingt-cinq mètres carrés, ce qui représente un engagement financier important. Curiosa et sa scénographie particulière permettent aux galeries de bénéficier de toute la dynamique liée à la foire — communication, grand nombre de visiteurs — mais aussi de la curation d’un commissaire qui ajoute une visibilité additionnelle au secteur. Seize projets sont retenus : certaines parmi ces galeries sont déjà établies, telle In situ Fabienne Leclerc qui souhaitait montrer un projet spécifique avec Constance Nouvel, laquelle a d’ailleurs été choisie pour le prix de la maison Ruinart.

Anna Planas pour la direction artistique et Curiosa, Nina Roehrs pour le tout nouveau secteur digital, Fiona Rogers pour Elles x Paris Photo… les trois commissaires qui vous entourent sont des femmes, est-ce un hasard ou une volonté de votre part ?
Thora at my vanity, Brooklyn, NY 2021 © Nan Goldin, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco
Thora at my vanity, Brooklyn, NY 2021 © Nan Goldin, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Florence Bourgeois : Pour Elles x Paris Photo, notre volonté depuis cinq ans a toujours été d’avoir une femme pour diriger ce parcours… dédié aux femmes. Ça me paraît logique. Pour Curiosa et le secteur digital, ce qui nous intéresse, c’est l’expertise et non pas le fait que ce sont des femmes mais il se trouve que cette année, c’est vrai ce sont trois femmes qui assument cette responsabilité avec brio. 

À quoi servent les solo et duo shows ?

Florence Bourgeois : Les solos et duos permettent une plus grande lisibilité des projets artistiques. Mais c’est aussi une respiration dans la foire : les propositions sont très denses. Les temps de visite à Paris Photo sont longs, les visiteurs prennent leur temps. Avec un solo show ou un duo show, on entre plus profondément dans l’univers d’un artiste sur un espace dédié : on peut s’en imprégner davantage que dans un stand où il y a plusieurs propositions. C’est important. Il y a vingt solos show et neuf duo shows. Les shows se répondent, ont une résonance entre eux comme dans le cas de Ken Ohara et de Melissa Shook, qui ont chacun de leur côté, la même année, eu recours au journal intime d’auto portraits. 

En 2024 l’édition retourne au Grand Palais
Le camp Yantar, Crimée, Artek Tirage Lambda 26,5 x 40 cm © Claudine Doury, courtesy in camera galerie

Florence Bourgeois : Nous sommes passés de 16000 mètres carrés au Grand Palais en 2019, à 12000 au Grand Palais éphémère. L’an prochain, en revenant dans le Grand Palais historique, nous bénéficierons d’une superficie totale 21 000 mètres carrés, ce qui ouvre le champ des possibles. Nous pourrons ainsi dédier de l’espace à une collection muséale, réinitier des propositions que nous avions dû mettre de côté par manque de place, avoir des stands plus grands (pour l’instant de vingt-cinq à quatre-vingt mètres carrés) et développer d’autres axes de programmation. Nous réfléchissons également à inclure des projets autour de l’image et de son évolution, et de développer des axes éducatifs 

Vous attendez-vous comme à chaque fois à des records de vente ? Certains ont dépassé le million d’euros…

Florence Bourgeois : Nous verrons bien ! Certaines œuvres iconiques peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros (Richard AvedonHelmut Newton), mais ce que le public doit savoir c’est qu’on peut trouver une photographie à partir de 800€, toutes ne culminent pas à des sommets réservés aux grands collectionneurs. La gamme de prix est extrêmement large, nombres d’œuvres sont vendues dans une fourchette de 1000 à 5000€. Et bien sûr il y a les livres, que vous pouvez vous faire dédicacer par un artiste (plus de 300 signatures organisées sur la foire), dont le prix, est tout à fait abordable, à partir de 30€ !

Brigitte Hernandez

Paris Photo
Grand Palais Éphémère, Paris
Du 9 au 12 novembre 2023

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