François Nadin © Fabrice Melquiot - cosmogama

François Nadin, un acteur ancré dans ses racines

De Sète à Montpellier, en itinérance, François Nadin donne corps aux mots de Fabrice Melquiot et esquisse un portrait de l'Italie mafieuse.

François Nadin © Fabrice Melquiot - cosmogama

Dans le cadre des spectacles en itinérance du Théâtre Molière de Sète et de la biennale des Arts de la scène en Méditerranée, François Nadin reprend La Truelle, solo écrit spécialement pour lui par Fabrice Melquiot. Plongeant dans les souvenirs d’enfant de l’auteur qui s’entremêlent habilement avec les siens propres, il esquisse le portrait d’une Italie où plane l’ombre de la Mafia. Rencontre. 

© Fabrice Melquiot – Cosmogama

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Un spectacle sur un aventurier suisse, John Sutter, qu’on nous avait emmené voir quand j’étais à l’école primaire. Parti en Amérique pour faire fortune, il découvrit de l’or. C’était, il me semble une adaptation du roman, L’Or, de Blaise Cendrars. 

La Truelle de Fabrice Melquiot © Martin Dutasta
© Martin Dutasta

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Depuis tout petit, je devais accompagner mes parents à l’église le dimanche matin. Pendant, longtemps, j’ai trouvé ça plutôt ennuyeux, jusqu’au jour où, vers dix ans, on m’a demandé de servir la messe, je suis devenu enfant de chœur, comme on dit. 
J’adorais faire partie de ce rituel, tourner les pages de la Bible pendant que le prêtre lisait la liturgie, faire sonner les petites clochettes au moment opportun, plus grand, j’ai même été autorisé à porter la croix.
La coulisse, la scène, les gestes répétés, les chants, devant ce public composé de fidèles. 

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ? 
Le besoin de trouver un endroit qui reste proche de l’enfance, d’aller à la rencontre des personnalités multiples qui me composent. Essayer de canaliser toute cette énergie et la transformer. 
Probablement aussi pour répondre à des pulsions exhibitionnistes.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Politish Korreckt, un spectacle sur Brecht convoqué devant le comité des activités anti américaines pour y être interrogé sur son appartenance au parti communiste. On interprétait les protagonistes de cet interrogatoire et ensuite, on jouait la décision, une pièce didactique où des agitateurs russes revenus de mission en Chine, racontent comment ils ont été amenés à tuer un de leur camarades. Une pièce qui m’a marqué. 

La truelle de Fabrice Melquiot © Martin Dutasta
© Martin Dutasta

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Ça peut aller des spectacles de Pommerat et de Mouawad, de leur maîtrise technique, jusqu’à la poésie d’un petit spectacle joué dans un coin de jardin avec rien. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Je pourrais citer plusieurs personnes…
Fabrice Melquiot m’a offert un magnifique cadeau pour un acteur, Un texte écrit, spécialement pour moi. Il m’a accordé sa confiance pour raconter une partie de ses souvenirs d’enfance et il a mêlé nos deux histoires. 
À chaque représentation, je prononce au micro le nom et le prénom de mon père et de ma mère. Ça les convoque. Et d’où ils sont, ils m’accompagnent dans la fiction. C’est émouvant. 
J’éprouve de la reconnaissance pour ça.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Il me tient attaché aux rêves. 
Il peut m’apporter de la confiance quand je doute, mais il me rappelle aussi à plus de modestie si je me montre trop présomptueux. 

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
La bêtise humaine, l’affreuse banalité du mal. C’est effrayant et fascinant.
La porosité de tout. 

La truelle de Fabrice Melquiot © Martin Dutasta
© Martin Dutasta

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
J’ai vraiment le sentiment d’être chez moi. 

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Ancré quelque part du côté du cœur, j’imagine.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Je suis ouvert à toutes les propositions.
Le prochain où la prochaine qui m’ouvrira sa porte. 

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Une comédie musicale qui reprendrait les décors et les costumes de Casanova de Fellini, un spectacle autour de ce tournage à Cinecitta. 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Le mystère d’un tableau de Francis Bacon 

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

La Truelle de Fabrice Melquiot
création le 16 novembre au Piano Tiroir – en partenariat avec le Théâtre Molière – Sète, scène nationale archipel de Thau

Tournée
9 novembre 2023 au Forum, Balaruc-le-Vieux 
10 novembre 2023 à La Passerelle, Sète
12 novembre 2023 à la Salle Jeanne Oullié, Mèze
13 novembre 2023 au Foyer des Campagnes, Poussan
14 novembre 2023 au Théâtre Le Périscope, Nîmes
22 novembre 2023 à La Bulle Bleue, dans le cadre de la Biennale des arts de la scène en Méditerranée en partenariat avec Le Théâtre des 13 vents – CDN de Montpellier
23 novembre 2023 au Théâtre Jacques cœur, Lattes
11 janvier 2024 au Théâtre des 3 Ponts, Castelnaudary
13 janvier 2024 à L’astrada, Marciac 
16 janvier 2024 aux Scènes du Jura, Lons-le-Saulnier
22 au 26 janvier 2024 au Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban
21 & 22 février au Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse)
24 au 27 Février au Théâtre du Crochetan, Monthey (Suisse)
12 au 14 mars au Théâtre du Briançonnais, Briançon

mise en scène de Fabrice Melquiot
Avec François Nadin
Collaboration artistique – Camille Dubois
Scénographie de Raymond Sarti
Création sonore – Martin Dutasta
Création lumière – Leslie Sévenier assistée de Laurie Milleron
Création costumes – Sabine Siegwalt
Construction décor – Emmanuelle Debeusscher
Régie lumière et plateau – Leslie Sévenier et Alexis Surjous
Régie son et plateau – Makhlouf Ouahrani et Félix Gensollen

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