Florent Héridel - MAIF Social Club © Louise Carrasco - MAIF Social Club

Florent Héridel, nouveau pépiniériste culturel du MAIF Social Club

Au MAIF Social Club, Florent Héridel, tout nouveau responsable de la programmation, présente sa première exposition, le chant des forêts.

Florent Héridel - MAIF Social Club © Louise Carrasco - MAIF Social Club

Après trois années passées à l’Institut Français de Hongrie, Florent Héridel rejoint l’équipe de ce lieu culturel inspirant et concept-store atypique, situé en plein cœur du Marais. Succédant à Chloé Tournier au poste de responsable de programmation, il présente sa toute première exposition, Le chant des forêts. Rencontre. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’intégrer le MAIF Social Club ? 

Florent Héridel : C’est un lieu que je connais depuis un moment. Régulièrement lors de mes escales parisiennes, je venais faire un tour, voir les expositions, découvrir la manière dont les questions sociétales étaient abordées. En poste à Budapest en tant qu’attaché culturel, j’étais particulièrement sensible à ce point de convergence entre arts visuels, arts vivants et débats d’idées. Cela nourrissait ma réflexion sur comment évoquer de manière pédagogique, ludique et habile les questions de vivre ensemble, d’inclusion des minorités – notamment LGBTQIA+ et d’immigration. Vous imaginez bien qu’en Hongrie, ce sont des sujets très sensibles. Le travail fourni par les équipes du MAIF Social Club a été et est toujours pour moi inspirant. Cela nourrit mon terreau réflectif. De plus, passer par l’art pour sensibiliser jeunes et moins jeunes est une démarche qui me parait passionnante et nécessaire. Tout cela, ainsi que les valeurs qu’incarnent le lieu, m’ont motivé pour tenter ma chance et postuler à la direction de la programmation artistique.  

Pour votre première exposition en tant que responsable de la programmation, vous avez choisi d’aborder la thématique des forêts. Pourquoi ? 
La Canopée d'Emilie Faif pour l'exposition "le chant des forets" au MAIF Social Club © Denis Meyer - MAIF

Florent Héridel : C’est un sujet tellement riche et passionnant, que cela m’est apparu comme une évidence, une nécessité. À travers les forêts, on peut évoquer la fragilité de notre écosystème, les feux qui ont ravagé, cet été, d’énormes zones forestières, le vivre ensemble, l’ethnologie, les personnes en situation d’exclusion qui y trouvent refuge, etc. Puis, pour les enfants, la forêt est aussi synonyme de magie, de contes, de lieux accueillants pour les uns, terrifiants pour les autres. On peut imaginer tellement de ramifications, de racines, de Rhizomes allant du rite initiatique, à la déforestation, à l’écologie, en passant par la lutte des peuples autochtones pour sauvegarder ce qui reste de la terre de leurs ancêtres. C’était tellement vaste et politique, au sens noble du terme, que j’ai voulu relever le défi. 

Comment s’est fait le choix des artistes ?

Florent Héridel : Depuis septembre 2021,nous avons travaillé en étroite collaboration avec Lauranne Germond, la commissaire de l’exposition. Dans un premier temps, nous avons cherché à définir les sujets que nous voulions aborder et comment nous souhaitions les traiter. Nous avons ensuite délimité les contours, trouver un chemin cohérent permettant d’articuler au mieux chaque thématique, les unes avec les autres. Tout cela a pris du temps. Du coup, les premiers noms ont émergé vers janvier 2022. Ensuite, comme tout était plutôt bien cadré, c’est allé assez vite. Le choix des œuvres, des artistes a été assez facile. L’important était de faire appel à des plasticiens à l’écoute de la nature, écoresponsable. Comme nous souhaitions réduire l’empreinte carbone de l’exposition au maximum, nous avons privilégié des artistes français, quand cela été possible, des œuvres qui n’étaient pas à l’autre bout du monde. 

Comment avez-vous rencontré Lauranne Germond ?
l'Orant #5 de Beya Gille Gacha pour l'exposition "le chant des forets" au MAIF Social Club © Denis Meyer - MAIF

Florent Héridel : Lauranne est la co-fondatrice de l’association COAL, un organisme qui promeut l’implication et le rôle des artistes dans l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie et de la nature. Chaque année, une remise de prix a lieu. Nous nous sommes rencontrés à cette occasion. Il y a deux ans, La Forêt était à l’honneur. Je trouvais logique, voire évident, de lui proposer de travailler avec moi à la préparation de l’exposition. C’est une première pour elle avec le MAIF Social Club. Elle a rapidement dit oui. Je n’ai pas eu besoin d’aller chercher plus loin. À partir de là, tout s’est fait très naturellement. On a été très vite sur la même longueur d’ondes, quant au sujet, à la manière de l’aborder et le choix des artistes.

