Marcel Marceau 1971 © DR

La belle parole du Mime Marceau

A l'occasion du centenaire de la naissance du mime Marceau, les éditions Actes Sud sortent une biographie inédit de cet immense artiste.

Le 22 mars 2023, Marcel Marceau aurait eu cent ans. Pour les gamins nés dans les années 50 à 70, il est une figure légendaire que l’on pouvait voir à la télévision. C’était la fameuse époque de l’ORTF, quand la culture s’alliait intelligemment au divertissement. Nous tentions alors de reproduire la marche silencieuse, la fameuse marche contre le vent (qui inspira Michael Jackson), la fleur dont on arrache délicatement les pétales où que l’on offre en faisant battre son cœur…

On ne pouvait manquer les affiches, sur lesquels il apparaissait dans son personnage de Bip. Avec son drôle de chapeau haut-de-forme, son pantalon blanc, sa vareuse de marin et son maquillage diaphane, Marceau, c’était une silhouette et un visage. Qui ne se souvient pas de à sa prestation dans La dernière folie de Mel Brooks ? Dans ce film muet, il était le seul à parler. Se débattant contre le vent, il criait « non ! ». Une idée géniale de Mel Brooks.

« Tandis que je me transformais de rêve en songe, la guerre est arrivée avec son manteau… Il m’a fallu […] traverser un monde d’angoisse, sachant que reviendrait un jour le temps de l’espérance ».

À l’occasion de ce centenaire, ses filles Aurélia et Camille ont réouvert le manuscrit du père. Celui-ci était conservé précieusement dans une pochette grise, sur laquelle l’artiste avait inscrit : Histoire de ma vie, de la naissance en 1923 jusqu’à 1962. Avec les éditions Actes Sud, ce manuscrit inédit est devenu un ouvrage remarquable, illustré par de nombreuses photos.

Avec ce livre, nous parcourons la grande histoire. Celle des années d’avant-guerre, celle de la montée de l’antisémitisme et du nazisme, de la Seconde Guerre mondiale, de l’occupation, de la libération, de l’après-guerre et de Saint-Germain-des-Prés. Nous traversons également la « petite » histoire. Celle d’un juif d’Alsace qui donnera ses lettres de noblesse à l’art du mime et sera connu dans le monde entier. En lisant celui qui disait que « la parole n’est pas nécessaire pour exprimer ce qu’on a sur le cœur », on se rend compte qu’aujourd’hui encore, son récit a toute sa place dans la mémoire du monde.

« L’homme qui conduit son rêve est un être agissant ».

1923 à 1962, des années riches pour l’art théâtral qui ne cesse alors de se réinventer et de chercher des pistes nouvelles. Marceau est un enfant du Cartel*, du cinéma de Charlie Chaplin, de Buster Keaton. Il apprend son métier avec Étienne Decroux, qui a mis en place la « grammaire » de l’art du mime, Charles Dullin*, Jean-Louis Barrault*. On suit avec attention le parcours de ce jeune artiste dont le seul but était de se « consacrer à la résurrection de la pantomime, à recréer un public ». Marceau porte une réflexion passionnante sur l’art théâtral dans son ensemble. « Dans mes mimodrames et dans mes pantomimes au théâtre, je peux construire un monde tel que je voudrais qu’il soit, montrer la déchirure, le mal, en ne montrant pas l’abandon mais un cri d’espoir. Je crois à la rédemption humaine à travers le théâtre ». C’est passionnant.

Marie-Céline Nivière

Histoire de ma vie, de 1923 à 1962 de Marcel Marceau
éditions Acte Sud
264 pages
Format 19,60 x 25,50 cm
Prix indicatif 39,90 €.

*Nous vous invitons à vous rendre sur le site du Syndicat des Metteuses et Metteurs en scène, à la rubrique Le Grand Livre, où vous trouverez les biographies réalisées par mes soins.

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