Un grand nombre d’œuvres présentées sont des commandes. C’est assez rare ? 

Florent Héridel : Ce n’est pas la première fois que le MAIF social Club passe commande, mais jamais il ne l’avait fait de manière aussi large. Tout est né du désir d’éviter à tout prix de tomber dans le panneau de l’illustration, du beau pour le beau, de trahir le sujet, l’œuvre, l’artiste. Il était important pour Lauranne et moi que les œuvres aient une histoire, qu’elles soient le fruit d’une véritable proposition artistique. 

Que vont-elles devenir à la fin de l’exposition ?
Infographie sur le deforestation pour l'exposition "le chant des forets" au MAIF Social Club © Denis Meyer - MAIF

Florent Héridel : Certaines, comme la cabane, sont censées être éphémère et vont donc être démontée et disparaître. D’autres vont être confiées à des structures du champ social ou du champ éducatif avec lesquelles nous travaillons. Enfin, certaines, comme les tableaux de Romain Bernini, seront rendus à leur créateur. L’important est de conserver notre démarche écoresponsable et de ne pas dénaturer notre propos, ni d’aller à l’encontre de la démarche de l’artiste. 

C’est la première fois que vous avez décidé d’étendre la période d’exposition d’un semestre à quasiment un an. Pourquoi ce choix ? 

Florent Héridel : La raison est double. D’une part, parce que la forêt, c’est un sujet trop dense pour être traité de manière sommaire, parcellaire. Nous voulions prendre le temps de raconter une histoire, de la traiter sous différents angles. D’autre part, nous souhaitions aussi, comme je l’ai dit plus haut, avoir une démarche plus écoresponsable – les moquettes ont été par exemple récupérées au musée des archives, la plupart des matériaux utilisés sont recyclés ou recyclables. Il nous a semblé judicieux de tester un temps d’exposition plus long. Nous verrons bien si le public suit. 

Chaque exposition s’accompagne en parallèle d’une programmation en art vivant. Comment s’est fait le choix des spectacles et des artistes ? 
 Ła forêt de Białowieża de Thierry Cohen - © Thierry Cohen

Florent Héridel : C’est très simple. Nous avons appliqué la même méthode que pour le champ des arts visuels. Nous avons beaucoup discuté avec les équipes du lieu et jeté sur 4-5 pages les grandes lignes du projet, que nous avons nourri au fil de nos rencontres, des spectacles que nous avons vus. Nous avons étudié les projets, puis nous avons regardé comment ils s’imbriquaient dans notre canevas. Tout s’est fait encore une fois de façon assez naturelle. Au final, nous sommes fiers de cette programmation où on croise La Cie du Singe debout, Xavier Le Roy, Bruno Latour, les jeux d’ombre de Philippe Beau, etc.

Une partie de vos missions concerne la médiation…

Florent Héridel : C’est même un des axes majeurs de ce que nous proposons. Le MAIF Social Club a vraiment une dimension éducative. Nous avons imaginé un certain nombre d’actions, ateliers, spectacles, etc., à destination du jeune public et des tous petits. Par ce biais, nous tentons de raconter ce qui se passe dans le monde, de donner quelques clés pour voir autrement nos sociétés et être sensibilisés aux grands enjeux auxquels nous sommes confrontés. Pour ne parler que de l’exposition, nous l’avons conçu pour qu’elle ait plusieurs niveaux de compréhension, de lecture. Pour nous, ce qui était essentiel, c’est de permettre que tout le monde puisse apprécier l’exposition et en retenir quelque chose. Par exemple, nous avons pensé les cartels autrement avec une double entrée : un cartel axé sur l’art contemporain, un autre sur les questions scientifiques et sociétales. Par ailleurs, nous avons édité un livret jeux pour les enfants à partir de 4 ans et avons un audioguide avec la boîte histoire Lunii pour les plus jeunes. Nous organisons aussi des visites contées, dansée, gustative. L’objectif est toujours le même faire comprendre à travers une histoire, les enjeux évoqués par l’exposition.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

MAIF Social Club
37 rue de Turenne, Paris 3ème
Plus d’informations sur l’exposition ici.
Toute la programmation du lieu sur maifsocialclub.fr
Gratuit – Entrée libre

Crédit portrait © Louise Carasco – MAIF
Crédit

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